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L’absence d’un processus de paix au Proche-Orient dans un monde multipolaire complexe

Ce qui est étonnant dans ce qui se passe au Proche-Orient endeuillé par un conflit meurtrier, asymétrique et existentiel, comme il peut sembler l’être pour les deux belligérants, le Hamas et Israël, c’est l’absence criante de volonté des puissances mondiales d’y instaurer un processus de paix salvateur.

Pourtant, c’est sur un tel processus politique et diplomatique que peut reposer tout espoir de tracer une voie salutaire dans ce tumulte et ce carnage sans fin.

Le hasard a voulu que le plus important processus de paix qui a jamais été parachevé entre Palestiniens et Israéliens fut les accords d’Oslo. Ces accords, qui ont vu le jour en 1993, ont été enterrés par un mouvement d’extrême-droite israélien, fanatisé à l’extrême, dont l’un des sinistres chefs de file n’était autre que l’actuel Premier ministre de l’Etat d’apartheid  : Benjamin Netanyahou.

Ce dernier a fait campagne contre ces accords dans un contexte sous très hautes tensions, provoquées par l’extrême droite raciste à laquelle il appartient, qui a grandement profité de l’assassinat de l’un de leurs principaux promoteurs : Itzhak Rabin. Son assassinat politique, commis par un étudiant israélien, a causé la destruction finale des négociations de paix.

Bien entendu, le mouvement national palestinien a été, lui-même, miné en son sein par des tensions, des dissensions et autres rivalités intestines qui ont abouti à la montée en puissance du Hamas et du Djihad islamique.

Ce rappel n’a d’autre but que de montrer que même si les promoteurs des accords d’Oslo étaient issus des parties concernées au premier chef (les Israéliens et les Palestiniens), et même s’il existera toujours des obstacles objectifs pour entraver tout processus de paix, tels que le statut de Jérusalem, la question des réfugiés palestiniens ou encore les colonies israéliennes en Cisjordanie, on ne comprend pas pourquoi les puissances mondiales, comme l’Union européenne et les Etats-Unis, refusent aujourd’huide parrainer un nouveau processus de paix.

L’incompréhension est d’autant plus grande devant leur inertie coupable qu’il a toujours été de tradition, notamment aux Etats-Unis, d’initier régulièrement des processus de ce genre. Je ne parle pas évidemment des anciennes administrations Carter et Clinton.

Ce qui est surprenant, c’est que même l’ancienne administration Bush, qui s’est portant gravement compromise dans la guerre en Irak, laquelle a été extrêmement dévastatrice et impopulaire dans les pays arabes, a su organiser la conférence d’Annapolis en 2007 qui officialisa la notion de la « solution des deux Etats » dans le cadre de la résolution du conflit israélo-palestinien.

Qu’est-ce qui explique l’incapacité de l’administration américaine actuelle à faire de même, si ce n’est pour préserver le prestige des Etats-Unis et leur statut dans le monde ?

Il va sans dire que le fossé entre le Grand Sud et le monde occidental s’est élargi dans le sillage sanglant, dramatique, de ce conflit au Proche-Orient. Il aurait été prioritaire pour l’Administration Biden de peser de tout son poids dans le rétablissement du dialogue entre les deux parties, à travers une initiative diplomatique qui aurait favorisé une certaine stabilité, tout en ouvrant la voie vers un processus de paix.

Il est difficile d’expliquer une telle léthargie stratégique en faisant valoir des considérations électoralistes ou l’influence du lobby pro-israélien, car cette administration a eu quand même le temps de mener à bien une telle initiative, bien avant que ne survienne l’attaque du Hamas, le 7 octobre dernier.

Personne n’aurait protesté contre une belle initiative de paix, d’autant plus que les choses commençaient à échapper à tout contrôle avec la montée au pouvoir de l’extrême-droite en Israël, l’accélération de la colonisation israélienne et l’augmentation des actes de violence en Cisjordanie et à Jérusalem.

Un processus de paix aurait été un « minimum requis » pour éviter que la situation ne devienne inextricable et incontrôlable, comme c’est hélas le cas aujourd’hui.

Pourtant, les Etats-Unis, imprégnés de l’idéal wilsonien, ont été les premiers à réclamer une transcendance de la démocratie et du droit international sur les intérêts nationaux dans toute politique étrangère.

