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Le monde arabe moins religieux, plus féministe et majoritairement pro-Erdogan, selon une étude

Turkey's President Recep Tayyip Erdogan addresses Muslim parliamentarians during a meeting on Al-Qods (Jerusalem), in Istanbul, Friday, Dec. 14, 2018. Erdogan intensified his criticism over U.S. support for Syrian Kurdish fighters, saying Friday Turkey would clear the key northern Syrian town of Manbij. (Presidential Press Service via AP, Pool)

Au sein de l’université américaine de Princeton, prestigieuse et privée, il existe un institut de sondages qui a pour vocation essentielle de prendre le pouls de l’opinion publique, mais pas de n’importe laquelle : celle des Arabes uniquement !
Arab Barometer, comme son nom l’indique, est ce baromètre qui depuis les Etats-Unis hume l’air du temps dans les pays arabes exclusivement, mesure, identifie et analyse les grandes tendances qui s’y développent, en l’occurrence non dénuées de paradoxes criants, si l’on en juge par les conclusions de sa récente enquête réalisée pour le compte de la BBC en langue arabe.
Après avoir sondé plus de 25 000 personnes, entre fin 2018 et le printemps 2019, la photographie qui ressort de 11 sociétés arabes – Algérie, Egypte, Irak, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Soudan, Tunisie, Yemen et territoires palestiniens, les pays du golfe ayant refusé d’être ainsi passés au crible – dépeint les prémices d’une déspiritualisation.
L’étude ne va pas toutefois jusqu’à affirmer que, à l’instar des églises en France, les mosquées se vident sur des terres d’islam… Cependant, l’on apprend que parmi cette « jeunesse arabe » qui s’éloigne tout doucement de la religion – 13% évoquent un détachement, soit une hausse de 8% par rapport à 2013 – les jeunes tunisiens de moins de 30 ans caracolent en tête avec plus de 30% d’entre eux qui disent tourner le dos à l’islam. De quoi faire exulter les laïcards de tous bords, d’une rive à l’autre de la Méditerranée !
Sur ce baromètre de l’opinion arabe, si l’aiguille de la religion semble pointer vers le bas, celle de la féminisation croissante de la société en revanche pointe vers le haut (les sondés se disant pour la plupart favorables à l’ascension des femmes dans la sphère professionnelle et à la revalorisation de leur place au sein de la sphère privée), alors même que dans l’intimé des foyers le patriarcat a encore de beaux jours devant lui. A cet égard, les Algériens apparaissent comme les plus opposés à ce que les femmes brisent le plafond de verre.
Sur un plan plus politique, les statistiques mises en lumière par Arab Barometer ne vont certes pas être du goût des grands pourfendeurs occidentaux de la Turquie d’Erdogan et de la Russie de Poutine…
Les deux hommes forts d’Ankara et du Kremlin ont, en effet, le vent en poupe dans les pays arabes interrogés, le président turc jouissant de la plus forte cote de popularité avec 51% des opinions favorables, suivi du président russe qui en totalise 28%. Trump, quant à lui, fait figure de lanterne rouge avec ses petits 12%. Rien de très surprenant à cela !
A travers l’éclairage qu’apporte Arab Barometer sur le monde arabe, nul doute que l’engouement autour d’Erdogan fera grincer des dents ceux-là mêmes qui se gargariseront de son détachement, très relatif, vis-à-vis de la religion.

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13 commentaires

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  1. Dans les gouvernements à tendance théocratique (la loi civile se confond avec la loi religieuse) les mécontentements provoqués par les problèmes économiques ou sociétaux et les restrictions de liberté seront immanquablement imputés à la religion autant qu’au gouvernement.
    C’est ce qui s’est produit en France et a provoqué la violence de 1789. Sans en arriver jusque là la prise de conscience collective des injustices génère inévitablement l’évolution des mentalités.

  2. ce sondage n ‘est pas très surprenant, car malgré une spiritualité indispensable, la religion est très loin de répondre aux besoins sociaux et économiques des pays qui est en fracture avec elle et ne communique plus entre eux.
    Pour le féminisme, que l ‘on veuille ou pas on assiste a une revendication et à une generalisation des libertés individuelles dans le monde auquel aspire chaque peuple. Il ne reste qu ‘a accompagner ce changement ou l ignorer.

