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Nous, face à la Syrie, victimes du dogmatisme !

Nous, les êtres blessés par les violences que vivent les Syriens, nous sommes victimes de la puissance dévastatrice de l’arme médiatique et de sa manipulation discursive. Nous sommes, sans lucidité, victimes du soutien inconditionnel, porter à l’égard de pays musulmans ou institutions islamiques, que nous soutenions, par ailleurs, pour un engagement, une résistance ou une politique.

Cependant, le pouvoir syrien, vassal et ennemi utile des Etats-Unis et d’Israël, qui craignent la voix de la colère des peuples humiliés, en vue de maintenir une paix contrôlée, passe alors pour la victime. Mais, y a-t-il encore une victime et un coupable, quand une décision dépend des émotions des masses ou des échéances électorales ?

Oui, nous sommes victimes, quand l’histoire n’a pas éveillé en nous la vigilance, et que les épisodes de l’Algérie et de sa tragédie, de l’Irak, de l’Afghanistan, et de la Lybie, qui sont un échec totale, et que la Tunisie et l’Egypte, qui ne sont pas une réussite, ne nous servent pas de leçons. Le « printemps » orchestré à Washington, Paris, Londres et Tel-Aviv, ne pourra être qu’un enfer déchainé contre celui qui l’aura monté. N’oublions pas aussi, le silence face au Bahreïn et au Yémen, surtout quand les enjeux géostratégiques et les intérêts économiques et financiers ont la primauté sur la dignité des peuples.

Nous sommes victimes de l’aspiration au pouvoir par le soutien d’un contre pouvoir. En effet, ce n’est pas le pouvoir du contre pouvoir que nous espérons, mais bien que la voix de ce dernier puisse être audible. S’impose alors la vigilance face à la réalité de l’égo humain, à sa cupidité, et à son instinct de tromperie ; que seul un artisan de la réforme pourrait dépasser. Nos capacités éthiques et spirituelles de dépassement, en aspirant à l’indispensable maîtrise de notre personne, tant dans le pouvoir, que dans le contre pouvoir, nécessitent une lumière à horizon moral, une « divine conscience de soi ».

Souvent le contre pouvoir d’une idéologie produit et exploite la terreur, face à ce qu’il est censé réformer. De façon évidente, tant la manipulation que la moralité sélective caractérisent les pseudo-démocraties, qui n’ont pour souci, que la protection de leurs intérêts mesquins. L’OTAN, escadron de la mort, prêtant vouloir défendre les opprimés, ce qui ne l’empêche pas de laisser faire l’entreprise génocidaire face aux musulmans en Birmanie, bénit par le silence complice du Dalaï Lama, entreprit sous le regard démissionnaire de l’opposante, prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi. Les pétromonarchies, pantins des puissances manipulatrices, s’agitent pour asseoir leur idéologie en laissant croire à une guerre fratricide.

L’« Occident » ne fait qu’appauvrir le Sud, en exploitant ses biens par des idéaux de paix et de valeurs civilisatrices paternalistes. Enfin, les pays aux idéaux islamiques, instrumentalisés, ceux-ci tentent d’établir une structure de dépendance idéologique, et ne produisent que de l’angoisse et de la tyrannie. Ainsi donc, l’épouvante réalité des soulèvements impose la vigilance. Dans quel intérêt soutenons-nous la revendication d’un peuple à disposer de lui-même, tel le peuple tunisien et égyptien ? Quelle logique sous-tend les Etats qui encouragent les dictatures comme la Syrie et les pétromonarchies ?

Des humains souffrent sous un pouvoir, qui tue en silence, et qui n’est plus capable de sauvegarder la sécurité de ses citoyens. Une criminalité héréditaire, de père en fils, semble rappeler les évènements des années 1980, et révèle un traumatisme, dont nous ne pouvons en déceler l’ampleur que par l’éveil du contre pouvoir des insurgés. Les nouvelles ne s’acheminent vers nous que par la logique de l’hypermédiatisation de la violence, une
propagande véhiculée, sous couvert d’analyse de la part de médias mensonges, France 2, BBC, CNN, Al Jazzera, ou encore la presse collabo.

