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« Le Parfum des fleurs d’oranger », roman inspiré de la vie du grand poète Hâfez de Chiraz

Ouvrage poétique sur la vie, l’éthique et les pratiques sociales, Le Parfum des fleurs d’oranger de Ramine Mohseni puise son inspiration dans l’existence aux multiples facettes du grand poète, philosophe et mystique Hâfez, qui vécut à Chiraz en Iran au XIVe siècle.

Hâfez est l’auteur du magistral Divân, recueil de poèmes lyriques (ghazals) qui traite de l’amour comme question et comme expérience vécue, de la beauté et de la liberté. Hâfez encense la nature et l’âme humaine qui honore la vie dans ce qu’elle a de beau et de miraculeux, afin de rendre un culte pur au Créateur. Sous l’horizon de la bonne éducation prônée par le Prophète, il fait l’éloge de la bonne conduite, l’ihsan, l’excellence.

Bien qu’il jouisse toujours d’un immense prestige dans son pays et au-delà, on sait peu de chose de la vie privée de Hâfez. Le mérite du roman de Ramine Mohseni est de l’imaginer dans son quotidien, à des moments cruciaux de son existence. A Chiraz, sa ville tant aimée, Hâfez partage les espoirs et les déceptions des habitants soumis à la tyrannie et aux caprices des dirigeants politiques et religieux. Seuls l’écriture, l’amour, l’amitié, la contemplation de la nature, les souvenirs d’enfance lui font garder espoir en ce monde.

Le roman de Ramine Mohseni est plein de critique et en même temps de nostalgie d’un monde de générosité et d’amour. S’y entremêlent espoir et désespoir, imagination et réalisme. Dans l’esprit de Hâfez, ce qui domine est la foi en la bonté et la miséricorde. L’auteur critique les comportements contradictoires et défend la justice et les valeurs communes d’humanité, en somme la probité et le droit à la différence. Le Parfum des fleurs d’oranger se veut un avant-goût du bonheur et de la félicité, malgré l’hypocrisie d’une partie de la société.

Cet ouvrage littéraire à l’accent moderne est un écho aux questionnements poétiques, théologiques et philosophiques de Hâfez. Sans prétendre apporter les réponses, il remet au goût du jour la recherche du bonheur et de l’honnêteté.

Le texte met en scène Hâfez aux prises avec son amour pour Chakh-e-Nabat, la fille du grand mufti, avec aussi la haine des dirigeants et l’hypocrisie des faux dévots. Sensible aux problèmes du peuple et à la place des femmes dans la société, Hâfez est l’ami qui sait ce que le mot amitié signifie.

Ramine Mohseni, professeur de français à l’Université de Téhéran, veut faire passer dans la langue de Voltaire et de Hugo un souffle inspiré de la vie de Hâfez. Dans ce roman poétique qui traite de la vie sociale, de la liberté, de la tolérance et des contradictions humaines, les personnages s’affrontent souvent à coups de rimes et de citations lyriques, dans la grande tradition persane. Comme un avant-goût du bonheur et de la félicité, malgré les difficultés de la vie à l’époque de Hâfez – et tout en faisant un lien subtil avec celles de l’Iran d’aujourd’hui –, Le Parfum des fleurs d’oranger fait redécouvrir la culture humaniste comme art de vivre. Il rappelle indirectement que la civilisation islamique, depuis l’Al-Andalus de Cordoue et Grenade jusqu’à la Perse de Chiraz, a permis le vivre-ensemble.

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L’auteur force parfois le trait pour marquer sa critique des traditionnalistes et autres prédicateurs au double visage. Mais la nature humaine nécessite de l’audace et de la pédagogie. Il oppose les désirs humains, la jeunesse, ses pulsions et ses élans, aux limites requises, à la morale et à l’enseignement éducatif spirituel.

Chaque époque, partout dans le monde, voit réussir ou échouer l’incontournable conciliation entre idéal et réalité. Dans ce roman, l’auteur dépeint et décrit ce qu’il a senti, vécu ou imaginé. Le lecteur, et tout auteur, doit garder en vue l’essentiel – la mesure – afin d’éviter d’un côté le pessimisme, de l’autre l’apologie d’un passé fantasmé. Le Parfum des fleurs d’oranger s’inscrit dans la liberté d’expression de la littérature, et laisse chacun se faire son opinion. Ainsi va la vie de la création artistique et littéraire, rebelle et revendicative.

Laurent Baudoin (révision du texte et entretien avec l’auteur)

Ramine Mohseni, « Le Parfum des fleurs d’oranger », Editions Unicité, 4e trimestre 2022, 310 pages, 18 €

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