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Être musulman aux Etats-Unis, 12 ans ans après le 11-Septembre

Commémorer le 11 septembre en promouvant l’unité des communautés dans leur diversité

« E Pluribus Unum », telle est la devise des Etats-Unis : des nations, des religions et des ethnies différents peuvent se scinder en une seule et même communauté, que sa diversité rend justement plus forte. À l’approche de la 12ème commémoration des événements du 11 septembre 2001, il serait utile de réfléchir aux initiatives que les musulmans américains pourraient prendre pour continuer à mettre en avant cette notion d’unité dans la diversité qui fait avancer notre société.

Mariés et tous deux engagés dans le domaine du dialogue interreligieux et de la communication interculturelle, nous nous souvenons encore du matin où nous avions appris l’effroyable nouvelle à propos du premier avion qui s’était projeté contre les tours jumelles. Comme pour le drame d’Oklahoma City, nous avions eu alors le réflexe de penser que des musulmans allaient être accusés à tort de ce terrible attentat. Or à mesure que cette épouvantable matinée avançait, nous apprenions que les auteurs des attentats étaient 19 hommes d’origine arabe – et qu’ils avaient agi au nom de l’islam. Notre inquiétude s’était alors transformé en véritable choc. Tandis que nous entendions, aux actualités, que des musulmans (et ceux qui étaient perçus comme tels) faisaient l’objet de représailles, nous nous étions mis à craindre pour la sécurité de nos familles et de nos amis musulmans. 

Mais heureusement, un peu partout dans le pays, des gens se mobilisèrent pour se montrer solidaires de la communauté musulmane et la défendre. Des Femmes de religions différentes s’étaient mises à porter le voile, en solidarité avec les musulmanes voilées, qui devenaient des cibles et se faisaient harceler. Des responsables religieux condamnèrent les actes de vandalisme contre les mosquées, et puis il y eut la visite du président George W. Bush au Centre islamique de Washington. 

D’une certaine manière, les premiers mois qui suivirent ces événements tragiques, furent plutôt rassurants pour un grand nombre de musulmans américains. L’énorme soutien, qui s’était déployé alors, rappelait en permanence aux musulmans que leur loyauté envers l’Amérique n’était pas mise en doute.

Aujourd’hui, après douze ans et deux guerres, il semblerait en revanche que les discours antimusulmans sont plus facilement tolérés dans la sphère publique. Le ton s’est durci ; les musulmans américains ont de plus en plus tendance à être sur la défensive. Mais ils surmontent ces difficultés de différentes manières, en tâchant de rester positifs : ils ont notamment réagi avec enthousiasme à l’esprit d’inclusion et de diversité de la conférence qui vient de marquer le cinquantenaire de l’Islamic Society of North America, réunissant tout un éventail de la communauté musulmane américaine – qui est une des plus diverses au monde. 

Cette conférence a revêtu un caractère plus inclusif que ses éditions précédentes. On y a notamment abordé les thèmes du respect des personnes âgées, de l’intégration à part entière des handicapées et des musulmans non hétérosexuels. Les groupes d’experts présents à la conférence comprenaient des responsables religieux chrétiens et juifs et la session plénière a été consacrée au rapprochement entre sunnites et chiites. 

Ce n’est qu’un début, mais nous pourrons faire encore davantage dans les semaines à venir.

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Premièrement, il faut cesser de blâmer toute une communauté pour les actions d’un individu ou d’un groupe isolé, issus de celle-ci. Depuis les événements du 11 septembre 2001, cette stigmatisation constitue un véritable fardeau pour les musulmans. Cette suggestion s’applique aussi aux musulmans, qui parfois se focalisent exagérément sur les voies antimusulmanes les plus virulentes. 

Deuxièmement, il est important de faire preuve de bonne volonté. Certains mots, certaines actions, aussi offensants qu’ils puissent être, sont parfois pas intentionnées. Ils proviennent souvent de personnes naïves qui blessent sans le vouloir. En encourageant les autres à adopter un esprit positif, on peut « transformer les murs en tables » pour reprendre les propos d’une éminence du monde musulman. 

Troisièmement, parlons de nos expériences personnelles ! Les arguments et les faits trouvent toujours un écho. Quand il s’agit de compréhension et d’acceptation, la seule chose qui compte, c’est la reconnaissance mutuelle de l’humanité de l’autre. C’est le caractère humain du célèbre discours de Martin Luther King – dont on a également célébré le cinquantenaire le mois dernier – qui l’a rendu si persuasif. Il faut prendre le temps d’apprendre et de réfléchir au vécu des autres. Partageons donc nos histoires, quand nous en avons l’occasion ! 

Quatrièmement, trouvons une cause commune ! Parfois, le meilleur moyen de s’unir n’est pas de se retrouver face à face, mais côte à côte. Il faut écarter ce qui divise les uns et les autres. Arrêtons de nous disputer ! Cessons de parlementer : cela conduit souvent à plus de divergences. Trouvons plutôt des causes et des intérêts communs pour lesquels nous pourrons œuvrer ensemble. Rien de tel qu’un objectif commun à atteindre pour rassembler des gens d’origines différentes. 

Vivre dans une nation pluraliste est un travail de longue haleine, qui évolue en permanence. Les cinquantenaires du mois dernier montrent que nous sommes sur la bonne voie. Aujourd’hui, nous, les musulmans américains, nous pouvons prendre de nombreuses initiatives pour mettre en avant la notion de la diversité et de l’inclusion qui a animé l’histoire de l’Amérique. 

En partenariat avec le CGnews

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