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La force du lien (partie 2/2)

 Une déficience conceptuelle inhérente à toute communauté humaine tend à annihiler l’homme « individu » ou l’homme par lui-même au détriment du monde dans lequel il vit. Ce que j’appelle le transfert subi par l’histoire du « moi » au « nous ». Cette attitude comporte un danger car elle véhicule une unité globalisante peu respectueuse des différences. Comment percevoir les distinctions inter-communautaires dans la mesure où nous ne voyons pas les particularismes de l’univers au sein duquel nous évoluons. Le mythe du « nous », la communauté, la collectivité avec ses conventions, ses affirmations véhémentes et pathétiques, ses exaltations guerrières, produit une nouvelle image de l’homme inspirée par le groupe d’appartenance. Dès lors, tous les clichés, toutes les présentations partielles et partiales deviennent possibles et permises. La mode des identités nationales, s’enracine également dans cette thèse. Par pure commodité, l’hypothèse de la co-existence communautaire trouve sa légitimité. Ainsi, l’autre, au nom de la différence, devra toujours rester différent car nous devons le respecter comme tel. Le jour où il s’avère moins différent, il ne peut plus rester autre mais devenir « nous ». Ainsi est fondée la logique de l’intégration/assimilation.

Si l’on relativise le mythe du « nous », l’unité globalisante se montrera plus réceptive aux apports de l’autre.

Apport de la laïcité à l’Islam de France :

La pratique inédite d’un Islam minoritaire, vécu en milieu sécularisé conduit à une :

1- privatisation de la sphère religieuse : l’acte cultuel détient la primauté sur l’acte formel ; désormais, ce n’est plus l’Etat qui détermine le cadre juridique au sein duquel l’islam va se mouvoir mais chaque musulman devra fixer ses propres règles en conformité avec sa tradition spirituelle et culturelle.

2- Emergence d’un Islam de culture française vécu de manière plus souple, moins conventionnelle. Feu cheikh Abbas affirmait que parce que la société française est imprégnée de laïcité, il est plus aisé à un musulman de vivre sa foi.

L’analyse historique et sociale légitime l’enracinement de l’Islam de France :

A titre récapitulatif, une étude historique met en relief quatre idées essentielles :

1- la diversité d’être et de faire de l’Islam de France, il n’existe nulle part au monde un Islam monolithique, ce qui signifie la primauté de l’histoire sur le dogme pour qui veut comprendre le rôle et la place de l’Islam de France.

2- L’enracinement (et non l’implantation) historique de l’islam de France et non en France.

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Enracinement veut dire présence définitive au sein de l’espace socio-culturel français ; cette situation résulte d’une rencontre de deux traditions qui plutôt que stigmatiser leurs différences, recherchent des points de convergence.

Le vocable implantation fait implicitement allusion à la transposition d’un bloc constitué d’un monde à un autre. Autrement dit, l’implantation consisterait à reproduire des us et coutumes émanant d’ailleurs, ce qui ne correspond nullement à la volonté majoritaire des musulmans de France.

3- La force du lien permet le dépassement de tous les antagonismes.

Si l’on recherchait en permanence le lien qui unit les musulmans et les non musulmans de France, toutes les difficultés s’aplaniraient aussi vites qu’elles ont été créées.

4- La nécessité du développement d’un Islam endogène suppose deux conditions :

a) la constitution d’une structure significative (par exemple l’harmonisation des tendances majoritaires), ce que le débat sur la consultation des musulmans de France devrait instaurer.

b) La création d’un espace d’expression scientifique de l’Islam qui pourrait prendre en charge la formation d’imâm résidant en France et donc parfaitement imprégnés de la culture française

Puisse ces paroles, extraites du livre de l’éternité de Mohammed Iqbal, susciter quelque humilité chez ceux qui se considèrent comme les détenteurs patentés de leur portion de territoire par rapport à ceux qu’ils qualifient d’envahisseurs parce que nés ailleurs sur une autre terre…

« L’histoire de l’homme en Orient comme en Occident, consiste en combats, querelles, insurrections, pour une poignée de terre !
La terre est comme une jeune mariée, et nous sommes tous ses époux, cette sorcière est en même temps avec tous et sans personne.
Sa coquetterie n’est que ruses et roueries ».

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