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L’Emir Abdelkader et la modernité occidentale au XIXe siècle (partie 2 et fin )

Nicholas Machiavel au 16°siècle, exploitant la lutte de Florence contre l’autorité du Pape, développa une théorie politique fondée sur les intérêts objectifs des Etats en proposant que les gouvernants s’affranchissent de la tutelle idéologique du Saint-Siège.

Descartes, dans la droite ligne de l’école mou’tazillite rédigea ses « discours de la méthode », grand moment de la pensée occidentale, véritable mode d’emploie de la raison à la recherche d’une vérité s’inscrivant dans l’ordre naturel voulu par Dieu.

Des penseurs comme John Locke, Jean Bodin ou Thomas Hobbes, chacun à sa manière, tentèrent de dégager une voie rationnelle à la conception de l’Etat, à la détermination de la souveraineté et à la nécessité de la loi en tant que règle séculière de régulation des rapports sociaux.

Une théorie du droit naturel conçu comme « ensemble d’idées et de principes juridiques préexistants à toute situation particulière et même à l’existence de Dieu »fût mise au point par Hugo Grotius, dans le plus pur style platonicien selon lequel le droit, comme les mathématiques, relève de l’entière abstraction.

Toujours en quête d’élargissement du domaine de la raison et de sa libération des limites imposées par la religion les traditions ou l’arbitraire, Rousseau publia au 18°siècle ses idées sur « l’homme né libre » sur son éducation conduite de manière scientifique. Mais c’est son « Contrat Social »qui eut le plus de retentissement historique avec notamment la conception d’une souveraineté du peuple fondée sur la « Volonté Générale », entendue comme étant la somme des volontés particulières des habitants d’un lieu donné.

Montesquieu, quant à lui, élaborera la théorie de la séparation du pouvoir pour une bonne gouvernance, « l’Esprit des Lois » devant être dégagé des conditions d’existence et des rapports sociaux y afférents.

Tous ces penseurs et bien d’autres encore, notamment tous ceux qui sont connus sous le nom d’encyclopédistes, furent du 16e au 19e siècle à l’origine d’un vaste mouvement d’idées qui allait changer la face du monde. Appelée « Enlightment » en Angleterre, « Lumières » en France, « Aufkhlarrung » en Allemagne, cette effervescence intellectuelle va donner naissance à un nouveau monde, à une nouvelle conception de l’homme, et à une nouvelle organisation de la société.

On fit table rase du passé, des anciens régimes, des principes et des valeurs qui les régissaient. La raison seule présidait à « l’administration des choses et au gouvernement des hommes », et dictait les vertus civiques ainsi que les nouvelles règles morales.

Le rationalisme prit les dimensions d’une idéologie, et à l’époque de l’Emir Abdelkader dans certains pays européens, on dériva un moment vers le scientisme qui consistait à ne prendre véritablement en considération que ce qui était mesurable et quantifiable.

C’est à l’un de ces pays- là, la France, que l’Emir, et un peu plus tard d’autres régions de l’aire arabo-islamique furent confrontés.

Dès la fin du 18e siècle, l’expédition bonapartiste en Egypte annonça le renversement des rapports de force Orient-Occident. Son retentissement fût probablement de la même nature que celui que connu l’Europe occidentale à l’arrivée des cavaliers de l’Islam en Espagne et en France. A partir de cette époque la oumma (4) était sur la défensive. Elle se trouva partout en situation d’infériorité ; de multiples questionnements agitaient les esprits, tant sur le plan militaire, politique et économique que sur le plan spirituel…

C’est dans ce contexte qu’Abdelkader eut à assumer le choc des deux civilisations, des deux modernités dont l’une était en passe de supplanter l’autre. Sur le terrain ce choc prit la forme d’une lutte armée dans un combat inégal où seule la bravoure permettait de sauver l’honneur. D’un côté une armée, que vingt années de campagnes napoléoniennes pour imposer à l’Europe l’esprit de la révolution française, avait conduit à un niveau d’organisation, d’équipement et d’art de la guerre hautement perfectionné. De l’ autre coté des troupes hétéroclites, rassemblées occasionnellement, vivant sur l’habitant, des factions désorganisées, en conflits internes quasi-permanents.

Mais l’Emir Abdelkader ne tarda pas à réagir.

Usant de sa vive intelligence, de son ascendant exceptionnel et des informations sur le nouvel état du monde, qui lui parvenaient de toutes parts, il prit rapidement les mesures pour s’adapter aux nouvelles données.