  3. Pour les arabo-musulmans qui se sont installes en Occident on peut facilement remarquer ce phenomene surtout a Ramadan ou tres peu suivent cette tradition bref ils ne jeunent plus et vont jusqu’a prier le soir par conscience ou par habitude,la religion est reservee et protegee par une clique qui touche normalement des populations pauvres c’est la que les religions s’implantent en premier,on peut deduire facilement que les religions sont en baissent a cause de plusieurs facteurs l’information instantanee,la television,les internets,et surtout l’education qui permet aujourd’hui de juger des textes et de les critiquer et ce n’est plus reserve a quelques individus qui se croyaient irremplacables, on peut ajouter la liberte d’expression,pourvu qu’on nous taxe pas d’islamophobe.

  4. Le point faible de l’islam ce sont les femmes .Le système a compris comme l’utiliser pour détruire le patriarcat ancestrale la base même de toute civilisation.On dit souvent la femme est l’avenir de l’homme mais non ce sera sa perte .
    Il ne peut pas y avoir d’égalité homme femme il y a un sens de la hiérarchie à respecter point barre .

    • sami : ” il y a un sens de la hiérarchie à respecter point barre .” dites vous, et que vous avez raison !
      Mais votre raison avance a l’ envers, car si “LES” religions monothéistes, ont crée une hiérarchisation des êtres humains, c’est bien parce quelles ont étés crées par l’ homme, qui était jaloux, du pouvoir des femmes. Car, en y réfléchissant bien, Dieu, lui, le pouvoir, il l’ a donné a la femme, en lui offrant le pouvoir de la création, au travers de la maternité. Que vous le vouliez ou non, l’ évidence crève les yeux, la femme a le pouvoir de créer la vie, et créer la vie, sur cette terre, est le pouvoir ultime. Donc, l’ homme, se sentant frustré, c’est servi de la spiritualité, pour spolier la femme. Cette chose est vraie, dans toutes religions monothéistes, car, dans les croyances spirituelles, il est clair , ” qu’une femme qui éduque un garçon, éduque un homme, alors qu’ une femme qui éduque une fille, éduque une nation” . Donc, si hiérarchie il doit y avoir, ayez l’ honnêteté, de voir que l’ a femme est l’ avenir de l’ homme, car sans elle, nuls homme !

      • @cheyenne.
        Je comprends votre réaction à sami mais je pense que vous entérinez sa logique. Vous inversez le sens de la hiérarchie mais vous réduisez comme lui, la femme à sa dimension biologique. La procréation est le pivot même des religions qui permet de placer les femmes sous la coupe des hommes, en réglant leurs relations. Leur ventre ne leur appartient ainsi plus. Les religions sont donc promptes à dénoncer le matérialisme dans le domaine de l’avoir mais l’utilise sans vergogne dans le domaine de l’être. Car la biologie relève de la matière. C’est à ce point que l’on voit comment la dimension “morale” supplante la dimension spirituelle dans les religions. Au-delà des questions théologiques qui ont eu ou ont cours sur l’âme de la femme ou sur ce qui est promis respectivement à la femme et à l’homme dans l’au-delà, les femmes n’ont qu’une place marginale aujourd’hui dans les enseignements religieux. Elles ne seraient donc pas aptes à comprendre la parole divine, à la transmettre et à l’accomplir ? Si la spiritualité prédominait dans ces religions, elles pourraient être des guides ou des maîtres spirituels. Mais non. Elles sont ramenées essentiellement à leur biologie, cantonnées fondamentalement à leur ventre. Ce sont des figurantes dans les affaires du monde conduites par les hommes. Le jour on verra à des matriarches chrétiennes, des femmes rabins ou imams, on pourra dire que les religions sont compatibles avec le féminisme. Pour l’instant, ce ne sont que des paroles.
        Mais le féminisme reste un danger pour les religions monothéistes quand les religions païennes et polythéistes reconnaissaient des dieux comme des déesses et faisaient des femmes de grandes prêtresses, des initiatrices, des gardiennes de mystères. Les monothéismes n’ont pas instauré la spiritualité. Elles l’ont réduite, voire détruite au profit de codes moraux inégalitaires.
        Le féminisme n’est donc pas une valeur religieuse mais un combat laïque qui se poursuit et s’ancre fondamentalement dans l’égalité citoyenne. Nous naissons ainsi avec nos différences biologiques mais égaux en droit. La loi du plus fort et la hiérarchie qui en découle sont remplacées par l’état de droit. Quant aux “qualités” biologiques, vous pourriez tout autant avancer que ce sont les hommes qui déterminent le sexe des enfants et qu’ils sont les seuls à pouvoir “produire” des garçons. Enfin que dire des femmes qui ne peuvent procréer ? Non la place des femmes, le rapport entre hommes et femmes ne se réduisent pas à la biologie.

