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Philippe Yacine Demaison : « Le Coran propose plus de trois cents versets ayant un rapport direct avec la nature. »

Philippe Yacine Demaison fut président des Scouts Musulmans de France ainsi que de la Fédération du Scoutisme Français. Conférencier, il a collaboré à plusieurs ouvrages sur le soufisme et a dirigé chez Albin Michel la  parution de : «  l’Islam dans la Cité : dialogue avec les jeunes musulmans français ». Il est, par ailleurs, le fondateur des Assises de la Diversité et du Dialogue ( précédente édition , Amiens 2009).

Q. La crise écologique que nous traversons provoque de multiples prises de conscience dans la société civile : qu’en est-il dans le monde des religions ?

 Face à l’ampleur de la crise, et malgré le courage de certains, les réactions venant du monde des religions ne sont pas très énergiques — certainement pas à la hauteur du préjudice subi par la nature. La création n’est-elle pas l’œuvre d’Allah, quel que soit le nom qu’on Lui donne ? La dégradation alarmante de la biosphère ne réclame-t-elle pas autre chose que des paroles ?

Je suis certains que les futures générations jugeront timoré le comportement de la plupart des institutions religieuses : si nous voulons êtres cohérents avec les valeurs véhiculées par la Religion (Dîn al fitra), il est logique et prioritaire de veiller à la préservation du Vivant (al-Hayy). Nous adorons un Dieu que nous ne voyons pas, mais Sa création, source de vie, nous la détruisons sans vergogne. C’est une attitude à la fois ignorante, irrespectueuse et dangereuse. Aujourd’hui comme hier, les responsables religieux semblent bien plus se préoccuper de questions de dogme que de remettre en question notre modèle économique insensé et les destructions massives qu’il engendre. En ont-ils l’audace et la liberté ? Trop de compromissions avec le pouvoir politique et économique semblent les empêcher d’êtres en phase avec les besoins et les urgences de notre époque.

L’être adamique fut appelé Homme (Insân) mais aussi représentant de Dieu (Khalîfat[1]) : il lui a été confié la sauvegarde divine du monde[2].  Qu’est-il devenu ? Le despote de la création : « Maître et  possesseur de la nature » selon la terrible affirmation de  Descartes. Entre ses mains, la terre sacrée qu’il travestit en grande prostituée[3] monnaye ce qu’elle possède au plus offrant.

Q. Mais les changements en cours ne pourraient-ils pas être pour les religions aussi une opportunité ?

Certes, la crise écologique et sociale que nous traversons met au défi la conscience religieuse : la place des religions n’est-elle pas en tête de pont sur le front de la sauvegarde de la planète ? En effet, pour toutes traditions spirituelles la sacralité de la vie s’affirme à chaque instant dans et par l’existence d’un lien continu et sans cesse renouvelée entre l’Energie créatrice et l’univers. Si nous le percevons mieux dans les traditions restées proches de la nature qu’au sein des monothéismes moyen-orientaux, cela n’est en rien dû à une carence de leurs principes fondamentaux mais plus à une absence et un oubli de leur affirmation.

De façon générale, les religieux, en entretenant divisions et polémiques entre et au sein même des religions, ont considérablement affaibli la portée de leur message. En s’appropriant telle ou telle révélation, en transformant des chemins universels en doctrines sectaires qui conduiraient seules au salut ou à la vérité, ils ont élevé des murs là où n’existe que le vaste espace de l’Unité primordiale.

Q. Si nous prenons l’exemple de la religion musulmane que vous connaissez bien, quelle est précisément sa philosophie sur le thème de l’écologie et de la nature ?

 

La période que nous traversons renferme de nombreuses confusions. Le bruit des bombes et des abus commis au nom de la religion musulmane ne cesse d’oblitérer ses paroles de sagesse[4]. Cela est regrettable car elle développe une vision holistique de la création où toute vie est en lien avec la Vie. Du point de vue de la spiritualité musulmane (tasawwuf), l’homme, la terre et l’univers sont une seule et même expression : celle d’une Volonté créatrice qui s’est manifestée afin d’être reconnue et aimée : « J’étais un trésor caché et J’ai voulu me faire connaître : J’ai créé les Mondes ». Parole divine que commente ainsi l’un des grands maîtres spirituels de l’islam : « Le mouvement du monde est né de l’amour de la perfection[5]. »