Sur le plan politique, il eut à cœur, en toutes occasions de solliciter la légitimité populaire de ses pouvoirs ;par l’appel au djihad (5). Il se soucia d’éveiller les consciences, de rassembler le peuple autour du concept de la Nation. L’exercice du pouvoir, la nécessité d’organiser la mobilisation et l’usage des moyens et des ressources le conduisit à mettre en place un Etat aux normes de l’époque avec des structures administratives, fiscales, judiciaires, avec des institutions représentatives et consultatives. L’armée devenue permanente, structurée hiérarchiquement, dotée au niveau logistique était en partie équipée par un embryon d’industrie de guerre.

Mais, c’est après le combat armée, en période de détention et lors de son exil au Moyen-Orient, que l’Emir prit la véritable mesure du « choc des civilisations ». Ce choc se traduisit chez lui par une confrontation d’idées et de concepts, exprimés dans son « autobiographie »,et pour l’essentiel dans un ouvrage traduit par René Khawame sous le titre de « lettre aux Français », écrit en 1855 à Brousse en Turquie.

En homme enfin libre, en intellectuel accompli, en mystique de haute spiritualité, en chef militaire et politique victime de diverses trahisons, l’Emir, à ce moment de sa vie, a dû beaucoup méditer. Il a dû tirer de nombreuses conclusions de ses riches et tumultueuses expériences.

Il venait d’endurer, lui et les siens, le traitement infligé par l’administration d’une nation moderne dont les chefs privilégiaient leurs calculs politiciens sur le sens de l’honneur. Dans ses geôles, à travers les murailles du fort Lamalque, des châteaux de Pau et d’Amboise, il a probablement eu quelques échos des soubresauts de l’ancien régime périssant, et de l’accouchement difficile de la démocratie en France.

Après sa libération, il a visité de grandes réalisations architecturales comme Versailles, de grands temples comme Notre Dame et la Madeleine, de grandes entreprises publiques comme l’Imprimerie Nationale. Il a passé en revue l’armée française à Satory. Il est monté dans les premiers trains et a assisté à l’ascension de ballons dirigeables.

Il a probablement été informé des retombées de la campagne napoléonienne en Egypte, et en particulier des initiatives de modernisations occidentales entreprises par Mohamed Ali avec l’assistance de « coopérants » français. Il ne peut pas ne pas avoir pris connaissance du livre de Rifa’a Tahtawi : « Takhlis el ibriz fi talqis bariss »,un ouvrage documentaire sur Paris édité au Caire en 1834, qui a constitué une grande première dans le monde arabo-islamique et a servi de véritable répertoire pour les réformes en Egypte.

Par conséquent, c’est en homme instruit et averti des transformations révolutionnaires et des progrès qui en découlaient à son époque que l’Emir Abdelkader prend des positions tantôt polémiques tantôt apologétiques parfois vivement critiques sur les nouvelles conceptions du monde.

Concernant les institutions politiques :

L’Emir n’évoque nulle part, en tout cas pas de manière formelle, les théories novatrices et séculières d’un Rousseau, d’un Montesquieu ou d’un Voltaire. Il ne semble pas s’être particulièrement penché sur la nature des institutions politiques qui se mettaient en place en Europe, et pas davantage sur leur fonctionnement.

Il nous livre cependant son point de vue sur quelques éléments de philosophie politique relatifs à la société, au pouvoir, à la gestion des affaires de l’Etat, à l’autorité suprême, que ne renieraient pas les penseurs de la modernité européenne du 18e siècle. Ainsi par exemple ; « l’homme est un être sociable par nature…la vie en société génère des conflits individuels qui nécessitent un premier échelon de pouvoir…l’ensemble de ces mini-pouvoirs génèrent à leur tour des conflits à l’échelle des groupes et des catégories économiques et sociales…pour éviter que les gens s’entretuent ou que les plus vulnérables soient marginalisés et abandonnés à leur sort il faut recourir à la connaissance et au savoir, qu’il faut exiger des gestionnaires permanents (fonctionnaires)…le besoin de coordination nécessite des responsabilités hiérarchisées qui aboutissent à l’autorité suprême exerçant la souveraineté. »

On peut ainsi retrouver en filigrane les sujets de réflexion du « siècle des lumières » en quête de rationalisation de la société politique, des fondements du pouvoir…Avec un peu de malice on peut déceler un brin de matérialisme historique tel qu’exposé par K.Marx dans « l’idéologie allemande »1846.

Concernant l’éminence de la fonction politique :

Parmi les « quatre grandes activités de base »- « les plus nobles »-,l’activité politique est considérée comme étant « la plus noble des plus nobles ». Elle se divise en deux branches :la politiques des gouvernants-activités relatives aux conditions externes (sociales dirions-nous) des personnes – ;et la politique des savants -activités relatives au « for-interieur » des gens -à partir de laquelle s’exercent les contre- pouvoirs. Cependant, et en contradiction semble-t-il avec l’approche philosophique précédente, il ajoute que nul ne peut affirmer que son esprit peut se passer de ce qu’ont apporté les Prophètes dans le domaine de la vie pratique ainsi que dans les devoirs du culte rendu à Dieu….Celui qui nie leurs enseignements ou qui les accuse de mensonges, celui-là est dans l’erreur…..Les Prophètes ne sont pas venus pour discuter avec les philosophes, ni pour rejeter les sciences. Ils sont venus pour affirmer, pour rappeler que les sciences ne doivent pas contredire l’affirmation de l’unité de Dieu, que tout ce que contient l’univers est subordonné à la puissance et à la volonté de Dieu.