  5. Assalamou ‘alaïkoum, avec toute la prudence voulue devant la parole d’un organe Américain privé, nous savons très bien ces éléments que nous observons et que nous vivons, tandis que beaucoup d’Occidentaux décrivent la réalité en pays Arabe et en pays de Musulmans différente et parfois très différente de ce qu’elle est et des dynamiques de ses changements rapides, à croire qu’ils décrivent un fantôme au lieu de décrire et d’opiner sur la réalité.
    Oui en gros, nous voulons que le dine soit tenu à honneur, et que le dine soit tenu à honneur nous suffit et je me demande ce qu’on peut désirer de plus. Faut-il que le dine anime tout et explique toute décision? Oui, jusqu’à un certain point oui, si le peuple en disposait librement ainsi, d’ailleurs, comment faire autrement, comment le dine animerait-il la vie publique sans volonté du peuple? Un autre dine peut-être mais pas le nôtre.
    L’article fait bien d’observer que la pratique du culte ne diminue pas, elle se tient très bien, elle augmente probablement, mais en quoi est-ce contradictoire avec des évolution sociétales, familiales, féminines etc? C’est peut-être, peut-être, que les Musulmans s’instruisant mieux dans leur dine, le dine les porte vers ces évolutions. Mais ça a dû échapper à beaucoup d’Occidentaux qui voient mal les choses, ou ça n’a pas échappé à ceux des observateurs qui ont constaté ces choses mais en font délibérément un faux rapport. Est-ce éloignement du dine, ou renouveau du dine? C’est dur à comprendre pour certains Occidentaux qui voient dans le phénomène religieux un fait irrémédiablement passé et dépassé. Mais c’est certainement très bien saisi des observateurs ennemis de nos peuples, qui propagent que le renouveau du dine est un, un, un retour en arrière, et la foule des gogos y compris Musulmans qui le répètent à l’envie.
    Laïcité, ou madaniya? Dommage que Patrice ne soit pas là visiblement, il doit pas savoir ce que c’est que la madaniya, qu’il me pose la question sinon. A-t-on besoin d’autre chose que cette madaniya? Sans doute des Occidentaux, parce qu’ils ont eux vécu l’inapropriation de leur dine avec le présent et l’avenir ont-ils inventé cette laïcité, il leur fallait mettre leur dine au placard, parce qu’il était trop preignant et envahissant. Et donc, ils saisissent mal que d’autres, finalement tous les autres peuples n’éprouvent pas naturellement ce besoin de mettre le dine sous cloche, ou dans le panier. Ce n’est pas notre faute s’ils ont eu à souffrir ces déchirements et fractures, voilà pourquoi la problématique de laïcité ne fonctionne pas en pays de Musulmans, n’ayant pas sa pertinence, son utilité.
    La popularité du raïs glorieux de la Nation des Turcs, eh bien il a fait de grandes choses dans son pays, c’est vérifiable et ça continuera à se vérifier. Et il tient jalousement et il est sourcilleux et inflexible sur la souveraineté de son pays, souveraineté au collectif étant l’équivalent de la dignité à l’individuel, comme la liberté personelle se nomme indépendance au collectif, curieux que beaucoup d’Occidentaux méconnaissent cela. Sans doute la déclaration des droits de l’homme et du citoyen toute seule ne suffit pas, puisqu’elle n’est pertinente qu’aux personnes et individus, sans doute des faussaires citent la déclaration des droits de l’homme et du citoyen en oubliant soigneusement qu’elle ne peut se tenir et être authentiquement tenue sans souveraineté et indépendance collective. Le raïs Erdogan a tenté de tenir au mieux ces deux valeurs qui n’en font qu’une en réalité, nonobstant l’hypocrisie des Occidentalistes trompeurs et faussaires, oui, il faut que le cadre collectif soit fort, souverain et indépendant pour tenir et faire vivre la liberté et dignité de ceux qu’il contient.
    Je ne sais combien de mal et combien de victimes ont fait en pays de Musulmans des problématiques sans pertinence, si dès le début on s’en tenait à la madaniya, que de mal nous serions-nous épargnés? La laïcité façon Française, voire l’athéisme pourrait bien se mettre à exister en ces pays du Golfe, l’émir Félon en Arabie bien que pour l’heure il n’ose pas l’avouer totalement, il est ou laïciste ou athéiste, s’il y a une nuance entre les deux. Normal, puisque le dine n’était pas depuis des décennies tenu à honneur dans son pays, pas de vraie ferveur populaire, puisqu’elle est courcircuitée par ce lassant et permanent discours des savants du Sultan qui arrivaient à perdre un temps considérable à des choses toutes petites, évidemment pour ne pas qu’on discute des vrais grands problèmes, dignité/liberté au singulier, souveraineté/indépendance au collectif. Probablement, si l’Arabie avait continué de vivre gouvernée par des gens comme le grand roi Fayssal, le roi d’Arabie le plus pro-Arabe et pro-Musulman, celui qui a fait de grandes choses, la société en Arabie eut évolué semblablement à ce qui est décrit dans l’article. Mais ils ont eu droit eux, au lieu d’une laïcité intempestive et impertinente, à une parole abusive du dine, le dine parlé pour n’être pas agi. Et ça revient pas au même, e crains que leur évolution se fasse vers l’athéico-laïcisme. Sauve la volonté d’Allah.
    Croissant de lune.