Invoquer le Dieu Un, c’est donc ressentir l’énergie vibrante au cœur de chaque existence. Si les atomes de la terre et  ceux de notre corps sont de la poussière d’étoile, chacun de nous est aussi un rayon de lumière du soleil « divin ». C’est pour cela qu’Allah se nomme dans le Coran, l’Intérieur (al-Bâtin) et l’Extérieur (al-Zâhir) et qu’Il affirme être plus près de nous que notre veine jugulaire[6]. En réalité, l’univers est le corps de l’Esprit Créateur. Nous sommes une cellule de ce corps. À la suite de cette prise de conscience, le croyant ne peut qu’établir une relation de respect exemplaire envers la nature. Car aller à l’encontre de la volonté créatrice exprimée dans et par l’harmonie de la chaîne écologique, c’est s’opposer à l’ordre divin lui-même. 

Un verset majeur du Coran nous rappelle à Sa présence :

< L’Orient et l’Occident appartiennent à Dieu. Quel que soit le côté vers lequel vous vous tournez, la face de Dieu est là. — Dieu est présent partout et il sait ! —>

(Coran, 2 : 115)

 Il resitue le regard de l’homme dans la verticalité et l’invite à ne pas se laisser abuser par les apparences. Si tout Lui appartient alors la « famille de Dieu » selon l’expression d’ Ibn Arabî s’étend à tous les êtres. Ainsi le prophète Muhammad défendait de maltraiter les bêtes, de les mutiler, ou de les tuer sans nécessité. Rifâ’î ne bougeait pas pour ne pas priver une sauterelle de l’ombre qu’elle avait trouvée auprès de lui[7]. On cite souvent l’exemple fameux du Cheikh Tierno Bokar de Bandiagara qui arrêta son enseignement pour soigner un oisillon tombé du nid alors que son auditoire captivé par ses paroles n’y prêtait nulle  attention : « Donner moi ce fils d’autrui », leur dit-il.

Le prenant au creux de ses mains, son regard s’éclaira : « Louange à Dieu dont la grâce prévenante embrasse tout les êtres ! » puis il recousit délicatement le nid et le réinstalla sous la charpente de la case. N’a-t-on pas entendu Sidna Îssa (Jésus) — le Sceau de la sainteté universelle — dire qu’il était préférable de renoncer au sabbat pour sauver une brebis ? Tout souffle de vie n’est-il pas l’expression du grand souffle du Vivant ?

Q. A vous entendre, cela fait de chaque musulman un écologiste en puissance, mais au regard du rapport des pays musulmans à l’écologie on peut tout de même être perplexe !

Effectivement on peut l’être, en particulier pour les pays du golfe : que de constructions orgueilleusement pharaoniques y voit-on ! Sont-elles compatibles avec la voie de mesure et d’équilibre propre à l’islam ? Quelle conscience écologique et sacrée peut-on revendiquer lorsque l’on déverse sans réfléchir — et donc sans en mesurer les conséquences — des millions de tonnes de pétrole dans le monde ? Mais il est plus facile de faire des sermons moralistes à autrui que de résister pour soi même à la puissance de l’argent[8]. Tout cela s’accorde avec l’hypocrisie de ce temps et le sectarisme wahhabite au rôle prépondérant dans le désordre actuel de l’islam.

En ce qui concerne les autres pays, il est vrai que la modernité engendrée par la colonisation les a projetés dans un modèle de société qui n’était pas le leur. On peut cependant noter, dans ces pays souvent très mal gérés, longtemps manipulés par l’Occident, un certain progrès. Mais il n’en fut pas toujours ainsi durant l’histoire de la civilisation musulmane : rappelons-nous l’exemple d’Al-Andalus (711-1492) ; et l’admirable science de la terre qui s’y déploya ; l’équilibre et la beauté de ses jardins luxuriants aux fontaines ornées de plantes et de fleurs, ses bassins ombragés d’arbres magnifiques, l’harmonie de sa somptueuse et délicate architecture… : 

« Ô habitants d’Al-Andalus, quel bonheur pour vous d’avoir des eaux, ombrages, fleuves et arbres !

Le Jardin de la Félicité n’est pas ailleurs qu’en votre pays, et, s’il m’était possible de choisir, c’est ce dernier que je choisirais[9]. »

Q. Mais le texte lui-même, le Coran, fait-il référence à la nature ?

Il y a de nombreuses occurrences sur ce sujet. Le Coran propose plus de trois cents versets ayant un rapport direct avec ce thème.

