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Vers un nouveau 1er novembre 1954

Initiative politique de Noureddine Boukrouh: vers un nouveau 1er novembre 1954

RAPPEL DES PRÉCÉDENTES SÉQUENCES

LA SÉQUENCE 1 de cette Initiative était un Appel aux Algériens et Algériennes pour s’impliquer dans une révolution citoyenne pacifique dont la finalité est la prise en main progressive des droits souverains que nous ont légués les martyrs de la Révolution du 1er novembre 1954, que nous reconnaissent les Constitutions algériennes depuis 1963, mais qu’un système politique qui a atteint sa phase crapuleuse nous a privés d’exercer.

Cette révolution n’est pas une invitation à des manifestations de rue ou à des émeutes, c’est une incitation à prendre conscience que nous ne devons pas espérer le changement du pouvoir, mais le réaliser nous-mêmes par des voies politiques et légales selon une feuille de route qui apparaîtra au fur et à mesure. Ce changement découlera de l’idée que nous sommes les maîtres de notre destin et de notre pays lorsqu’elle se sera généralisée au sein de notre peuple, et que nous nous serons organisés pour la réaliser.

LA SÉQUENCE 2 était un Appel à l’Armée Nationale Populaire et aux corps de sécurité pour qu’ils ne retournent pas les moyens dont les a dotés la nation pour la protéger contre elle dans le cas où les Algériens seraient amenés à s’élever contre le cinquième mandat ou une succession organisée, contre la politique économique suivie, contre l’exploitation du gaz de schiste ou contre la répression de l’opposition s’incarnant dans des personnalités, des intellectuels, des usagers des réseaux sociaux, des médias traditionnels ou en ligne, des partis politiques, des associations, des syndicats libres, etc.

LA PRÉSENTE SÉQUENCE (3) comporte une adresse à M. Abdelaziz Bouteflika qui, par suite de son attachement irraisonné au pouvoir, est en train de réunir les conditions du déclenchement d’un nouveau 1er novembre pour libérer l’Etat de l’emprise des aventuriers et affairistes qui s’en sont emparé. Cette date capitale dans l’histoire des Algériens représente le point de départ de la lutte armée, mais elle est surtout le moment psychologique où quelques centaines d’Algériens disséminés à travers le territoire national ont décidé de relever un défi qui paraissait impossible aux partis politiques et personnalités nationales de l’époque.

Aujourd’hui, la Constitution et les institutions algériennes sont dans l’impasse. Elles ont été cadenassées par une succession d’actes isolés les uns des autres en apparence mais s’emboitant tous, pièce après pièce, pour former un puzzle dont lui seul connaissait le sens. Il a réussi à mettre de son côté le Droit et tous les droits, laissant les Algériens, en dehors de ceux qui l’ont aidé dans la mise en place de ce plan satanique, sans ressources légales, ne sachant comment se dépêtrer du piège dans lequel il les a enfermés.

COUPS D’ETAT LEGAUX                            

Aucune institution, aucun responsable en dehors de ceux qui sont impliqués dans ce complot ne sait comment traduire en actes les injonctions émanant de sa conscience patriotique alors que :

1) La suppression en 2008 de la disposition constitutionnelle interdisant à un président de la République de briguer plus de deux mandats, était une forme de coup d’Etat. L’amendement a été adopté par les membres du parlement dont on avait augmenté fortement les émoluments.

2) La suppression des dispositions constitutionnelles instituant un chef de gouvernement responsable devant le parlement et le transfert de ses attributions au président de la République sans qu’il soit responsable devant le pouvoir législatif, était un changement de régime par une forme de coup d’Etat.

3) La violation des dispositions constitutionnelles relatives au contenu du dossier de candidature à l’élection présidentielle (certificat médical) et aux conditions d’exercice des fonctions présidentielles (état de santé), était une forme de coup d’Etat.

4) L’intention de briguer un cinquième mandat est une préméditation de coup d’Etat.

5) L’acceptation de paraître devant des étrangers mais pas devant le peuple algérien, est une humiliation infligée à la nation par celui qui lui avait promis fierté et dignité (al-izza wa-l-karama).