Ainsi donc l’Emir prend nettement ses distances avec la nouvelle vision « séculariste » du monde selon laquelle les affaires humaines relèvent du domaine exclusif de la raison.

Concernant le savoir :

« La connaissance s’acquiert par l’esprit-aql-…Il est appelé « esprit de spéculation » quand il élabore des concepts après les avoir passés au crible du jugement par la méthode de l’affirmation et de la négation . De lui relèvent les sciences fondamentales ainsi que les sciences religieuses. Il est « esprit d’application pratique » quand il s’exerce à la production des arts(techniques) et à la confection des biens matériels. »

L’émir s’émerveille des progrès réalisés par les savants européens usant de leur « esprit d’application pratique ». Il rappelle à ce propos la recommandation d’un hadith du Prophète –Hadith charif -selon lequel « celui qui met en pratique ce qu’il sait, Dieu lui donnera en héritage la science de ce qu’il ne sait pas » (men ’amila mimma ’alima ouerathahou Allahou ’ilmen maa lem i’alam .) Mais, il déplore que ces mêmes savants n’aient pas eu suffisamment recours à l’esprit de spéculation qui permet d’intégrer la dimension métaphysique de la connaissance, ce qui aurait donné des résultats qualitativement meilleurs.

La parole des Prophètes ne peut et ne doit pas être en contradiction avec la raison. Bien au contraire, elle ne peut que la conduire ce vers quoi elle est incapable de tendre par elle-même. Dans une proposition relevant de la maïeutique, l’auteur de « lettre aux Français », écrit : « si venait me trouver celui qui veut connaître la voie de la vérité, je le conduirai sans peine jusqu’à la voie de la vérité, non en le poussant à adopter mes idées, mais en faisant simplement apparaître la vérité à ses yeux de telle sorte qu’il ne puisse pas ne pas la reconnaître ».

Toujours dans le même esprit, l’Emir souligne que si, ceux qui appellent les gens à l’imitation pure et simple en excluant la participation de la raison, sont des ignorants. Ceux qui par contre se contentent de ce qu’apporte la raison seule, sans recourir à la connaissance de la loi divine, se trouvent également dans l’erreur.

Il ajoute que si la science est neutre en elle même, elle est à condamner lorsque celui qui l’utilise se propose un but qui dépasse celui auquel elle ne peut raisonnablement prétendre. Se trouve ainsi posé la problématique de l’éthique en matière de progrès ,qui est au centre des débats en ce début de 21° siècle.

De la même manière, ceux qui veulent le triomphe de la religion par les moyens qui ne sont pas appropriés, lui font du tort . On peut certes penser avec René Khawam, à Michel Servet condamné au bûcher par l’Eglise à Genève en 1553 pour avoir soutenu la découverte, par un savant musulman, du système circulatoire du sang dans le corps humain ; ou à Galilée, contraint par le Pape Urbain XVIII en 1633 à se rétracter à propos du mouvement de la terre. Mais on peut également songer à la manière dont les mouvements intégristes instrumentalisent l’Islam de nos jours, pour refuser le progrès.

Concernant l’économique et le social

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« L’homme est un être sociable par nature,-reprend à son compte l’Emir Abdelkader-, et de son besoin de vivre en société, découle, que toute science est fondamentalement sociale ».

Conformément aux principes islamiques, Dieu n’a créé aucun homme pour qu’il vive dans le dénuement, la subsistance des pauvres devant être légalement assurée par les riches. Un propos de l’Imam Ali, l’exprime clairement : « Dieu ,gloire à Lui, a imposé sur les biens des riches de quoi nourrir les pauvres ;un pauvre n’a donc faim qu’à cause de jouissance excessive d’un riche, et Dieu exalté ,lui en demandera compte. »

…Le prêt sans intérêt est la plus noble des entreprise. L’activité économique est intrinsèquement liée à l’acquisition d’une science…ce qui implique que le parasitisme social et la délinquance sont dus au fait que des gens n’ont pas pu ou n’ont pas voulu acquérir une science pour gagner leur vie et jouer un rôle social en s’intégrant à l’activité économique.