À lire le texte sacré on ne peut qu’être surpris de découvrir des sourates qui portent des noms se rapportant au règne minéral, végétal et animal. Allah lui-même s’exprime à travers eux :

 >

 (Coran, 95 : 1-4)

 

N’est-ce pas extraordinaire ! Allah se réfère à une montagne et des arbres pour affirmer l’excellence de l’être humain. Nous sommes loin des clichés qui caricaturent l’islam. Il est important de ressentir ce qu’il y a de primordial et de subtil dans cette interpellation. Par ailleurs, il existe des versets ayant un rapport précis avec l’origine de la vie et le rôle de l’eau si crucial aujourd’hui :

< (…) et nous avons créé, à partir de l’eau, toute chose vivante. Ne croient-ils pas ?>

 (Coran, 21:30)

Ainsi qu’avec le développement de l’existence :

 (Coran, 71 : 13-14)

 

Ces deux versets impliquent un rapport étroit avec la théorie scientifique de l’évolution. En islam, le parcours de l’homme s’inscrit en lien avec celui de la nature. Un célèbre hadith l’exprime on ne peut plus clairement : « Vous êtes d’Adam et Adam est de terre ». Dès la seconde sourate du Coran, le divin exhorte l’homme ainsi :

< (…) Mangez et buvez des biens que Dieu vous a accordés  ; n’usez pas de violence sur la Terre, en la corrompant >

 (Coran, 2 : 60)

 C’est une véritable éthique de vie qui se dégage de ces paroles. L’homme est invité à pleinement jouir de la générosité divine et, dans un même temps, il est sommé de ne pas abuser du pouvoir de jouissance qui lui est accordé : sa limite est de veiller à demeurer fidèle à la voie du juste milieu que préconise l’islam. Cela signifie explicitement de respecter l’ordre, l’équilibre et l’harmonie de la création. La dignité de l’homme lui est conférée par son rôle de berger et non par celui d’un carnassier féroce à l’avidité insatiable. « Celui que Dieu aime le plus est celui qui prend soin de Sa création. », cette parole du prophète Mohammed devrait, par exemple, s’inscrire dans une charte de la consommation pour l’ensemble des pays musulmans. 

 

 Une autre occurrence coranique nous propose une vision holistique de la vie :

< Il n’y a pas de bêtes sur terre ; il n’y a pas d’oiseaux volant de ses ailes qui ne forment, comme vous, des communautés — Nous n’avons rien négligé dans le Livre — Ils seront ensuite rassemblés vers leur Seigneur.>

 (Coran, 6 : 38)

Si la présence du Vivant (Hayy) est en toute chose, alors rien n’est négligeable. L’homme comme le reste des animaux vit en société ; en le situant sur le même plan, ce verset invite l’être humain à réfléchir à la contexture du Vivant : par certains aspects l’homme diffère du reste de la création, cependant il s’insère dans un même schéma d’organisation. Cela doit l’inciter à prendre conscience de l’interdépendance de cet agencement ; à le comprendre, à le respecter, voire à s’en inspirer.

La seconde partie rappelle que rien dans la création n’est oublié : des galaxies lointaines aux colonies microbiennes, tout est soigneusement ordonné et mesuré. A l’évidence, si rien ne fut « négligé » par le divin dans le grand livre de la création alors rien n’est négligeable pour l’homme ! Ainsi, chaque créature (animal, homme, ect.) devient le signe (sha’â’ir) de Dieu ; elle ne peut être méprisée ou maltraitée. Telle est la vision des « gens du cœur » (ahl al-qulûb) qui en cette occasion se conforment à la prescription coranique affirmant que le respect de quiconque pour les signes de Dieu témoignent de la crainte des cœurs[10]. Si, in fine, la diversité de la manifestation rejoint l’Unité originelle, qu’en est-il du mépris ou de la négligence envers tel ou tel aspect de sa création ? : 

<(…) Toutes choses ne s’acheminent-elles pas vers Dieu ?>

 (Coran, 42 : 43)

Q. Vous parliez de la place de l’homme dans la nature : dans les religions, de façon générale, nous avons l’impression d’une sorte de supériorité de ce dernier sur le reste de la création : qu’en est-il en islam ?