L’heure est à la décharge émotive, aux propos démesurés, et à l’idéologie. C’est, sans aucune nuance, ni vigilance, que nous nous faisons manipulés, tant face aux dires des victimes, qu’à l’attitude stratégique de politiciens calculateurs, qu’aux positions d’intellectuels et savants religieux. Ceux qui cautionnent l’agression de la Syrie, sont à l’encontre des préceptes de l’islam qui refuse de voir le sang d’un humain couler.

Les ulémas et intellectuels musulmans qui font de la géopolitique, comme s’ils émettaient un avis juridique circonstancié, fatwa autour d’une question de droit musulman, fiqh, opèrent, de par leur soutien ou non au régime, dans le bain de la criminalité. Les uns pensent sauvegarder la dignité d’un peuple en dénonçant son dictateur, les autres pensent sauvegarder l’avenir de la résistance palestinienne et libanaise qui risque, à leurs yeux, de se retrouver sans soutien, si le gouvernement syrien venait à tomber.

Les agendas respectifs restreignent le débat à un conflit alaouite-chiite/jihadiste-sunnite. Les dirigeants indignes du monde musulman, ont comme valets, des intellocrates et ulémas collabos, qui sèment le danger de mort spirituelle, par une entreprise d’hypnose collective, destinée à terroriser les générations suivantes, et à les induire en erreur, au profit exclusif d’une minorité déterminée à abuser de la bonté du faible.

Depuis la perversion du pouvoir dans le monde musulman, introduite par l’oligarchie Omeyyade, au 7ème siècle, en Syrie même, jusqu’aux théologiens de la domination, qui aujourd’hui, condamnent le citoyen qui s’indigne du despotisme, et collaborent avec l’ennemi contre l’adversaire, au nom d’une pseudo-utilité, nous constatons la déchéance du dogmatisme religieux, de par son alliance avec le pouvoir, et la justification idéologique qu’il lui offre.

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L’Organisation de la Conférence Islamique a suspendu la Syrie en vue d’isoler son régime, comme si celui des autres membres était à envier. OEuvre-t-elle avec autant de ferveur pour libérer la Palestine du joug du procureur du terrorisme international, Israël, ou encore pour unifier le peuple en Somalie ? Ces ulémas et analystes musulmans sont devenus l’écho de la pensée unique, pour la justification morale auprès des populations naïves, fascinées par ces pantins médiatiques.

Devons-nous soutenir une approche répressive, ou une sanction en conséquence de l’atrocité ? Faut-il réagir au sentiment d’impunit
é de l’armée syrienne ? Qui parle des structures d’encadrement des démunis, et des réfugiés ? Comment diagnostiquer et stopper alors cette réelle entreprise génocidaire ? Comment évaluer les attitudes incohérentes des Etats, des ulémas, des intellectuels, et des instances étrangères ?
Au départ de notre pays, d’un Etat de droit, il nous est possible, en interpellant les institutions dites démocratiques, d’assumer notre responsabilité collective, de revendiquer le droit d’une justice impartiale, exprimée par une indignation, en vue de permettre au peuple Syrien de déterminer de lui-même.

Le débat, le respect, et l’humanisme peuvent l’emporter sur la vengeance, et le devoir de la réconciliation, est une aspiration à la justice. Le traumatisme suscité par la violence reste profond. La Syrie est un arbre hideux qui cache une forêt affreuse. Cela démontre que le débat intracommunautaire, le vivre ensemble, et la dignité d’autrui, dans le monde musulman, doivent nous amener à tenter de sortir du malaise, de par un travail profond sur nos conceptions, nos dogmes, et sur la notion de la justice.

Toute mobilisation et critique devra s’opérée dans la vigilance, de manière non négociable. La réalité c’est que la Syrie est manipulée, et révèle le syndrome de la naïveté. Ayons la conscience éveillée de l’opprimé face à ces dérives. Que ce soit le silence de l’Iran, et sa manière répressive de gérer l’opposition à son régime sur son territoire, ou les gesticulations idéologiques de la ploutocratie du Qatar, en passant par les agitations perverses, ultra libérales et nationalistes de la Turquie, ou les précautions oratrices frileuses d’organismes dit religieux musulmans, tel Hezbollah, ou encore l’idéologie utilitariste hégémonique de pétromonarchies, comme l’Arabie Saoudite, ainsi que de tous les Etats qui forment et financent la guérilla dite islamique ; nous, victimes de notre naïveté, ce ne sera que la conscience et la foi éveillée qui resteront notre souffle d’espérance.

