A l’heure où certains médias s’accordent pour faire de tout acte terroriste, un des piliers de l’Islam, il convient de s’interroger sur l’origine de ce malheureux malentendu. Pourquoi toute cette haine est-elle présentée comme un penchant naturel et intrinsèque à la religion du Prophète Mohamed (sur lui la paix et le salut)? Pourquoi le voile est-il devenu un symbole d’ignorance, de soumission à l’homme ? Pourquoi chacun de ces actes criminels qui hantent chaque citoyen, musulman ou non, se revendique-t-il de l’Islam ? Pourquoi certains jeunes, musulmans “de souche” ou récemment convertis, trouvent-ils à travers la violence une réponse, aussi fausse soit-elle, à la recherche de leur propre identité ? Plus que cela, comment ces personnes, obnubilées par leur conviction propre et opposées à tout dialogue, en arrivent-elles à exclure des musulmans du cercle de l’Islam, en se déclarant être les seuls représentants du vrai Islam ?
La réponse à toutes ces interrogations est aussi simple que claire. L’ignorance a pris le pas sur la connaissance. Elle a envahi les esprits et détruit tout ce que cette religion a construit. Pourtant, les premiers versets révélés au Prophète Mohamed (sur lui la paix et le salut) disent[i] :
« Lis au nom de ton Seigneur qui a créé !
Il a créé l’Homme d’un caillot de sang.
Lis !
Car ton Seigneur est très généreux. Il a instruit l’Homme au moyen du calame,
Et Il lui a enseigné ce qu’il ignorait … »
Le terme « Iqraa », signifie « Lis » ou « Récite ». Si c’est un appel à réciter le Coran, c’est aussi une invitation à mieux connaître l’origine de notre création, le but ultime de cette vie terrestre, ses limites, mais aussi, par-delà la raison et l’entendement humain, une connaissance du monde céleste. C’est apprendre à mieux se connaître soi-même et à mieux appréhender notre cours passage sur terre, sorte d’examen rapide. De nombreux versets commencent aussi par l’impératif « Dis ». Il y a de partout dans le Coran cette idée de devoir d’apprendre, de réciter et de transmettre. D’ailleurs, la racine « ‘lm », ou verbe « apprendre » en français, est une des racines les plus employées dans le Coran[ii].
De même que les prophètes nous ont transmis la révélation divine, qui leur a successivement été révélée, chaque musulman a le devoir d’apprendre, de comprendre et de transmettre cet héritage. Or, c’est là qu’est la source du problème. Le fait d’être éloigné de cette magnifique langue qu’est l’Arabe a progressivement éloigné les musulmans du sens réel des versets du Coran et les laissent sous l’emprise d’interprétations douteuses, voire mensongères. Mais, tout le monde n’a pas forcément la chance ou le temps d’apprendre une langue. Voilà pourquoi cette série d’articles propose une introduction à l’Islam avec à l’appui des mots clés et des explications succinctes, mais claires, afin de mieux comprendre la réalité de l’ ‘Islam, religion synonyme de paix ; une religion qui apprend à vivre en paix avec soi-même, en paix avec les gens qui nous entourent et en paix dans notre relation avec Dieu, Allah.
C’est d’ailleurs ce qu’indique la racine « slm » ou « paix », dont le mot « Islam » est un dérivé. « Islam » vient du verbe « aslama », qui signifie « se soumettre ». Par conséquent, « Islam » signifie donc « se soumettre à Dieu »[iii]. Or, étymologiquement, cette racine sous-entend une idée de plénitude et de paix. Indéniablement, l’origine même du mot est donc aux antipodes de toute idée de violence ou de conflit. Être musulman, c’est tout simplement se soumettre à Dieu dans la paix et non dans le conflit. Dans un récit rapporté par Abdullah ibn Amr, un homme demanda au Prophète « Quel est le meilleur Islam? Il répondit : C’est donner à manger et saluer celui que tu connais et celui que tu ne connais pas. » Ceci ne veut pas seulement dire qu’il faut saluer les gens, qu’ils soient d’ailleurs musulmans ou non, mais aussi de faire en sorte que la paix soient entre chaque individu, quelle fasse partie du quotidien de la communauté musulmane. Car, dans ce récit, c’est aussi la racine « slm » qui est employée. Un autre récit rapporté par Anas, indique que le Prophète a dit : « Nul d’entre vous n’aura véritablement atteint la foi jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même ». Indéniablement, la quête de la paix est un des objectifs ultimes de la vie terrestre et une clé des portes du Paradis. Comment alors encore croire que l’Islam soit une religion violente, une religion à part ?
