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Merci pour ce mandat François Hollande

De la capitulation en rase campagne du foudre de guerre de Syrie à la capilotade du socialo-motoriste face au monde de la finance

«Notre ennemi, c’est le monde de la finance» : un slogan trompeur

François Hollande, candidat socialiste aux élections présidentielles françaises de 2012, avait désigné à la vindicte publique le monde de la finance.
Mais à l’épreuve des faits, ce slogan s’est révélé trompeur, tout comme celui de son prédécesseur Nicolas Sarkozy : «Travailler plus pour gagner plus».
«Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. Désormais, il est possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes d’argent vertigineuses, de menacer des États», avait-il tonné pointant un doigt accusateur sur ce monde opaque dans son mémorable discours fondateur du Bourget (26 janvier 2012).

La vérité par les chiffres

En deux ans, 407 usines ont été fermées en France (2014-2015), alors que 55,7 milliards d’euros étaient distribués rien qu’en 2016 sous forme de dividendes aux actionnaires du CAC 40, alors qu’en contrepoint, près de 660 cas de corruption ont été recensés à travers toute la France dans une base de données collaborative par les bénévoles de Transparency International France, la branche française de l’association Transparency International.
La finance est notre ennemi tout comme travailler plus pour gagner se sont révélés des slogans trompeurs, qui cachent en fait un objectif pernicieux : Travailler plus pour penser moins pour enrichir plus les grands capitalistes.
Sur fond de Loi El Khomri, à coups d’article 49.3, le paysage social français présente un panorama dévasté par une considérable destruction de l’emploi industriel, de l’ordre de 1,4 millions d’emplois en 25 ans, et de 407 usines fermés en deux ans : 217 en 2014, 190 usines en 2015.
«Le PS a zappé le peuple». L’admonestation de Pierre Mauroy lors de la présidentielle 2002, fatale à Lionel Jospin, demeure d’actualité : De l’hémorragie du vote ouvrier vers le Front National, à la préemption démagogique des mots d’ordre sécuritaire de l’extrême droite sous l’effet d’une panique nationale (déchéance de nationalité), la fonction de la gauche depuis le début du XXIe siècle a surtout consisté à servir d’appoint électoral à la droite, sans renvoi d’ascenseur. Un marche pied.
En 2016, les entreprises du CAC 40 ont distribué pas moins de 55,7 milliards d’euros sous forme de dividendes et rachat d’actions, selon les spécialistes financiers de Vernimmen. Une somme qui approche le record atteint en 2007, il y a dix ans, juste avant la crise bancaire mondiale, de l’ordre de 57,1 milliards d’euros.
Près de la moitié des dividendes ont été versés aux investisseurs étrangers qui détiennent 45 pour cent du CAC 40. Le podium se compose de SANOFI, en pôle position avec 6,66 milliards d’euros de retour aux actionnaires, suivi de Total (5,9 milliards d’euros) et de VIVENDI (3,57 milliards d’euros). À eux trois, ils représentent le tiers des versements.
Mieux : Les dividendes ont augmenté plus vite en France qu’aux États-Unis ou dans le reste de l’Europe. Ainsi en Allemagne les «coupons» (dividendes) ont augmenté de 6,9 % seulement, alors qu’en France, le taux grimpait à 11,8 en un an, soit presque le double.
Meilleure encore : La fortune totale des milliardaires français a bondi de 21% par rapport à 2016, à 245 milliards de dollars, selon le magazine Forbes. En tête du palmarès, Bernard Arnault, le patron du groupe de luxe LVMH, avec ses 41,5 milliards de dollars dans le portefeuille, se hisse à la 11e place mondiale. Il détrône Liliane Bettencourt, l’héritière du groupe de cosmétiques L’Oréal, qui figure à la 14e place des fortunes planétaires. Elle reste malgré tout la femme la plus riche du monde. Suivent ensuite dans le classement version française, le PDG du groupe aéronautique Dassault, Serge Dassault, le fondateur de Kering, François Pinault et le magnat des télécoms, Patrick Drahi.
Ces cinq premières fortunes françaises représentent à elles seules près de 125,8 milliards de dollars. Alain et Gérard Wertheimer, les actionnaires majoritaires de Chanel, Emmanuel Besnier, le PDG du groupe Lactalis, Xavier Niel, le patron d’Iliad (Free), et Carrie Perrodo, la veuve du fondateur du groupe pétrolier Perenco, complètent le top 10.
En contrechamps, les «Resto du Coeur» ont accueilli, en 2017, 926.000 personnes et distribué 136,5 millions de repas dans 2112 centres et antennes, apportant leu aide à 30.500 bébés de moins de 12 mois ; indice flagrant de la précarisation de la population française.

