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Israël : la vidéo du terrifiant lynchage d’un migrant africain

La vidéo ci-dessous provient des caméras de surveillance de la gare routière de Beer-Sheva où, le 18 octobre dernier, un migrant érythréen, qui cherchait à se protéger d’une attaque indiscriminée à l’arme à feu par un jeune Palestinien, a été abattu puis lynché par une meute d’Israéliens déchaînés, dont une majorité de soldats, gardes de « sécurité » ou encore gardiens de prison.

Un premier extrait des caméras de surveillance avait été rendu public au lendemain de l’attentat, qui montrait partiellement comment le malheureux Haftom Zarhum, réfugié érythréen de 29 ans, avait été abattu par un employé de la gare routière, alors qu’il rampait à terre, cherchant comme d’autres usagers à se protéger des coups de feu. L’attentat, commis par un Palestinien israélien de 19 ans, Mohamed al-Okbi, avait causé la mort d’un soldat israélien et fait une dizaine de blessés (principalement des soldats et autres gardes armés), avant que l’assaillant ne soit tué à son tour sur place.

Le quotidien Haaretz est cependant parvenu à se procurer un extrait beaucoup plus long, celui que nous publions aujourd’hui, et infiniment plus terrifiant encore.

Zarhum était venu à Beer-Sheva pour déposer une demande d’asile, et il s’apprêtait à quitter la ville en autobus au moment de l’attaque.

Le nouveau document commence par ce que l’on avait déjà vu pendant quelques secondes, le garde tirant sur Zarhum déjà à terre, rampant.

Dix-sept secondes plus tard, un homme que le quotidien Haaretz a identifié comme étant un chauffeur d’autobus est vu en train de jeter une chaise sur le corps de Zarhum. C’est ce même individu qui avait eu l’impudence, au lendemain du drame, de déclarer à la presse qu’il avait au contraire essayé de protéger la victime d’un lynchage par la foule.

Au fil du document, on peut voir un nombre croissant d’Israéliens, souvent en uniforme (de l’armée, de l’administration pénitentiaire, d’entreprises de sécurité) participer à la curée sur l’homme à la peau brune baignant au sol dans son sang, lui donnant des coups de pied dans la tête, balançant du mobilier lourd sur son corps, lui crachant dessus.

Un homme, un seul –celui qui porte une chemise jaune- va essayer de s’opposer au lynchage, mais il est à son tour attaqué par la meute.

Ceux qui ne frappent pas hurlent et appellent au meurtre : « Mehabel » (« terroriste ! »), « Tuez-le », « Brisez-lui la tête ! », « Fils de p… ».

Alors que le lynchage se poursuit, Mohamed al-Mokbi, qui s’était mis dans un recoin, recommence à tirer, mais cela ne dissuade pas la foule de continuer à s’acharner sur Zarhum.

Le gouvernement israélien, qui avait été obligé de reconnaître le scandale à la suite de la publication du premier extrait de la vidéo-surveillance, a refusé d’accorder à Zarhum le statut de victime d’un acte terroriste, qui aurait permis à sa famille de toucher une indemnité. Et cela, au motif que Zarhum était un sans-papiers, signale au passage le site Electronic Intifada.

« Tirer d’abord, c’est l’essentiel »

Le sort de Haftom Zarhum cadre avec la multiplication des exécutions de Palestiniens dans les rues ces derniers mois, encouragées par les appels au meurtre des dirigeants israéliens.
discours incitatifs des dirigeants

Une vingtaine d’Israéliens ont été tués dans des attentats palestiniens depuis le mois d’octobre 2015, mais au cours de la même période, ce sont plus de 150 Palestiniens qui ont été abattus, dans le cadre d’une politique systématique de « tirer pour tuer ».

Les affirmations israéliennes, selon lesquelles la majorité des Palestiniens tués l’ont été alors qu’ils menaient des attaques sont plus que mises en doute par des observateurs indépendants, notamment une organisation israélienne de défense des droits de l’homme comme B’tselem.

Celles-ci ont montré que même en cas d’attentat avéré, leurs auteurs ont souvent été fusillés ou achevés alors qu’ils ne présentaient plus aucun danger immédiat.

