Pour une majorité de musulmans dans le monde, notamment en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient, la charia doit avoir force de loi, ainsi que le met en lumière l'étude réalisée par le Pew Research Center, après quatre années d'investigation.
Sur le thème « Religion, politique et société », cette enquête de terrain, qui s'est échelonnée de 2008 à 2012, fait ressortir que la conformité à la loi islamique fait consensus auprès du panel représentatif de 38 000 sondés issus de 39 pays, même si toutefois des nuances se font jour quant à l’étendue et à l’interprétation de son champ d’application. Ce plébiscite connaît quelques variantes notables, essentiellement liées à des contextes historiques différents, à l’image de l’Azerbaïdjan où la charia doit régir tous les aspects de la vie quotidienne pour seulement 8% des individus interrogés, contre un massif 99% en Afghanistan.
Par ailleurs, dans les pays où les tribunaux religieux tranchent les litiges et rendent la justice, les justiciables musulmans sont unanimes à souhaiter s’en remettre aux prescriptions de la charia uniquement pour arbitrer les affaires familiales et foncières.
L’évocation anxiogène du terme charia en Occident est synonyme de châtiments corporels barbares. Cette question sensible n’a pas été éludée par le Pew Research Center qui fait état du rejet sans réserve de la violence perpétrée au nom de l’Islam. Les supplices des coups de fouet ou des mains coupées pour les voleurs sont, par exemple, largement décriés. 81% des musulmans américains estiment qu'elle n'est "jamais" justifiée, contre une moyenne médiane de 72% dans le reste du monde.
A contrario, des minorités non négligeables l'approuvent pleinement, tout particulièrement au Bangladesh, en Egypte, en Afghanistan et dans les territoires palestiniens.
Tandis que la montée de l’intégrisme religieux au sein de leur pays respectif est une source de préoccupation pour la moitié des musulmans interrogés, dont un nombre substantiel en Egypte, Tunisie et Irak, la majorité d’entre eux se prononce en faveur de la liberté religieuse pour les autres religions, et ce sans hésitation.
Au sein du foyer, l’étude observe que les femmes comme les hommes partagent le même point de vue sur la notion d’obéissance que doit l’épouse à son mari. Une opinion qui prévaut dans tous les pays, et plus particulièrement en Irak, Maroc, Tunisie, Indonésie, Afghanistan et Malaisie, alors que parallèlement, une majorité de femmes considèrent que le port du voile relève d’un choix personnel et que c’est à elles, et à elles seules, qu’il revient de décider de le porter ou non.
Sur le plan de la polygamie, les avis fluctuent, comme l’illustre le fossé qui existe entre la Bosnie-Herzégovine, où seule une infime poignée de musulmans (4%) la jugent moralement acceptable, contre une écrasante majorité au Niger (87%).
Contrairement aux jugements préconçus, la fameuse incompatibilité de l’islam avec son temps et la vie moderne est démentie par les résultats de l’enquête. La plupart des musulmans affirment en effet être en phase avec leur époque, sachant concilier harmonieusement la pratique de leur religion et la nécessaire adaptation aux évolutions sociétales et technologiques. Nombre d’entre eux assurent préférer vivre sous un régime démocratique, et n’ont pas caché leur goût pour la musique et le septième art, notamment pour les films occidentaux, tout en veillant à se préserver de certains effets néfastes qui pervertissent la bonne moralité.
Enfin, l’étude constate également que les musulmans sondés ne transigeront jamais avec les actes immoraux que sont la prostitution, l’homosexualité, le suicide et l’alcool.
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