A tous ces éléments qui peuvent faire partie d’une théorie économique moderne au sens contemporain, y compris le crédit au taux zéro dont il est de plus en plus question aujourd’hui, on peut ajouter une typologie des activités humaines que nous propose l’Emir, conforme à la distinction classique des trois secteurs :primaire(activités de base, écrit l’Emir), comprenant ;l’agriculture, le tissage, la construction :secondaire  ;englobant les activités de transformation : tertiaire , concernant les services.

Puis l’étonnante théorie du déterminisme géo-climatique marquant le développement des sociétés humaines et distinguant trois types de communautés :

  • celles qui vivent de part et d’autre de l’équateur, comprend des gens dont le degré de développement intellectuel est le plus faible, les mœurs les plus primitives…

  • celles qui vivent entre le tropique du Cancer et la latitude située à la verticale de la Grande Ourse, soit approximativement entre le 30° et le 45° degré de latitude Nord ont un esprit développé, le caractère mieux équilibré, des mœurs favorables à la vie en société…

  • au delà du 45°degré de latitude Nord, vivent des communautés au caractère primitif, à l’entendement difficilement perfectible…

On retrouve cette même théorie avec des nuances chez beaucoup d’auteurs : d’Ibn Khaldoun à Hegel en passant par Diderot, Montesquieu, Ficht et Marx.

Concernant les problèmes de société :

L’Emir met en cause des principes fondamentaux de la nouvelle civilisation.

Il estime que l’occident qui a acquis de puissants moyens de domination n’a pas toute la sagesse (celle qui relève du spirituel) pour régenter le monde. Il ne mesure pas nous dit-il , les conséquences de ses décisions qui pourraient bien se retourner contre lui et contre le reste de l’humanité : jugement prémonitoire s’il en fût !

Il préconise que chaque société se doit d’évoluer selon le rythme qui lui est propre, et que le monde ferait bien de régler son pas sur le plus faible de la communauté, et non sur le plus fort comme l’y invite l’occident.

Il semble bien que l’Emir ait parfaitement perçu dès cette époque, les rouages de la civilisation industrielle, entraînée, observe-t-il par la recherche de profits toujours plus élevés, par l’accumulation incessante de capitaux, par la spéculation financière effrénée, par l’application débridée de la science à tout ce qui est de bon rapport. Sur ce dernier point, il aurait pu aussi bien dire, selon la formulation de R.Garaudy,que « tout se passe comme si la civilisation occidentale reposait sur ce postulat implicite :tout ce qui est scientifiquement et techniquement possible est nécessaire et désirable ».

L’Emir note avec intérêt le progrès réalisé par la civilisation naissante et les énormes potentialités que recèle la maîtrise croissante du savoir. Mais il met en garde contre l’atteinte et le mépris des principes divins qui doivent réguler l’activité humaine et gouverner toute forme de vie.

En conclusion, on peut observer qu’au milieu du 19e siècle, soit environ sept siècles après que la pensée arabo-islamique ait cessé de progresser, le niveau de connaissances auquel se situe l’Emir Abdelkader est tout proche de celui des intellectuels du « siècle des lumières ».

Cependant, il est permis de penser que l’Emir ne semble pas avoir bien perçu (pas plus du reste que les savants musulmans de l’époque ou même d’aujourd’hui pour un grand nombre) que la nouvelle civilisation dominante mettait en place une autre configuration intellectuelle, une autre épistémé.

C’est ainsi par exemple, que le progrès matériel est attribué aux chrétiens es-qualité, alors que la nouvelle conception du monde se construisait sur la base de théories philosophiques qui excluaient toute pensée religieuse et toutes références métaphysiques, dans la gestion des affaires terrestres.

Notes :

4) entité politico-religieuse englobant l’ensemble des pays musulmans

5) dans le contexte :combat contre des agresseurs d’un territoire musulman

Bibliographie

Le Coran

R.Khawam : « lettre aux Français » ; Ed :Rahma, Alger.

Mahmoud Kacem : « Théorie de la connaissance d’après Averroès et son interprétation chez Thomas d’Aquin ;Ed :SNED.Alger 1978.

Pierre Rossi :« Lacitéd’Isis, ou l’histoire vraie des Arabes » ;ENAG édition, Alger

Alain de Libéra : « Penser au Moyen Age ;Ed :Seuil.

Malek Bennabi : « Le problème des Idées » ;Ed :SEC. Alger.

Alain Touraine : « Critique de la modernité » ;Ed :Fayard.

Mohamed Arkoun : « Penser l’Islam aujourd’hui » ;Ed :Laphomic/ENAL ,Alger.

Rifâ’a Tahtâwî : « L’or de Paris » ;Ed :Sindbad.

René Descartes : “Discours de la Méthode”

J.J.Rousseau : « Du Contrat Social »

Montesquieu : « De l’Esprit des Lois »

UNESCO : « Histoire de l’Humanité » T. II et III .Ed :Lafond.

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