Surtout, de nombreux cas ont été documentés prouvant qu’en Israël comme dans les territoires palestiniens occupés, beaucoup de Palestiniens ont été assassinés en l’absence de toute tentative d’attentat.

Mais la ministre suédoise des Affaires étrangères, qui a demandé une enquête sur la politique d’ouverture du feu par les forces israéliennes, s’est attirée une bordée d’injures et de menaces.

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Déni de soins médicaux

L’autopsie de la dépouille mortelle d’Haftom Zarhoum a conclu qu’il était mort des blessures causées par 8 coups de feu tirés par trois personnes différentes, sans que l’on sache de qui il s’agit en-dehors du garde que l’on voit au début de la vidéo.

Pourtant, en dépit de la sévérité manifeste de son état, le service d’urgences sanitaires (le « Magen David Adom », équivalent de la Croix-Rouge), rapidement présent sur les lieux, mettra près de 10 minutes avant de s’occuper de lui.

Et quand les infirmiers se décident enfin à évacuer le blessé, ce sont les émeutiers qui s’y opposent, obstruant la progression de la civière aux cris de « Mort aux Arabes » et « Vive le peuple d’Israël ».

Le Magen David Adom a affirmé, dans Haaretz, que ce sont les autorités qui l’ont empêché de prodiguer des soins à Zarhum, pensant qu’il s’agissait de l’assaillant.

C’est un mensonge. Le rapport sur 4 émeutiers (sur un minimum de 9 visibles à l’écran) qui ont depuis été arrêtés et mis en examen pour coups et blessures volontaires stipule bien que Zarhum a été le dernier des évacués, alors que c’était manifestement le plus sérieusement atteint.

C’est pourquoi l’association Médecins pour les Droits de l’Homme (Physicians for Human Rights) accuse publiquement le Magen David Adom de complicité d’assassinat.

« En dépit de l’affirmation du directeur du Magen David Adom, pour qui la sélection des blessés et leur ordre de prise en charge se fait sur des critères uniquement médicaux, sans consid&eacu
te;rations pour les actes éventuellement commis par le patient avant d’être blessé, les équipes sur le terrain réagissent en fonction de l’attitude de la foule. Les déclarations de politiciens irresponsables sapent complètement l’éthique médicale », estime Physicians for Human Rights.

De fait, le déni de prise en charge médicale aux personnes soupçonnées d’attentat ou tentatives d’attentat et blessées par l’armée ou la police est à présent institutionnalisé dans « la seule démocratie du Moyen-Orient ».

Le mois dernier, l’Association Médicale Israélienne (AMI) a ainsi en effet modifié ses principes directeurs : en lieu et place de la « neutralité médicale », qui veut que l’on soigne d’abord en fonction de la gravité des blessures et non de la personnalité du blessé, l’AMI a donné pour instructions de soigner en priorité les blessés juifs, quelle que soit la gravité de leurs atteintes.

« Armée partout, Justice nulle part »

La divulgation de la vidéo a empêché, pour une fois, Israël de pratiquer l’omertà sur l’assassinat d’un innocent, comme c’est tellement souvent le cas.

Ainsi, comme dit plus haut, 4 des émeutiers ont été arrêtés et mis en examen pour violences volontaires aggravées, les trois auteurs de tirs sur Zarhum n’étant pour leur part pas inquiétés du tout.

David Moyal, employé au restaurant de la gare routière, est mis en cause pour avoir jeté un banc sur la victime ; le soldat Yaakov Shamba est inculpé pour avoir donné une série de coups à Zarhum, tout comme le nommé tandis Eviatar Damari.

Les gardiens de prison (en uniforme) Ronen Cohen and Chen Shabat ont été vus jetant à plusieurs reprises un banc métallique sur Haftom Zarhum. On voit aussi Cohen donner des coups de pied, et s’en prendre au jeune homme (en chemise jaune) qui tentait de s’interposer.

Mais sur les deux, seul Cohen est inculpé. Shabat a eu le culot de déclarer au procureur qu’il avait jeté le banc sur Zarhum pour le protéger de la foule. Et le procureur a avalé ce bobard sans sourciller, alors que la vidéo montre très précisément le contraire !

Source : Haaretz et Rania Khalek pour the Electronic Intifada

EuroPalestine

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