Craig Roberts Stapleton, Ambassadeur des Etats-Unis en France a accordé une interview à Oumma.com. Un entretien qui est axé autour de la politique américaine à l’endroit des musulmans de ce pays.
Vous avez organisé le jeudi 4 octobre un dîner de rupture du jeûne (Iftar) à l’Ambassade des Etats-Unis. Quel était le sens de ce dîner ?
Chaque année le président Bush adresse ses voeux aux musulmans du monde entier à l’occasion du Ramadan et reçoit des musulmans pour un Iftar. Les ambassades américaines dans les régions musulmanes pratiquent la tradition de l’Iftar depuis de nombreuses années. En France, l’Ambassadeur des Etats-Unis organise un Iftar depuis 2001.
Cet événement est pour moi et mes collègues américains une occasion formidable d’approfondir nos connaissances sur l’Islam et de rassembler musulmans et non-musulmans. La confiance entre nous dépend des preuves de respect, d’ouverture d’esprit et de tolérance sur des points de vue divers. Cette rencontre annuelle dans le cadre du Ramadan nous offre une occasion excellente de réfléchir ensemble et d’écouter.
Quel regard portez-vous sur le « système d’intégration » à la française que l’on oppose souvent au modèle américain ?
En tant que diplomate étranger, mon rôle n’est pas de donner des leçons mais je peux vous parler de mon pays. D’après les sondages, les musulmans récemment arrivés s’intègrent très bien aux États-Unis. Les immigrants de différents pays ont pu, historiquement, venir aux Etats-Unis et s’intégrer dès la première génération. Evidemment, ceci implique que les immigrants rencontrent leurs voisins ainsi que tous les acteurs de leur vie quotidienne. L’un des facteurs essentiels à l’intégration réussie d’un individu dans la société américaine est qu’il accepte d’être américain tout en restant fidèle à ses racines.
Il est difficile de connaître le nombre de Musulmans aux Etats-Unis, mais il serait compris entre 2 et 6 millions. A l’avenir, les musulmans américains devront avoir de fortes institutions et l’influence politique nécessaires pour accéder aux postes de la fonction publique et aux médias comme le font d’autres groupes de la société.
L’islam est-il une composante de l’histoire et de l’identité des Etats-Unis ?
Sans aucun doute, mais les dernières années ont vu un grand approfondissement des connaissances des Américains sur l’Islam, renforcé par la croissance rapide de la population musulmane aux Etats-Unis. La participation civique des musulmans américains permet de développer et de renforcer les idéaux pluralistes américains, les institutions démocratiques et le multiculturalisme.
Le 2 octobre 2007, La Chambre des représentants des Etats-Unis a adopté une résolution sur le ramadan. Que dit exactement cette résolution ?
Cette résolution exprime le “profond respect envers les musulmans” des Etats Unis. Elle est un signe de respect et de reconnaissance. L’idée de base est de montrer non seulement aux pays musulmans mais au reste du monde que le Congrès des Etats-Unis respecte et reconnaît toutes les religions et que l’Amérique est un pays de tolérance et de liberté religieuse. Dans leur résolution, adoptée par 376 voix contre 0, les membres de la Chambre des représentants réaffirment leur soutien aux Américains musulmans qui font l’objet d’actes criminels motivés par la haine et ils se prononcent avec vigueur contre l’intolérance. C’est la première fois que le corps législatif américain adopte une telle résolution.
En juin 2007, un jury à Phoenix a accordé plus de 287.000 dollars en dommages et intérêts et arriérés de salaire à une réfugiée de Somalie car son employeur lui avait interdit de porter le voile sur son lieu de travail. Est-ce un exemple isolé, ou constatez vous une augmentation des discriminations religieuses dans votre pays notamment depuis le 11 septembre 2001 ?
D’abord, la liberté religieuse est profondément ancrée dans les principes ainsi que dans l’histoire des Etats-Unis : c’est l’attachement du peuple américain à ce droit universel qui incite les Etats-Unis à soutenir dans le monde tous ceux qui veulent jouir de ce droit à titre individuel et dans leur société. Cette liberté religieuse se situe au cœur des efforts des Etats-Unis et elle vise à combattre l’idéologie de la haine et de l’intolérance religieuse qui alimentent le terrorisme mondial.
En vertu de l’article 7 de la loi sur les droits civiques de 1964, toute discrimination religieuse est interdite sur un lieu de travail. Bien que les plaintes pour discrimination religieuse ne diminuent pas, elles n’ont pas non plus particulièrement augmentées depuis 2001. Il y a même eu une diminution de leur nombre en 2004 et 2005.
Le 14 septembre dernier, la Secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, a remis un rapport au Congrès sur la liberté religieuse dans le monde en exprimant son espoir qu’il servira tous ceux qui partagent les préoccupations des Etats-Unis en matière de liberté religieuse.
Propos recueillis par la rédaction
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