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La série, l’imam et le profane

[Question d’un profane : c’est quoi être musulman, aujourd’hui ?]

Réponse de l’imam –

Il est admis par tous que le terme “musulman” est une ramure du mot aslama (soumission/pacification). Mais une fois que l’on a dit ça, et eu égard au chaos que connaissent certains pays musulmans, on est en droit de se demander si cette définition peut suffire mais aussi, et surtout, si ces pays peuvent encore se dire musulmans, c’est-à-dire s’ils sont capables de faire advenir des individus-pacifiés ? Faisons une enquête à partir des sources que sont le Coran et la sainte coutume prophétique (Sunna). 

Un musulman c’est avant tout quelqu’un qui répond à un appel, celui d’un Absolu qui le dépasse. En effet, notre conscience sent qu’elle doit répondre à des valeurs qui la transcendent. Dès lors, cette âme se sent dans l’obligation d’agir pour le Bien et la Vérité jusqu’à les incarner. 

[ « Vous qui croyez, répondez positivement à Dieu et à Son Envoyé, quand il vous appelle à ce qui vous redonne la vie ». Coran 8.20]

Il y en a qui refusent cet appel et se déclare contre le Vrai ou la Réalité vraie (Al Haqq). Et nous pensons, comme d’autres, que la liberté au sens métaphysique se situerait dans cette réponse donnée par la conscience humaine, et ce n’est que par la suite que cette réponse nous engage. Ce qui montre bien que liberté et détermination ne s’opposent pas mais qu’elles s’allient entre elles pour faire de nous des hommes et des femmes libres et engagés. 

Ce qui me permet d’ouvrir une (longue) parenthèse, en rappelant que les débats interminables entre certains théologiens ach’arites (chantres de la prédestination) et les théologiens mu’tazilites (chantres de la liberté d’agir), opposant les versets du Coran et les aphorismes du Prophète (ç) les uns aux autres, sont devenus inopérants dans le monde organique tel que nous le connaissons aujourd’hui. C’est pourquoi un Adnan Ibrahim, voulant démontrer la caducité des corpus réunissant les propos du Prophète (ç) au seul fait qu’il y aurait des contradictions dans et entre ces corpus (Sahih Boukhari et Mouslim), n’a pas perçu que la contradiction relevait davantage de la complémentarité et de la complexité, en tout cas sur cette question de la liberté et de la prédéstination. 

Par ailleurs, et ce depuis la théorie des Quanta, la physique nous enseigne que la nature de la lumière, par exemple, est constituée à la fois d’ondes et de particules, deux états pourtant opposés et contradictoires. Il n’y a pas dualité mais complémentarité. Il existe donc des réalités se situant au-delà de la dualité. C’est pourquoi une des représentations de Dieu dans le Coran est la lumière, Lui qui n’est pas sujet à la dualité : 

[« Dieu est la lumière des cieux et de la terre ». Coran 24.35]

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Mais revenons à notre enquête ! Le musulman est toujours évoqué dans le Coran comme possédant des valeurs morales et attaché au culte du Dieu Unique comme seule Réalité-vraie, Mohammed Iqbal, lui, préfère parler de la Réalité ultime. Or aujourd’hui, les fossoyeurs de la religion musulmane, pour la plupart musulmans eux-mêmes, veulent le réduire à un compulsif obsessionnel cherchant l’additif alimentaire licite partout et tout le temps. L’humanité est au bord du précipice et une grande majorité de musulmans d’Occident ne proposent rien d’autres que de surveiller les composants de notre alimentation. Ce qui est dramatique c’est qu’ils cultivent un analphabétisme qui nous empêche de lire le monde tel qu’il est et d’y voir les dangers qui menacent l’Homme ; « l’ennemi (Satan) a perdu espoir de vous emmener vers le culte grossier des idoles, rappelle le Prophète (ç), mais il ne désespère pas de vous perdre grâce à vos petites affaires et à cette obsession du détail ». Nous devenons de plus en plus aveugles aux signes des temps, malgré l’avertissement du Coran :

[« Seigneur, pourquoi me rassembles-Tu aveugle alors que j’avais la vue (sur terre) »? Et Dieu répondra : C’est ainsi. Notre signe t’es venu, tu l’as oublié. De même en ce jour es-tu l’oublié. Coran 20.125]

Le mu Le musulman coranique est un être essentiellement éthique grâce à sa volonté d’incarner les valeurs divines comme la droiture, l’honnêteté, la générosité, l’équité, etc. ; mais il devra aussi, aller chercher sa libération à travers un effort d’ascèse devant l’aider à s’arracher aux attraits du monde. Il devra être dans le monde sans se confondre avec lui. Cette réalité est résumée dans un hadith peu ou mal connu :

[ Quand Dieu veut du bien à son serviteur, il suscite en son for intérieur une conscience morale (un exhortateur) qui lui dit d’agir ou lui interdit de faire (telle chose)]

Dieu ne Veut du bien que pour un homme de bien, car « Dieu n’ordonne jamais la turpitude » rappelle le Coran. De là, on peut comprendre aisément que c’est l’Homme-éthique dont il est question et non pas de l’Homme famélique que chacun d’entre nous peut devenir sur le plan moral. Le rite est très important pour un musulman. Le mot rite vient du sanskrit « Rita » qui signifie « ce qui est conforme à l’ordre » et on sait à quel point le Coran dénonce le désordre et ceux qui s’appliquent à le créer. Ainsi, et cela pourra choquer beaucoup d’entre nous, mais celui qui prie et par ailleurs, participe au désordre, ne pratique pas un rite au sens traditionnel mais une forme de paganisme. Beaucoup de propos du Prophète (ç), rappellent ce phénomène de subversion et de sabotage par les tenants mêmes de l’Islam, et ce sera notre dernier point. 

Nous avons un hadith, très connu celui-là, où le Prophète (ç) annonce qu’il arrivera un temps « où la maman enfantera sa maîtresse ». Parole symbolique et dont il faut décrypter son sens véritable. Pour certains connaissants, cette prophétie annonce le surgissement d’une génération qui rompra avec un certain savoir ou une certaine connaissance pour lui en préférer une autre. Pour cela, il faudra pénétrer le temple du savoir traditionnel pour en subvertir méthodiquement le cœur et faire naître l’homme-nouveau tant attendu par certains. Notre époque, nous invite à la plus grande prudence vis-à-vis des savoirs et de certains qui les dispensent ; surtout si, comme le loup, l’éducateur prend l’apparence d’un agneau. Et comme le disait le regretté maître Azhari Mohamed A. DRAZ, « une vérité mal vêtue passera toujours moins bien qu’un mensonge bien vêtu ».

Voilà cher profane, une tentative de réponse à ta question initiale, et sache que le savoir absolu n’appartient qu’à Dieu.

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