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La subdivision de l’âme et son éducation spirituelle

Dans cette seconde chronique, Lyess Chacal expose la complexité de l’âme humaine en s’appuyant sur des réflexions théologiques et philosophiques. Il présente une classification tripartite de l’âme, évoque les obstacles à la purification spirituelle et souligne l’importance du repentir dans ce processus.. Écrivain et auteur de plusieurs ouvrages inspirants, il est également fondateur et directeur des éditions Oryms, ainsi que docteur de l’Université Paris IV Sorbonne.

La triple subdivision de l’âme

L’âme humaine est classée en trois grandes catégories :

  1. L’âme insatisfaite, encline aux désirs et aux passions.
  2. L’âme apaisée, qui a atteint un état de sérénité et de proximité avec Dieu.
  3. Une catégorie intermédiaire, qui oscille entre ces deux états et qui doit être guidée pour s’élever spirituellement.

Lyess Chacal souligne la subtilité de cette classification, notamment dans les traditions philosophiques et mystiques médiévales. L’âme (nafs) est souvent assimilée à d’autres concepts tels que l’esprit (rûh), l’intellect (‘aql) ou encore le cœur (qalb), ce dernier étant considéré comme l’organe essentiel de la spiritualité. Cette complexité dans la définition de l’âme nécessite une étude approfondie pour mieux comprendre ses influences et ses contradictions.

Lutte intérieure : ruses et vices de l’âme

L’âme est dotée d’une double nature :

  • Une nature angélique, tournée vers le bien et la recherche du divin.
  • Une nature démoniaque, sujette aux passions et à l’éloignement spirituel.

Lyess Chacal s’appuie sur la pensée d’Al-Ghazâlî pour illustrer cette dualité à travers l’image de l’argile originelle. Selon ce dernier, l’argile qui compose l’homme contient à la fois le bien et le mal, et ces éléments sont intimement liés. Il est impossible de séparer totalement ces deux composantes après la création. Cette vision souligne que l’homme porte en lui une lutte perpétuelle entre ses inclinations spirituelles et ses penchants matériels.

La tradition philosophique de Platon est également évoquée, notamment avec l’image de l’attelage composé de deux chevaux :

  • Un cheval blanc, qui symbolise la noblesse et l’élévation spirituelle.
  • Un cheval noir, représentant les instincts et les désirs.

L’homme doit apprendre à maîtriser son attelage pour diriger son âme vers le bien et éviter qu’elle ne soit submergée par ses pulsions négatives. Cette idée rejoint celle des penseurs médiévaux, qui comparent l’éducation de l’âme à celle d’un cheval rétif : il faut la dompter pour la guider vers la vertu.

Les feux de la purification : le repentir comme voie de retour

Lyess Chacal met en avant un concept central de la spiritualité : la purification de l’âme à travers le repentir. Selon Al-Ghazâlî, deux types de feu permettent de purifier l’âme :

  1. Le feu du regret : Il représente le processus intérieur de prise de conscience et de repentir. Lorsqu’un individu reconnaît ses fautes et cherche à se rapprocher de Dieu, il entreprend une démarche de purification.
  2. Le feu de la Géhenne : Il symbolise la conséquence ultime pour ceux qui ne parviennent pas à purifier leur âme. L’orateur souligne la nécessité d’éviter cette voie en adoptant une introspection sincère et en se réformant spirituellement.

L’étymologie du mot arabe Tâba (se repentir) est également analysée. Construit sur le même schème que râja‘a (revenir), ce verbe implique un retour vers un état originel de pureté et de proximité avec Dieu. L’objectif du repentir est donc de rétablir une relation saine et authentique avec le Créateur.

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Éduquer son âme pour mieux l’appréhender

Lyess Chacal insiste sur un point fondamental : l’âme peut être une ennemie qu’il faut apprendre à maîtriser. Il ne s’agit pas de la nier ou de la combattre violemment, mais de l’éduquer et de l’apprivoiser. Cette idée rejoint la nécessité de la discipline spirituelle et de l’introspection régulière.

L’éducation de l’âme repose sur deux éléments essentiels :

  • La connaissance des obstacles : Identifier les ruses et les illusions de l’âme permet d’éviter les pièges de l’égo et des passions.
  • La mise en œuvre de solutions spirituelles : Le cheminement intérieur implique la pratique du dhikr (rappel de Dieu), de la méditation, et l’adoption d’une discipline rigoureuse pour se purifier progressivement.

L’âme étant en perpétuel mouvement, elle nécessite un travail constant pour se rapprocher de la sérénité et de la lumière divine.

La quête du retour à Dieu

L’un des messages clés de cette intervention est que l’homme est un étranger sur terre (gharîb). Son existence terrestre est temporaire, et son objectif ultime est de retourner à sa demeure principale : la proximité divine. Cette notion, omniprésente dans la spiritualité islamique, rappelle la nécessité de ne pas s’attacher excessivement au monde matériel et de toujours chercher à s’élever spirituellement.

Pour cela, il est essentiel d’adopter une vision éclairée de son âme, de reconnaître ses failles et de s’efforcer de les corriger. Cette introspection permet de développer un cœur pur et sincère, en accord avec la volonté divine.

Conclusion et perspectives

L’intervention met en lumière l’importance de considérer l’âme sous ses différentes facettes et d’adopter une approche équilibrée entre connaissance de soi et purification spirituelle. L’homme doit être conscient des obstacles qui entravent son cheminement et se donner les moyens de les surmonter à travers des pratiques spirituelles adaptées.

Dans la prochaine intervention, l’orateur abordera plus en détail les vices blâmables et les remèdes préconisés pour s’en préserver. Cette exploration permettra d’affiner encore davantage la compréhension de l’âme et des moyens concrets pour progresser vers un état de sérénité et de proximité avec Dieu.

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