La religion s’oppose fermement à toute discrimination fondée sur la couleur, la race ou la classe, car elle considère tous les êtres humains comme la création de Dieu et tout pays comme Sa patrie. Elle distingue toutefois les croyants dont la foi doit être attestée par de continuelles bonnes œuvres en vue de transformer la planète en Paradis, et les non-croyants, sans foi ni loi, semant, sans vergogne et sous toutes ses formes, la corruption sur terre. Car comme ils ne croient pas en l’au-delà, certains cherchent à tout prix à assouvir des besoins égoïstes immédiats, sans prendre en compte l’avenir des générations futures ni l’équilibre de la planète. L’être humain est doté de l’aptitude de manier la matière mais il ne devrait en aucun cas lui vouer un culte quelconque qui le dégraderait de sa dignité. L’être humain et la Création sont inféodés, volontairement ou involontairement, à l’Unique Créateur de l’univers. La croyance de ceux qui s’égarent dans les contradictions de leurs propres systèmes va vers le néant. Ils se consacrent à vénérer une doctrine qu’ils ont élaborée de par leur intelligence, à l’instar des idolâtres qui n’adorent que leur propre œuvre :
Le champ de la foi demeure néanmoins ouvert : des croyants peuvent perdre leur foi et passer de l’autre coté de la barrière ; inversement, des athées récalcitrants peuvent, à la suite de circonstances exceptionnelles, devenir de fervents croyants. L’osmose est dynamique entre les deux mondes. C’est la raison pour laquelle, Dieu Seul est en mesure de juger véritablement les êtres humains, alors que le jugement humain demeure partial, relatif et impropre. Ceux qui se posent en redresseurs de tort, il n’y a qu’à leur rappeler ces recommandations de Jésus, prière et salut de Dieu sur lui, qui méritent d’être médités :
« Ne vous posez pas en juge, avait dit Jésus, afin de ne pas être jugés, car c’est de la façon dont vous jugez qu’on vous jugera, et c’est la mesure dont vous vous servez qui servira contre vous. Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la vois pas ? Alors comment vas-tu dire à ton frère : « Attend ! que j’ôte la paille de ton œil ? ». Mais voilà, la poutre est dans l’œil ! Homme au jugement perverti, ôte d’abord la poutre de ton œil et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère ».(Matthieu 7.1 à 15)
Par ailleurs, il n’y a pas de dualité entre la religion et les sciences. La contradiction apparente, due à des erreurs historiques commises par l’Eglise, pourrait être surmontée dans l’avenir en revenant au respect des lois universelles et en retrouvant un espace supérieur où coexisterait la religion avec les autres champs de la connaissance. Jamais la démonstration par la science ne peut être source de sectarisme, mais une voie complémentaire par laquelle l’être humain peut découvrir une autre image de la réalité et renforcer sa foi.
Normalement, si la religion demeurait authentique aux messages originaux des prophètes, notamment le message de Sidna Ibrahim (Abraham, bénédiction et salut de Dieu sur lui), ancêtre de tous les prophètes, il n’y aurait nulle incompatibilité entre la foi et la raison, et donc avec les sciences et techniques. Cependant, quand la parole des prophètes, transmise par plusieurs chaînes, est déformée de son sens initial, sa consistance et son homogénéité se trouvent alors altérées. Les contradictions s’introduisent progressivement. Elles constituent alors des sources de subversion entre croyants. Diverses idéologies et sectes naissent et se multiplient. Elles érigent alors des dogmes figés qui finissent par entraver la libre recherche pour maintenir les façades d’un édifice originellement erroné.
Au Moyen Age, l’Eglise avait soumis l’être humain à un Dieu conçu sur la base de quelques mythes religieux de l’ancienne Grèce. Or les dieux grecs avaient une relation hostile avec l’être humain. Les grecs croyaient qu’ils s’opposaient fermement à l’accession de l’homme au Feu Sacré, à l’acquisition des connaissances et à la force. Ils voyaient en lui un rival qui devait être contrôlé par tous les moyens possibles. Ils avaient peur qu’il ne maîtrise ces forces et qu’il ne soumette la nature à son profit.
Selon cette approche, l’histoire du Paradis d’Adam fut présentée comme une tentative faite par Dieu pour maintenir l’homme dans l’ignorance. On représentait l’Arbre Interdit dont l’homme était censé ne pas en manger les fruits, comme un arbre du Savoir, dont il ne devait absolument pas s’approcher de crainte qu’il ne s’érige en Dieu.
Bien plus, on croyait que la désobéissance d’Adam était un péché éternel et le signe de la perversité complète de la nature humaine. Finalement, pour sauver l’homme et le délivrer de son péché originel, Dieu avait dû apparaître Lui-Même dans le corps de Jésus-Christ à travers le Saint Esprit. La spiritualité devint donc la spécialité des successeurs de Jésus et des hommes de l’Eglise.
De ce point de vue, l’homme est un pécheur méprisable. Et seuls les ecclésiastiques méritent la bénédiction divine. La clé des trésors cachés étant entre leurs mains, on doit s’approcher d’eux pour son salut.
La connaissance fut confinée aux doctrines chrétiennes et toutes les facultés intellectuelles furent vouées à la discussion et à l’interprétation des textes religieux. La vertu résidait donc dans l’attachement à l’organisation de l’Eglise établie.
Telle fut la position de l’homme dans l’Occident avant la Renaissance. Par ailleurs, durant la période allant du XIIIe au XVe siècle, l’Eglise a entrepris une campagne contre la science. Elle s’est efforcée d’écraser les mouvements scientifiques à travers l’Inquisition. A la suite du décret papal condamnant la science, des savants comme Galilée furent persécutés et forcés à renier la théorie du mouvement de la terre. Cette campagne a continué jusqu’à la dernière partie du XVIIe siècle. Cela a provoqué la réaction des scientifiques contre l’Eglise, lesquels œuvraient avec détermination en vue de l’avancement des sciences. Une vague antireligieuse violente s’en est suivi et a imprégné les pays occidentaux notamment depuis le XVIe siècle. Pour évoluer sans entraves, la culture scientifique s’est finalement débarrassée de l’intrusion de l’Eglise dans ses affaires. Cependant, elle a fini par généraliser la même perception négative à toutes les autres religions. Ainsi une erreur d’analogie et une comparaison entre la position spécifique de l’Eglise au Moyen-Age et l’attitude des autres religions a conduit de nombreux scientifiques à entreprendre une campagne en règle contre toutes les religions et à les rejeter en bloc. Ils sont allés jusqu’à inventer une doctrine dénommée « discorde entre la religion et la science ».
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