Qu’en est-il alors de l’Union européenne et de ses pays phares, notamment des deux locomotives que sont la France et l’Allemagne ? Force est de constater qu’elles non plus n’ont rien mis en oeuvre pour favoriser une initiative de paix entre Palestiniens et Israéliens, malgré leur grande expérience en la matière au Proche-Orient, leurs positions louables condamnant la colonisation israélienne, et leur soutien financier et au développement consenti en faveur de l’Autorité palestinienne.

Il reste les nouvelles puissances, telles la Russie et la Chine, qui sont des pays émergents. Bien que n’ayant pas l’expérience de l’Union européenne et des Etats-Unis en matière d’initiatives de paix au Proche-Orient, elles ont toutefois leur mot à dire. Il peut sembler logique d’affirmer que ces nouvelles puissances ne sont pas assez fortes pour imposer un processus de paix, loin de leurs zones d’influence dans le monde.

Mais le monde est devenu multipolaire, et c’est là où le bât blesse. Les Etats-Unis et l’Europe voient leur influence diminuer et s’efforcent de faire face à des adversaires de taille dans plusieurs théâtres d’opération (Sahel, Moyen-Orient, Asie du Sud-Est).

Des pays au Moyen-Orient observent avec inquiétude la montée de menaces qui deviennent, pour eux, existentielles. Ils cherchent, avec la bienveillance des puissances mondiales, à nouer des alliances pour les contrecarrer. C’est ainsi que la cause palestinienne ne constitue plus le ciment des relations entre les pays arabes, qui redoutent plus que tout « la menace iranienne ».

Le monde est donc entré dans une ère nouvelle où prédominent des alliances stratégiques : l’alliance entre les Etats-Unis, Israël et l’Europe qui se dresse contre l’axe Iran-Chine-Russie. Le monde ressemble aujourd’hui à l’Europe avant la Première Guerre mondiale, lorsqu’elle était en proie à des coalitions rigides, ce qui provoqua le cataclysme historique que l’on connaît.

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N’oublions pas que l’Arabie saoudite était sur le point de conclure une alliance avec Israël, juste avant que l’attaque sans précédent du Hamas ne remette tout en cause.

C’est ainsi qu’on peut remonter aux initiatives stratégiques de l’ancienne administration Trump, qui lança une série d’accords appelés abrahamiques. Ce sont en fait des accords de normalisation entre un groupe de pays arabes comme le Bahreïn, les Emirats Arabes Unis, le Soudan et le Maroc et Israël.

On voit bien ainsi que des coalitions entre un groupe de pays arabes et Israël ont commencé à se former pour faire face à d’autres coalitions regroupant l’Iran, la Russie et la Chine. Des pays comme la Corée du Nord et le Qatar se sont rapprochés de la dernière coalition, tandis que l’Europe, le Japon et l’Inde ont rejoint la première.

Devant ce monde d’alliances égoïstes, dictées uniquement par des considérations stratégiques et sécuritaires, la cause palestinienne et le processus de paix israélo-palestinien ont été malheureusement rangés dans les tiroirs. Ils ne sont plus une priorité dans ce monde de coalitions dangereuses.

Aussi bien Israël que les Etats-Unis surveillent de près l’alliance Iran-Chine-Russie, en considérant le Hezbollah et le Hamas comme de simples « proxys » de l’Iran. Ces pays ne réagissent qu’à des considérations sécuritaires, en ayant une vue étroite de leur intérêt national.

C’est pour cette raison que les attaques des Houthis en mer Rouge les ont fait réagir très rapidement. Les Etats-Unis ont été les premiers à dégainer. Ils ont alors annoncé, le 18 décembre, la formation d’une coalition de dix pays (Bahreïn, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Seychelles) dénommée « Prosperity Guardian».

Puis, l’Europe a annoncé que les 27 Etats-membres de l’Union européenne allaient rejoindre cette Coalition militaire en mer Rouge.

L’Union européenne contribuera à la Coalition annoncée par les États-Unis en recourant à la Mission Atalanta, qui est une opération militaire et diplomatique initiée par la France et mise en œuvre par l’UE dans le cadre de la Force navale européenne (Eunavfor).

On voit bien comment des coalitions agissent face à des menaces directes et ne cherchent nullement à traiter les causes profondes des conflits comme celui du Proche-Orient.