  6. Les sondages ne sont pas des enquêtes d’opinion scientifiques, élaborées, nuancées, sociologiques, contextualisées, les sondages sont des choix binaires imposés, avec des questions impliquant souvent la réponse quand ce n’est pas l’enquêteur en impose et force donc la réponse. Ensuite, une fois le sondage fait, on fait croire à l’opinion qu’elle pense comme le dit le sondage pour qu’au final, l’opinion se soumette et pense réellement comme on voulu les sondeurs, ou les sondocrates plutôt, qu’elle pense. Donc, toute analyse scientifique devrait fuir les sondages comme la peste. C’est une technique de manipulation sociale. Les sondages sont au départ des indices puis ils deviennent des injonctions à penser. . Avec la concentration des médias, nous avons la concentration des sondeurs.

  7. Bizarre, après avoir perdu la mairie d’Ankara, la capitale, le parti islamiste du néo-sultan Erdogan vient de perdre Istamboul, 18 millions d’habitants.
    Le monde arabo-musulman choisit mal ses héros, mais ce qui importe c’est qu’il y a peut-être un frémissement vers plus de liberté et moins de religion (et moins de corruption et d’incompétence).
    Après cela, on pourrait rêver d’un développement économique comme en Corée, qui en 1945 était plus pauvre que les pays arabo-musulman, mais à cause de la religion qui paralyse, on n’en est pas là.

  8. – Cette « jeunesse arabe » qui s’éloigne tout doucement de la religion et qui disent tourner le dos à l’islam.
    – La féminisation croissante de la société pointe vers le haut
    A mon avis, deux problèmes ancestrales ont eu raison momentanément sur l’Islam, demain sera autre chose.
    – L’argent divise les musulmans.
    – Le concept du féminisme pose problème au gens du livres
    Résoudre le premier problème avec le second, d’autres ont essayé par le passé et n’ont pas réussi.

  9. L’université américaine de Princeton, prestigieuse et privée où il existe un institut de sondages. Tout est dit pour annoncer l’enfumage. Leur contradiction est béante. Il s’agit plutôt d’un renouveau de l’islam mais normal, que ceux qui croient que le wahabisme est l’islam, voient cela comme une baisse de la religion.
    Laissons les rêver. Ils ne savent simplement pas que la place de la femme, la liberté et l’élection des meilleurs dirigeants sont le signe de la bonne vigueur islamique des musulmans. Que les laïcards exultent! Ils n’en seront de plus étonnés de soutenir le bon côté. MDR

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