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Il faut apporter une certaine mesure à cela. La supériorité de l’homme vient de l’esprit (rûh) qu’il a reçu  ; de par son corps et de par la nature des liens de son âme avec ce dernier, il s’apparente davantage au monde animal.

 Cependant on ne peut nier qu’en donnant à l’homme une puissance manifestement supérieure au reste de la création, en particulier par son intelligence, le divin a fait de lui un être d’exception. Mais il n’est pas pour autant le propriétaire de la terre ! Juste l’intendant. À ce titre, il a des comptes à rendre et sa relation au monde doit être basée sur le respect, l’humilité et la fraternité. Un respect mêlé de reconnaissance, puisque Allah a mis à sa disposition les trésors de la création : un verset de la sourate de la Miséricorde (Ar-Rahmân) — Quel est donc, celui des bienfaits de votre Seigneur que, tous deux, vous nierez ? — le lui rappelle, tout au long du texte, avec insistance :

< Quant à la terre, Il l’a étendue pour les êtres vivants : il s’y trouve des fruits, et aussi des palmiers aux fruits recouverts d’enveloppes ; tout comme les grains dans leurs épis et la plante aromatique. Quel est donc, celui des bienfaits de votre Seigneur que, tous deux, vous nierez ? >

 (Coran, 55 : 10-13)

D’ailleurs, comment en tant que croyant (mu’min) ne pas respecter l’intégralité de la nature alors qu’elle ne cesse d’adresser des louanges au Seigneur :

< Les sept cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve célèbrent ses louanges ; — il n’y a rien qui ne célèbre ses louanges— mais vous ne comprenez pas leurs louanges. Dieu est plein de mansuétude et il pardonne.>

(Coran, 17 : 44)

C’est une des raisons pour lesquelles, à de multiples occasions, le coran interpelle l’homme : il interroge l’orgueil que lui confère sa puissance afin de l’inciter à revenir à une nécessaire humilité qui est en réalité sa sauvegarde  :

< Avez-vous considéré l’eau que vous buvez ? Est-ce vous qui l’avez fait descendre des nuages ? Ou bien sommes-nous ceux qui la faisons descendre ? Si nous le voulions, nous la rendrions saumâtre. — Si seulement vous étiez reconnaissant ! — Avez-vous considéré le feu que vous obtenez par frottement ? Est-ce vous qui en faîtes croître le bois ? Ou bien en sommes-nous les producteurs ?>

(Coran, 56 : 68-72)

 Les inconséquences de l’homme face au Vivant ont pour effet de rompre l’homogénéité et l’harmonie de la vie ; de provoquer des réactions de la nature à la mesure de ses manquements. La pédagogie divine transmet donc les moyens de rétablir l’ordre perturbé :

 (Coran, 71 : 10-12)

 

Ce verset nous montre l’interdépendance active du Ciel et de la Terre selon l’expression taoïste, et l’action concrète de l’Esprit sur la matière. C’est pour cela que le Coran invite l’homme à revenir à la Source afin d’atténuer les conséquences de ses erreurs et renouveler le lien d’amour et de miséricorde (rahma) qui unit le Ciel et la Terre. C’est pour cette raison qu’existent encore dans la plupart des villes en terre d’islam des musalla (lieux de prières) où les gens se rassemblent pour offrir des prières spéciales afin qu’il pleuve ou pour empêcher des calamités.

 

Q. Mais au delà de ce rapport entre l’homme, la nature et le divin, le Coran et la tradition prophétique proposent-ils une éducation ou une thérapie par la nature ?

De par l’interdépendance et l’Unité du Vivant (wahdat al-wujûd), l’islam affirme que l’homme est dans la nature mais que la nature est aussi dans l’homme. Cette vérité essentielle, expression de la sagesse primordiale ( Dîn al Fitra ), nous l’avons oubliée. La nature, son ordre, sa cohérence, nous-mêmes, sommes le fruit d’une longue évolution. L’empreinte des trois règnes : minéral, végétal, animal est présente et toujours active en nous — elle est la matrice terrestre originelle à laquelle nous sommes liés. Il existe donc à la fois une thérapie physique mais aussi de l’âme car la présence subtile de ces éléments est active au sein même de notre personnalité. L’expérience quotidienne de la dimension animale en nous et dans nos relations avec autrui est bien suffisante pour nous rendre à cette évidence.