SCENARIOS PROBABLES

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Etant donné le secret qui entoure les conditions dans lesquelles est dirigé le pays et les incessants spectacles honteux auxquels il nous est donné d’assister depuis 2013, trois cas de figure se présentent :

  1. a) Le président de la République, malgré son handicap physique, est encore en possession de ses facultés mentales : il doit alors rassurer le pays en lui faisant savoir qu’il ne briguera pas un cinquième mandat à son âge et dans son état.
  2. b) Le président de la République a perdu toute aptitude physique et mentale à assumer ses fonctions depuis on ne sait combien de temps, et il ne subsiste de lui qu’une ombre instrumentalisée par les individus qui les exercent à sa place et en son nom : nous serions alors en présence de preneurs d’otages qui se sont emparé d’un Président impotent, la plupart du temps inconscient et qu’ils exhibent de temps à autre pour leurrer l’opinion nationale et internationale. Il faut alors les arrêter et les juger.
  3. c) Le président de la République a perdu ses esprits, n’en gardant que l’obsession de rester au pouvoir, et l’obstination à vouloir un cinquième mandat en serait la preuve formelle. Le pays serait alors devant un défi posé par un homme qui n’a pas conscience des dangers qu’il fait courir à la collectivité nationale ou n’en a cure, et par des personnes, clans ou institutions, qui l’encouragent sur cette voie parce qu’ils craignent pour leur position ou leurs intérêts.

QUE FAIRE POUR SORTIR DE L’IMPASSE ?

Ce n’est pas la première fois dans l’Histoire humaine qu’un homme cherche à faire passer sa personne et ses intérêts avant ceux de son pays, et la situation à laquelle nous sommes confrontés n’est pas insurmontable. Des pays maghrébins et africains moins bien lotis que nous mais dotés d’une conscience nationale et civique se sont dressés avec succès ces dernières années et jusqu’à ces derniers jours contre les prétentions malsaines de leurs dirigeants et ont obtenu gain de cause.

Il est faux d’affirmer que le « système » est plus fort que le peuple. Le « système » est fort parce que le peuple n’existe pas comme conscience d’être le souverain légitime et l’unique constituant, comme corps civique et corps électoral. Il restera faible tant qu’il pensera qu’il doit tout au pouvoir et que celui-ci est son tuteur naturel.

Se dresser contre le cinquième mandat ou une succession manigancée sera l’acte fondateur de la citoyenneté algérienne. Il signera la naissance de la société algérienne, constituera le premier lien fédérateur des Algériens pour construire une nouvelle Algérie, et marquera la fin du « système ».

Après la libération de la terre algérienne du colonialisme grâce aux sacrifices de la génération de Novembre, le moment est venu pour les générations en vie, en particulier les nouvelles, quel que soit leur statut social, professionnel ou leur appartenance politique :

1) de se concentrer sur l’idée de libérer l’Etat algérien des mains du despotisme et de la corruption pour le rendre à sa vocation d’architecte et de bâtisseur de l’Algérie moderne, démocratique et sociale dont rêvaient les patriotes qui ont déclenché la lutte de libération nationale,

2) d’inclure dans ce projet tous les Algériens de l’intérieur et de l’extérieur,

3) de réfléchir aux moyens d’action légaux et pacifiques à déployer pour atteindre ces objectifs, à l’exclusion de toute forme de violence individuelle ou collective.

L’ESPRIT DE NOVEMBRE

Le 63e anniversaire du 1er novembre 1954 approche malgré qu’il ne soit plus célébré depuis longtemps. Il faudra, au moment où nous aurons une pensée de reconnaissance pour nos martyrs, nous rappeler sa signification, ses mobiles et ses finalités et, surtout, nous demander pourquoi nous n’avons rien fait, à l’heure des périls, qui soit digne de leur sacrifice. Car nous sommes en train d’assister dans une indifférence coupable à la perte du pays qu’ils ont libéré au prix d’un million et demi de morts.

Dans cette perspective, l’élection présidentielle d’avril 2019 représente un examen de passage historique. Si nous réussissons à empêcher un cinquième mandat en en faisant une limite qui ne doit pas être franchie, nous passerons du statut d’habitants d’Algérie à celui de citoyens souverains. Si nous l’acceptons, nous signerons notre rétrogradation du statut d’habitants à celui d’esclaves.

La parole du Prophète (« Dieu s’étonne de ces peuples qui n’entrent au paradis qu’enchaînés ») et celle de Jean-Jacques Rousseau (« La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués. Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu’au désir de s’en sortir ») s’appliqueraient alors à nous dans toute leur vérité et cruauté.

28 octobre 2017

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11 Comments

  1. Naiveté Bien que l’auteur nous dise dans cette article qu’il n’envisage pas le recours à la violence la signification du1er novembre 1954 reste fondamentalement CELA le basculement de la lutte idéologique et politique à la LUTTE ARMEE Donc ce titre et cette revendication pour changer les choses reste naivement ambiguë provocatrice et sans aucun sens !!!

