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Les Roms de Bulgarie répondent à l’appel de l’islam

Dans une Bulgarie qui compte en son sein la plus forte proportion de musulmans à l’échelle européenne – la communauté musulmane représentant 15% des 7.3 millions d’habitants – et où l’islam a fait depuis longtemps la preuve éclatante de sa compatibilité avec la démocratie et son environnement chrétien, la minorité Rom répond irrésistiblement à l’appel de la troisième religion monothéiste.

Pour le chercheur Alexey Pamparov, il faut remonter aux années 90 pour comprendre les raisons de ce phénomène de conversions actuellement en pleine expansion, quand l’Etat bulgare brillait alors par sa démission dans les ghettos, abandonnant les Roms à leur triste sort. Cette désertion du pouvoir a permis aux évangélistes d’investir le terrain, se faisant fort de ramener ces brebis égarées dans le droit chemin, en prêchant la bonne parole, en proscrivant la consommation d’alcool, et en incitant à trouver un travail honorable.

Vingt ans plus tard, l’islam a supplanté le christianisme dans les cœurs des grands laissés-pour-compte de la Bulgarie, Alexey Pamparov ayant observé une nette diminution des vols, larcins, proxénétisme et prostitution, là où la foi en Allah et les préceptes coraniques réchauffent les âmes de la meilleure des flammes.

A l’instar de Shasine et son mari, tous deux chrétiens dans leur précédente vie, les Roms sont nombreux à embrasser l’islam, les plus fervents d’entre eux se reconnaissant au niqab revêtu par leur épouse, alors que l’immense majorité des musulmanes bulgares arborent le foulard islamique.

C’est le conjoint de Shasine, un ouvrier du bâtiment, qui a eu le premier le déclic, au cours d’un chantier à Vienne, en Autriche, tandis qu’il était hébergé, comme les autres travailleurs immigrés, par la communauté musulmane locale. De retour en Bulgarie, Angel, métamorphosé et répondant désormais au prénom de Moussa, se mit à parfaire sa connaissance de l’islam dans une mosquée, jusqu'à en devenir l’imam Ahmed Moussa.

Parmi la nouvelle génération de Roms pour qui l’islam fait sens, une frange minoritaire est attirée par le courant salafiste, comme c’est le cas de Habibe, 35 ans, et de sa jeune épouse Lyudmila, devenue Melek, dont on ne distingue que le regard bleu sous son voile intégral noir.

"L’islam m’a ouvert un océan de connaissances", a déclaré la jeune femme (photo ci-dessus) à l’AFP, cette dernière ayant été contrainte de quitter les bancs de l’école à l’âge de 14 ans, avant de justifier son mode de vie : "Je porte le niqab depuis maintenant trois ans, car je veux me réserver exclusivement pour mon mari et m’assurer ainsi une place au paradis". C’est dans le magasin de leur sœur en Dieu Shasine, que le couple fait ses emplettes et trouve son bonheur grâce à des niqabs importés de Turquie.

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Dernièrement, une douzaine d’imams et d’enseignants de la branche salafiste ont été sous le coup d’une inculpation pour « diffusion d’une idéologie anti-démocratique », parmi lesquels figurait l’imam Ahmed Moussa qui n’a cessé de clamer son innocence.

L’affaire, qui a défrayé la chronique, a fini par un non-lieu, mais a rappelé des heures sombres, ravivant le funeste souvenir des années 80, lorsque des centaines de musulmans, victimes d’une implacable politique de « bulgarisation » menée par la main de fer du dictateur communiste Todor Jivkov, ont été forcés de prendre des patronymes bulgares, tandis que 300 000 d'entre eux, refusant de s’y résoudre, ont choisi l’exil.

 

 

 

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