Leurs influences jouent pour beaucoup dans la qualité et la noblesse de notre équilibre intérieur mais aussi dans sa perturbation. La véritable priorité est donc d’équilibrer, d’harmoniser les champs énergétiques de notre constitution intérieure (latâ’if) afin que nous soyons en capacité de nous relier à nouveau avec lucidité et bienveillance au monde qui nous entoure. De ce point de vue, on pourrait relire l’intégralité des rites, en particulier celui de la prière, sous ce seul angle. Et il est riche d’enseignement.

Quelques mots en conclusion de notre entretien ?

Nous vivons au cœur d’un paradis, d’une beauté à nulle autre pareille — qui songerait à le nier ? Le désastre écologique actuel signe le naufrage de l’homme dans sa relation avec la vie : une coupure avec l’origine et le mouvement d’amour de la création. La nature, la première, ne cesse de s’en plaindre. Et nous devrions y être attentifs, un hadith célèbre affirme qu’il n’y a pas de « voile » entre la plainte de la victime et Allah. Mais en dépit de tout cela :

< Vos cœurs, ensuite, se sont endurcis. Ils sont semblables à un rocher, ou plus durs encore. Car il en est, parmi les rochers, d’où jaillissent des ruisseaux ; il en est qui se fendent, et l’eau en sort ; il en est d’autres qui s’écroulent par crainte de Dieu. — Dieu n’est pas inattentif à ce que vous faites —>

 (Coran, 2 : 74)

Agir pour le bien de la nature, ne pas reproduire des comportements nuisibles, présuppose que nous rencontrions et travaillions notre terre intérieure. Tel est le sens de la grande guerre sainte (aljihâd al-akbar) auquel nous invite le Prophète. Que par le biais d’une éducation spirituelle tout autant qu’humaine nous redonnions à notre cœur sa sensibilité naturelle : là où s’orchestrent les métamorphoses du Vivant et la musique secrète de la vie.

Ce que nous venons d’exprimer en prenant appui sur le corpus de l’islam peut être transcrit dans un langage universel. Car les différentes religions n’ont qu’un but, éveiller la conscience de l’homme ! Le conduire par étapes à un degré de maturité intérieure qui anoblisse son comportement, jusqu’à ce qu’il devienne capable de préserver l’équilibre de la vie, d’élever au lieu de rabaisser, semer l’espérance là où règne la désolation.

Un homme agissant pour le bien au lieu de se plaindre ; il incarne ainsi pleinement son rôle de  (Khalîf) en devenant le porte-parole du Vivant (al-Hayy), quelles que soient sa langue et la couleur de sa peau. Il est le témoin du Vrai (al-Haqq) : une source de sagesse et de miséricorde (mâ’ al-rahma) à laquelle toutes les âmes peuvent s’abreuver. Tel est le sens de l’aventure spirituelle de l’humanité : vivre l’Unité dans un élan de vie sans cesse renouvelé :

 

 Un seul je cherche. Un seul je sais.

 Un seul je vois. Un seul j’appelle.

 Il est le Premier ( al-Awâl) et le Dernier (al-Aakrîr) ;

 le Manifeste (al-Zâhir) et le Caché (al-Bâtin).

 Je ne vois nul autre que Lui… O Lui[11] ! >

Propos recueilli par F. Morier dans le cadre d’un entretien donné à la revue Source.



[1] Coran, sourate 2, verset 30.

[2] Cf. Ibn Arabî, La Sagesse des Prophètes, Fuçuç al-Hikam, Albin-Michel, Paris, 1955.

[3] Cf. L’apocalypse de Jean, 17 ; 1-5.

[4] Cf. Ph.Y.Demaison ,Déminer l’Islam, revue Source n° 6.

[5] Muhyî l-Dîn Ibn Arabî (m.1240) a écrit une œuvre majeure du corpus soufi.

[6]  Cf. Coran, 50 : 17.

[7]  Cf. Sha’rânî, t.1, p.121.

[8] « Le Moyen-Orient, nouveau pôle chimique mondial  » titre le journal le Monde en page économique le 17 septembre 2010.

[9] Ibn Khafâja, Dîwân, éd. Bûlâq, p.72.

[10] Coran, 22:32. Cf. Émir Abd al-Qâdir, Le Livre des Haltes, Kitâb al-Mawâqif, Dervy, Paris, 2008.

[11] Jalâl al-Dîn-Rûmî

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