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Le Net, le média de la contestation citoyenne en Egypte

Avec ses 80 millions d’habitants, dont la moitié est analphabète, l’Egypte compte aujourd’hui près de 12 millions d’internautes qui surfent assidûment sur la toile. Parmi cette nouvelle génération d’aficionados du Net, 200 000 auteurs en herbe ont franchi un pas supplémentaire en choisissant de faire entendre leur révolte, leurs revendications, et leur voix dans leur propre blog.

Media alternatif récent, les blogs made in Egypte sont une véritable agora de la contestation et du débat citoyen, s’opposant ouvertement au gouvernement tout en tentant d’assouplir le carcan rigide des mentalités. Les plus prisés attirent et fidélisent une moyenne de 30 000 lecteurs réguliers, soit autant, voire plus, que certains journaux du gouvernement, voire même de l’opposition.

Dans un pays où la répression menace à chaque instant, la loi en vigueur prohibant toute critique directe du raïs et muselant l’ensemble des médias, la toile devient une plate-forme d’échanges essentielle, où des questions de société aussi brûlantes que la corruption ambiante, la manipulation électorale et les abus de toutes sortes peuvent être abordées.

Défiant le pouvoir en place, les blogs constituent un vrai réseau de résistance face à un dispositif policier dédié à la surveillance du Net qui ne cesse de se renforcer.

« C’est un mouvement né de la frustration, sans chef ni structure, d’où sa force », explique le blogueur vedette, Waël Abbas. « Nous en avions marre d’obéir à nos parents, à nos profs, aux flics, à l’Etat, à Moubarak, sans jamais pouvoir nous exprimer », renchérit une jeune ingénieur en télécommunications.

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Abdoumonen Mahmoud, fait figure de pionnier en ayant lancé un blog en 2004 intitulé « ana-ikhwan – je suis Frère musulman », pendant qu’un de ses acolytes du web ouvrait des forums de discussion sur des thématiques aussi cruciales que sensibles : la place de la femme dans l’islam, qu’ils veulent « égale à celle de l’homme », la séparation de l’Etat et de la religion, qu’ils veulent « totale », et la nécessité d’instituer « une véritable démocratie ».

Le 6 avril prochain, date anniversaire de la première mobilisation antigouvernementale qui fut organisée par les blogueurs égyptiens et relayée par plus de 70 000 inscrits sur le site de Facebook, sonne l’heure des bilans.

Force est de constater que l’inquiétude envahit tous les esprits, même les plus rebelles, la désillusion et l’amertume prédominant largement dans le camp laïc, majoritairement de gauche, d’où sont issus la plupart des blogueurs contestataires : « Les journaux, même les rares indépendants, ont de plus en plus peur de publier ce que nous leur apportons sur nos blogs. Il y a une sorte de lassitude mêlée de crainte » souligne avec gravité Waël Abbas.

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