Le Mouvement de Non violence Syrien avait appelé l’an dernier, tous les citoyens du monde, ayant une conscience éveillée de l’opprimé à se recueillir. Aujourd’hui, plus que jamais, dans nos temples, nos synagogues, nos églises et nos mosquées, il est nécessaire de méditer cette réalité et d’avoir une pensée, tant pour les martyrs tombés sous le joug de la répression du régime, que pour les victimes des mercenaires venants des pays cupides dits islamiques. Le mouvement d’opposition au régime est bel et bien là, mais sans naïveté aucune, un mélange étrange d’intérêts camouffle son élan.

Il nous faut dénoncer les pays musulmans à politique utilitariste, mais aussi nos gouvernements européens qui soutiennent la tyrannie de ces pays. Nous disons non à toute forme d’isolement du pays car c’est le peuple qui en subira, seul, les conséquences néfastes, mais nous refusons catégoriquement toute option militaire. L’appel de certains à l’intervention d’une force d’interposition internationale, de l’OTAN, sous prétexte d’éviter une guerre civile, montre combien ils ont la mémoire courte. Ont-ils oublié la Lybie, ou veulent-ils une « démocratie » sous contrôle ?

L’OTAN, cette guérilla, n’aspire qu’à établir une démocratie non transparente, à la manière de l’Irak, et de l’Afghanistan, déchirés par les conflits fratricides que ces pays ne connaissaient pas auparavant. La Syrie est un pays stratégique, et toute intervention étrangère ne pourra que fragiliser d’autres pays dans la région tel l’Iran, ou encore la Turquie avec la question Kurde. Le refus d’intervenir de la part de la Chine ou de la Russie, (intervention qu’il faut refuser catégoriquement), est encore un calcul sur la base d’intérêt financier et stratégique. Que ces Etats soient au moins respectueux de la dignité du peuple en Birmanie et en Tchétchénie, avant de se soucier de la Syrie.

Notre souhait de voir triompher la liberté ne doit pas nous aveugler, nous évitant ainsi une prudence et une vigilance face à ce qui se prépare pour l’avenir. Par la même occasion, nous devons exprimer notre solidarité avec le peuple syrien, et refuser une passivité complice qui exonèrerait le pouvoir de sa responsabilité de la mort de milliers de civils, surtout lorsque le dictateur promet un dialogue national, sur la base de réunions consultatives, et qu’il n’hésite pas à matraquer des milliers de réfugiés qui fuient la mort.

Notre sentiment de fureur déborde d’espérance, en méditant sur les constants massacres coûtant la vie à des milliers d’humains, comme conséquence des dérives de l’hégémonie « occidentale ». Nous espérons que l’homme puisse reprendre son destin en mains, en tant qu’acteur, pour contrecarrer, tant les politiques que les théologies de la domination. Assumer nos défaites et nos espérances, c’est le signe d’une responsabilité, réalisée par la « conscience divine de soi », qui nous invite à exalter la vertu de l’héroïsme et du martyr. Dé-fatalisons notre histoire en opérant la métamorphose d’une vie nouvelle, afin de surmonter le chaos.

Si nous ne pouvons proclamer le bien, nous pouvons, au moins, prendre parti pour le moindre mal. Il est nécessaire de réconcilier l’histoire que nous faisons avec la transcendance à laquelle nous aspirons, car quand l’émergence du renouveau et la rupture avec le passé sont les ingrédients de la réforme, alors la révolution devient possible. « Nous proclamons avec Maitre Roger Garaudy, paix sur son âme, que « la révolution a plus besoin de transcendance que de déterminisme ». C’est pourquoi, nous appelons, non pas à une voie militante de pieuse évasion, mais à une conscience, qui nous permettrait de dire avec Maître Sadek Charaf, sainteté sur son âme, que « la foi est un horizon d’où peut jaillir une aube nouvelle ».

 

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