Évasion fiscale et paradis fiscaux

De surcroît les vingt plus grandes banques européennes déclarent un quart de leurs bénéfices dans des paradis fiscaux, avec une préférence pour le Luxembourg, Hong-Kong et l’Irlande, selon une étude de l’ONG britannique Oxfam publiée le 27 mars 2017. Ces banques «déclarent 26% de leurs bénéfices dans les paradis fiscaux, soit 25 milliards d’euros en 2015, mais seulement 12% de leur chiffre d’affaires et 7% de leurs employés», un «décalage flagrant», remarque l’ONG, qui publie cette étude avec le réseau Fair Finance Guide International.
Ces résultats «qui dépassent parfois l’entendement, montrent l’étendue du problème et l’impunité totale qui entoure les pratiques des plus grandes banques européennes dans les paradis fiscaux», commente Manon Aubry, co-auteure du rapport. Le Luxembourg, l’Irlande et Hong-Kong font partie des paradis fiscaux privilégiés par les établissements étudiés.
En Irlande, cinq banques –la britannique RBS, la française Société Générale, l’italienne UniCredit et les espagnoles Santander et BBVA– «ont même obtenu une rentabilité supérieure à 100% et dégagent plus de bénéfices qu’elles ne font de chiffre d’affaires», souligne Oxfam.
Les cinq plus grandes banques françaises –BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel-CIC et Société Générale– «ont déclaré 5,5 milliards d’euros de bénéfices dans les paradis fiscaux». Quatre d’entre elles sont notamment présentes aux Iles Caïmans, où elles ont réalisé «174 millions d’euros de bénéfices bien qu’elles n’y emploient personne».
Neuf ans après le crash bancaire de 2007-2008, qui a entraîné une perte de capitalisation boursière de l’ordre de 25.000 milliards de dollars -de quoi remettre à neuf l’ensemble de la planète, éradiquer toutes les pandémies (Sida, Ebola) et reconstruire la totalité des pays sinistrés par les guerres de prédation économique-, les grandes banques multinationales, anglo-saxonnes ou européennes, reprennent les commandes de l’économie mondiale du fait de la frilosité des pouvoirs publics, au mépris des enseignements du passé.
28 banques détiennent, en effet, malgré la crise et des efforts de régulation bien insuffisants de la part des gouvernements, un pouvoir démesuré, au point de constituer un oligopole mondial de fait d’une extrême dangerosité pour la stabilité financière mondiale.
Dans cette optique, le scandale de la FIFA (Fédération Internationale du Football Association) n’est que l’illustration de la métamorphose générale de pans entiers de l’économie, qui emprunte au modèle de la mafia ses outils de gestion. Les méthodes de la mafia s’étendent aussi bien à l’économie légale qu’à l’économie informelle.
Les banques systémiques appartenant à ce cartel sont au nombre de 11.

  • Quatre banques américaines :
    • Bank of America,
    • Citigroup,
    • Goldman and Sachs,
    • JP Morgan Chase
  • Trois banques britanniques :
    • Barclays,
    • HSBC(Hong Kong and Shanghai Banking Corporation)
    • et Royal Bank of Scotland
  • Deux banques de la zone euro :
    • BNP Paribas
    • et Deutsche Bank
  • Deux banques suisses :
    • Crédit Suisse
    • et USB