  2. Le 30 Octobre passé j’ai fait un commentaire sur mr Boukrouh dans des termes,certes,ironiques mais jamais injurieux ni insultants et surtout jamais calomnieux;car les faits rapportés sont exactes c’est sa biographie récente avec les “khechen”(khéchinistes)et Bouteflika; ce commentaire n’a pas été validé.Vous voudriez bien me fournir VOS critères de validation des commentaires;vous m’éviterez ainsi de me fatiguer,de me décevoir car si je fais des commentaires c’est pour participer au débat d’idées concernant mon pays et son avenir,qui est l’avenir de nos enfants.N.B. je suis un citoyen algérien lambda.Je n’ai jamais voté parce que dans l’histoire politique de l’algérie depuis la colonisation jusqu’à l’an 3000 il y a eu deux(2) votes et seulement deux propres et démocratiques:le référendum d’autodétermination de 1962 et le vote avorté de 1991qui allait donner le pouvoir législatif au Fis(ce n’est pas un jugement de valeur c’est un constat technique;je n’ai pas du tout voté.)A mon avis il n’y aura jamais de démocratie en algérie pour une raison fondamentale c’est que les trois pouvoirs militaire,économique,de l’information sont détenus par une seule ethnie;or la démocratie c’est le partage du pouvoir je ne pense pas qu’elle veuille le partager.La preuve: comparons avec le peuple frère tunisien,le seul peuple arabe ayant réussi son printemps,le seul Peuple Arabe Musulman ayant un état Démocratique(au 20ème,comme au 21ème siècle ils ne sont pas encore à se chercher une identité ni une langue d’enseignement.)grâce au haut commandement de leur armée,un commandement cultivé,nationaliste et populaire,vous croyez qu’ils n’étaient pas capables de faire avorter leur printemps!grâce aussi et peut être surtout à leurs hommes politiques ce sont de véritables Politiciens cultivés ayant à cœur l’intérêt suprême de leur peuple(leur ugta à eux hachahoum a joué un rôle prépondérant dans les négociations entre les différentes forces politiques du printemps;et pas sauver le peuple malgré lui.Ils ont réussi à intégrer la première force politique du pays en lui reconnaissant sa place au sein du Peuple Tunisien.L’exemple du peuple frère tunisien vient pour la (n+1)ème fois démontrer qu’il n’y a qu’un seul chemin pour l’instauration de la Démocratie:1)l’armée doit être complètement et véritablement écartée de la politique ses membres doivent voter individuellement dans les bureaux de vote civils et jamais dans les casernes qui ne sont pas des communes!2)Élection d’une assemblée constituante au suffrage universel PROPORTIONNEL le seul à même de mesurer le poids réel de chaque force politique.Cette assemblée doit avoir un mandat unique et limité dans le temps: rédiger la nouvelle Constitution;elle s’auto dissout automatiquement.

  3. Je suis conscient comme la plupart des algériens qui vivent en Algérie ou ailleurs que le changement est nécessaire, encore faut-il voir avec qui l’entreprendre? La classe politique actuelle a montré qu’elle était incapable de la moindre proposition de sortie de crise, ou qu’elle est totalement rejetée par la majorité de la population. Par ailleurs, le jeu politique mis en place rend son action prévisible et tellement transparente qu’elle ne peut plus réfléchir en dehors des schémas de pensée traditionnels. Il en résulte que le changement doit être porté, à mon avis, par une personne ou groupe de personnes qui soient capables de proposer un modèle de société où tous les algériens, quelque soit leur appartenance ethnique, religieuse ou culturelle se reconnaissent dans ce projet. Le pays a produit suffisamment d’universitaires et d’intellectuels qui peuvent aujourd’hui être fédérés autour d’un objectif commun qui est celui de participer à l’instauration d’une nouvelle république qui puise dans le passé révolutionnaire de ses enfants et dans le génie dont ils ont été pourvus.

    • Land
      Je suis un universitaire aux États-Unis. En 2006 lors de conférences en Algérie j’ai eu des contacts sérieux et au plus haut niveau avec deux universités algériennes. J’ai clairement indiqué que j’étais prêt à prendre un congé sabbatique pour y aller enseigner, sans même chercher à négocier sur les conditions d’embauche temporaire. Ce n’est pas que je me croie supérieur en quoi que ce soit, mais il m’a semblé quasi essentiel de me retrouver dans une salle de cours ou un amphi avec des étudiants algériens, de rendre quelque chose (pour reprendre le cliché) aux pays de mes parents. Hélas mon offre est à ce jour demeurée sans réponse. L’an dernier encore un collègue d’une université de l’est en Algérie me lance une invitation pour faire deux ou trois communications, bien entendu j’accepte. Les sujets des travaux et les dates sont arrangés, et après avoir donné son accord le président de l’université nous annonce qu’il n’y a pas de budget (un billet d’avion, trois nuits d’hôtel). Je comprends qu’on trouve tout cela épuisant, qu’on laisse tomber, et qu’aussi une certaine jeunesse fasse son possible pour s’exiler.