Ainsi, malgré la gravité de ce conflit, l’ampleur de la crise humanitaire provoquée par les offensives israéliennes dans un territoire complètement encerclé, les pays de la région et les puissances mondiales adoptent une posture attentiste et observatrice et non une action commune pour sortir le monde de cette effroyable tragédie.

Le monde multipolaire accule les puissances jadis régulatrices, imposant leurs idéaux et leurs principes, selon la vision wilsonienne, à un jeu de puissance basé sur des alliances dirigées contre d’autres alliances.

La guerre en Ukraine a renforcé cet état de fait. Les Etats-Unis et l’Europe ont créé une sorte d’alliance transatlantique contre la Russie et ont cherché à fédérer le reste du monde au sein de cette alliance. Dans ce sillage, le Grand Sud a pris l’exacte mesure de la politique « du deux poids deux mesures » de l’Occident concernant les évènements géopolitiques dans le monde.

Lorsque l’UE a exhorté les pays du Grand Sud à soutenir sa condamnation des opérations militaires russes en Ukraine, alors que les appels de la communauté internationale à s’indigner et sanctionner les violations graves du droit humanitaire international par Israël à Gaza n’ont trouvé aucun écho, ni sur le Vieux Continent ni aux Etats-Unis, le Grand Sud a compris qu’il n’y avait aucune politique mondiale et multilatérale, mais simplement des alliances et des coalitions dirigées contre des pays ou d’autres alliances.

C’est alors que la plupart des pays africains ont surpris l’Europe lors du vote de l’Assemblée Générale des Nations unies sur « l’Agression en Ukraine » en mars 2023, en s’abstenant de voter. Ces mêmes pays regardent aujourd’hui l’Europe, complètement paralysée, pour prendre une position claire afin de mettre fin au massacre génocidaire par l’armée israélienne de la population palestinienne à Gaza.

Toute cette situation a créé un monde où se creuse inexorablement un immense fossé entre le Grand Sud et les pays du Nord, traversé par un tissu d’alliances sécuritaires qui ne vont pas garantir la paix et la sécurité mondiale, bien au contraire… Elles vont contribuer à augmenter les tensions entre les membres de ces alliances antagonistes. L’axe Etats-Unis-Europe-Israël-Inde contre l’axe Chine-Russie-Iran.

C’est une situation en tout point comparable à l’état de l’Europe avant la Première Guerre mondiale, lorsque la Triple-Alliance, composée de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie contre la France, poussa celle-ci à s’allier avec la Russie et le Royaume-Uni pour former la Triple-Entente.

Ainsi, tout converge vers une instabilité mondiale en l’absence d’un véritable système de sécurité collective avec la formation d’alliance sécuritaires. C’est vraiment cela qui ne permet ni aux Etats-Unis, ni à l’Europe, ni aux pays émergents de s’intéresser à la résolution du conflit israélo-palestinien, bien qu’il soit tragique et problématique pour la sécurité mondiale.

Entre le défunt monde bipolaire, qui a complètement disparu, et l’avènement du nouveau monde multipolaire, le conflit au Proche-Orient est devenu un problème « préhistorique » sur un échiquier mondial où chaque pays ne cherche qu’à préserver ses intérêts et sa survie, pendant que les anciennes puissances s’efforcent par tous les moyens d’endiguer leur déclin stratégique.

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One Comment

  1. les magiciens de la maison blanche veulent croire aux gens que le problème commence le 7 octobre,
    avant le 7 octobre, le monde n’existait pas.

    Les sionistes ne peuvent pas rester en Palestine sans la securité, parce qu’ils sont des gens etrangés sans aucune liaison avec la terre.

    Les sionistes veulent une Palestine qui les protège
    Les Palestiniens protegent leur Palestine..

    à la fin , qui restera ?

    Les magiciens, de la maison blanche, veulent un destin pour les Palestiniens semblable à celui des indiens d’amerique. à cette epoque, c’etait les fleches empoisonnées,

    Les croyants respectent l’ennemi juste, et ne s’inclinent que devant la force divine.

    L’amerique, avec toute sa quincallerie dans le ciel, croie avoir maitriser la troisieme dimension.
    cette troisième dimension cache encore des surprises.

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