Des pénalités record

190 milliards de dollars de pénalités ont été infligées du fait des fraudes par les régulateurs financiers depuis bientôt neuf ans, soit en moyenne dix milliards de dollars par an, dont plus de la moitié des sanctions intervenues en 2014. Les autorités américaines ont infligé 97 % des amendes (environ 185 milliards de dollars). Sur le Vieux Continent, c’est la City qui a la main la plus lourde.
En France, l’amende infligée à BNP Paribas en Mai 2014 pour avoir violé l’embargo sur le commerce du pétrole a constitué un pic (9 milliards de dollars), d’autres institutions ont dû débourser des sommes bien plus importantes.
Les Américains sont en première ligne avec plus de 200 amendes et les banques américaines les plus sanctionnées : 141 amendes, contre 57 pour les banques britanniques et 6 pour les banques françaises. Bank of America se détache du lot des banques pénalisées avec plus de 87 milliards de dollars d’amendes, suivi de JP Morgan avec 33,5 milliards de dollars de pénalités. Puis, une autre américaine, Citigroup (14,5 milliards de dollars en neuf ans)
En 2015, 6 milliards de dollars (5, 4 milliards d’euros environ) de pénalités ont été infligées à 6 banques par les autorités britanniques et américaines pour des pratiques illégales sur le marché des changes. Leur condamnation intervient dans le cadre d’un accord qui marque sans doute le point culminant de la répression internationale de cette fraude à grande échelle.
Au total, Londres et Washington ont infligé plus de 10 milliards de dollars (8,9 milliards d’euros) de pénalités financières à 7 établissements, dont Citigroup, JP Morgan, UBS, Barclays et Royal Bank of Scotland.
Ces derniers sont accusés de n’avoir rien fait pour empêcher leurs traders de partager des informations confidentielles, sur les ordres de certains clients, dans le but d’augmenter leurs profits sur le marché des devise.
Pour optimiser leur rendement par une compression des dépenses et une accentuation des profits, les banques françaises envisagent d’ailleurs une baisse drastique de leur personnel.
Tous les grands réseaux bancaires sont lancés dans une réduction de leur nombre d’agences et des effectifs : BNP Paribas, qui comptait 1.964 agences fin 2016, va fermer 200 agences d’ici 2020. BPCE (Banque populaire+Caisse d’épargne) «un peu plus de 400 points de vente» d’ici 2020 et ne pas remplacer un départ sur trois.
Société Générale avait lancé fin 2015 un plan de fermeture d’environ 20% de ses agences jusqu’en 2020 (soit environ 400 de ses 2.200 agences), tandis que LCL (Crédit Lyonnais) a l’intention de fermer de 250 à 280 points de vente.
Pis, au delà de leurs activités spéculatives sur la faim dans le tiers monde, les banques françaises participent à l’entreprise de colonisation de la Palestine au mépris des résolutions de l’ONU.
Le système bancaire israélien constitue un outil essentiel de la politique de colonisation, et les entreprises israéliennes contribuent au maintien et au développement des colonies israéliennes.
En 2013 déjà, une mission d’enquête indépendante des Nations Unies dénonçait le rôle primordial des banques israéliennes dans la colonisation et les conséquences en termes de violations des droits de l’homme. Une enquête menée en France par plusieurs ONG dont AFSP (Association de Solidarité France Palestine et CFDT Quart Monde) révèle que 7 entités bancaires ont établi une coopération financières avec des établissements israéliens, participant indirectement à la colonisation de la Palestine. Les groupes bancaires français sont les suivants : BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et sa filiale LCL, PBCE et la filiale Natixis ainsi qu’AXA.

«La finance est notre ennemi», qu’il disait. À croire sur parole.

Fait symptomatique, aucun des candidats à l’élection présidentielle française se réclamant de la sensibilité socialiste pas plus Benoît Hamon, le candidat officiel du PS, qu’Emmanuel Macron, ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée et ministre de l’économie, encore moins son ancien camarade de parti Jean Luc Mélenchon s’est dévoué pour défendre le bilan du président sortant, un fait sans pareil dans les annales des campagnes présidentielles.
Propulser un ultra minoritaire de son propre parti à la tête du gouvernement de la France expose l’auteur de cette manœuvre qui se voulait machiavélique à de graves déconvenues. Ah l’humiliante offre de service de Manuel Valls à son ancien subordonné hiérarchique mais néanmoins vainqueur au 1er tour des présidentielles françaises, Emmanuel Macron. À vous vacciner à jamais de la traîtrise.
Le spectacle offert par Benoît Hamon, digne dans l’adversité, stoïque devant l’abattoir, transpercé des coups de poignards des traîtres socialistes en une véritable conjuration de cloportes qui ont pour nom : Manuel Valls, Jean Yves Le Drian, Bertrand Delanoë, Jacques Attali, a signé à jamais l’imposture des pseudo-socialistes.
En 2012, le PS avait tous les pouvoirs politiques, de l’Élysée jusqu’au Sénat, en passant par l’Assemblée nationale et la majorité des régions et des grandes villes. Cinq ans plus tard, il n’a plus rien ou presque, balayé jusque dans ses bastions historiques.
Pis, le seuil de 6,2%, le pire score d’un candidat socialiste au premier tour depuis 1969, demeurera à jamais une stigmate sur le front du socialo motoriste de la Rue du Cirque, François Hollande, l’émollient premier secrétaire d’un parti qu’il a été pendant plus d’une décennie (1997-2008) et l’évanescent président qu’il aura été pendant cinq ans (2012-2017).
La capitulation en rase campagne du foudre de guerre de Syrie s’est couplée d’une capilotade devant «la Finance, notre ennemi».
Merci pour ce mandat François Hollande. On s’en souviendra.
 

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