      • Les algériens cherchent à quitter et toi tu es naïf, ce bled va droit au mur, partout on place les bras cassés. Je connais lghorba j’y étais une fois avec les papiers, c’est vraiment dure cette vie, là où on ira il y a de fortes contraintes, on n’a pas le choix il faut résister et on essaye d’être positif jusqu’à l’entrée dans le mur.

  4. Bonjour,
    Je trouve votre article très intéressant. Je suis une algérienne née en France et je ne peux qu’abonder dans votre sens lorsque vous évoquez la nécessité d’un éveil d’une conscience collective pour sortir l’Algérie de sa situation actuelle.
    Je suis convaincue que beaucoup d’algériens sont parfaitement conscients de ce qu’il s’y passe et et il est urgent d’agir.

    Pour ma part il y a cette réalité :
    Mon père s’est battu pour libérer son pays du joug du colonialisme et il n’a jamais cessé de marteler à ses enfants, bien que ces derniers soient nés en France, que nos racines sont en Algérie. Que nous ne sommes pas des “déracinés” !
    Nous avons eu la chance et l’immense privilège de pouvoir échanger avec lui sur son histoire et autour de cette thématique. Il était très ému à chaque fois qu’il nous en parlait.
    Mon père nous a appris qu’il fallait se battre dans la vie pour s’en sortir.
    Il se montrait critique contre la nouvelle génération dont il regrettait l’absence de réaction et d’envie d’entreprendre, anesthésiée par une politique cherchant plus à éviter un printemps arabe par les subventions financées par la manne pétrolière plutôt qu’à tenter de développer l’économie algérienne et son ouverture au monde.

    Nous ne pouvons tout accepter sans réagir. L’Algérie est notre pays. Comme vous le soulignez si justement : il y a eu 1,5 millions de morts ! Ces gens seraient-ils morts inutilement ? Ne pas réagir c’est cautionner l’idée que cette révolution leur a été volée.
    Nous sommes nombreux à vouloir entreprendre en Algérie. Je me sens personnellement trahie par le pouvoir en place qui a exclu toute possibilité de mandat politique aux enfants algériens nés notamment en France. Cela constitue un très mauvais signe pour tout le pays et qui démontre la volonté de non changement du pouvoir en place afin de conserver leurs privilèges.
    Je suis convaincue que la lente fin programmée du roi pétrole sera plutôt une chance pour l’Algérie l’obligeant de fait à développer un autre model économique et espère de mes voeux le réveil des consciences permettant une nouvelle ère politique dans notre pays plein de ressources.

    • je suis fils de chahid et j’ai fait le tour de l’Europe sans jamais mettre les pieds en France: pouvez vous comprendre celà? qu’aurait dit ton père?
      Savez vous que 90% des algériens sont contents de leur sort?
      alors aboyez avec boukrouh,taleb,el watan et tutti quanti,la caravane continuera de passer.

  5. Parler d’un 1 er Novembre en Algérie c’est méconnaître l’histoire même de ce que fut cette immense révolution,il est serait plus sage et rationnel de parler de changement pacifique ,Monsieur Boukrouh possède le bagage intellectuel des plus riches,par ailleurs Mr Boukrouh n’ a pas une assise populaire importante ,ces propos sur le fameux Ghachi ”peuplade” sonne toujours dans les esprits des Algériens,mais encore ce dernier a été Ministre au sein même de ce régime,son discours était tout autre ,très lisse ,changement oui mais avec qui ;;;???

  6. L’administration coloniale a falsifié les urnes en 51.Le soulèvement du premier novembre était un soulèvement armé. Mitterrand était garde des sceaux, le 2 novembre , il était au Aures , pour montrer la fermeté de sa déesse république face aux terroristes barbares et pour s’assurer du soutien des habitants d’Algérie.
    Actuellement , bien que l’histoire se répète, la situation est plus compliquée , la première personne du pluriel n’a plus aucun sens , cela ressemble à des prisonniers qui défense le portail d’une prison , une fois sortis , chacun pour soi, ni vu ni connu.
    Il n y a qu’un seul problème en Algérie depuis plus de 60 ans , l’argent divise les musulmans
    Aucune pensée humaine ne peut résoudre ce problème. J’en suis convaincu.

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