C’est là aussi une des grandes erreurs que notre siècle se plaît à répandre. L’Islam n’est pas une religion à part. C’est la religion de Dieu et elle se trouve dans le prolongement des deux précédentes religions monothéistes que sont le Judaïsme et le Christianisme. Comme l’indiquent de nombreux versets, le musulman croit en tout ce qui a été révélé au prophète Mohamed et ainsi qu’à tous les prophètes et envoyés qui l’ont précédés. Cela est d’ailleurs bien en ces termes que les premiers versets de la seconde sourate du Coran s’expriment[iv]
« Voici le Livre.
Il ne renferme aucun doute.
Il est une direction pour ceux qui craignent Dieu,
(….)
Ceux qui croient à ce qui t’as été révélé
Et à ce qui a été révélé avant toi »
Tous les récits cités dans le Coran font état des révélations antérieures, afin de guider le musulman et de l’aider à ne pas commettre les mêmes erreurs que ces peuples. L’Islam se situe donc en continuité avec les révélations antérieures. Abraham, Moïse, Jésus, Solayman, Zacharie … sont tous des messagers d’Allah, envoyés aux Hommes pour les dirigés vers le droit chemin. La vierge Marie, Maryam en arabe, est même la seule femme dont le nom est cité dans le Coran[v]. Ce sont tous des musulmans, c’est-à-dire des Hommes soumis à Dieu, à Allah. D’ailleurs, la seconde sourate du Coran fait le point sur ce sujet dès le début, lorsqu’elle parle d’Abraham en disant dans le verset 135 :
«Ils ont dit : Soyez Juif ou Chrétien vous serez sur la bonne voie. Dis : Non, nous suivons la religion d’Abraham, un vrai pieux, qui n’était pas au nombre des polythéistes »
Le fait de mentionner cela, juste avant les versets sur le changement de Qibla ainsi que ceux sur le pèlerinage, démontre à quel point il est important de s’imprégner de cette réalité, comme une base à une construction saine des piliers de l’Islam et de l’identité profonde du musulman. L’Islam est donc le prolongement, la suite naturelle du Judaïsme et du Christianisme. Il vient pour réhabiliter la Vérité que les Hommes ont modifiée dans leur soif de pouvoir.
Il est de plus intéressant de remarquer que les femmes qui ont entouré, ou accompagné les différents prophètes et messagers et auxquelles le Coran fait allusion, participent activement à chacune des prophéties[vi]. Le corpus coranique dans son ensemble fait de la femme un élément fondamental au bon déroulement de l’ensemble de la révélation muhammadienne, c’est-à-dire de l’ensemble des prophéties depuis la création d’Adam et Eve et jusqu’à la révélation de l’ange Gabriel au sceau des prophètes. La femme n’est nullement décrite comme une créature inférieure à l’homme[vii]. Une sourate portant son nom lui est même consacrée. Bien plus que cela, la femme dès sa création, mentionnée à travers le terme de « zawj », ou « second membre du couple », est présentée comme étant issue d’une même et seule âme que l’homme[viii]:
« Ô Hommes ! Craignez votre Seigneur, qui vous a créé d’une seule âme et d’elle il a créé son épouse, puis des deux il a fait naître un grand nombre d’hommes et de femmes »
La présence de l’un et de l’autre est donc fondamentale au bon développement de la création divine et à l’équilibre de la communauté. Certaines femmes, comme Aïcha épouse du Prophète, sur lui la paix et le salut, ont même joué un rôle primordial dans la transmission de la science religieuse à travers les récits de l’histoire du Prophète, ou Sunna. Dans le Coran, des femmes, comme Marie et Bilkis, sont prises comme exemple pour tous les musulmans. Même si elles ne reçoivent pas directement la révélation, elles y participent activement en étant porteuse d’une connaissance ou d’une science.
Dépasser l’ignorance et lui faire face, comme tous les prophètes l’ont fait auparavant, est un devoir pour chaque musulman. Mais, il doit être accomplit en diffusant la science dans le respect et dans la paix, loin de toute violence. C’est le message que chacun des prophètes et envoyés n’ont jamais cessé de transmettre.
[i] Sourate 96, versets 1 à 5.
[ii] Cette racine et ses dérivés sont employés 782 fois. Il est intéressant de remarquer qu’en y ajoutant le nombre de fois ou la racine « ‘rf » (du verbe « ‘arafa »qui signifie aussi connaître), la totalité de ces termes relatifs à la connaissance équivaut exactement au nombre de fois où la racine « amn » (qui signifie « croire ») et ses dérivés sont employés dans le Coran, soir 811 fois. Un lien profond relie donc ces deux champs sémantiques de la connaissance et de la croyance.
[iii] En Arabe « aslama wajhahu li Lah ».
[iv] Verset 2et 4 de la sourate II.
[v] Voir l’article sur « La notion de voile dans le Coran » et l’exemple de la Vierge Marie, « Maryam » dans les versets qui lui sont consacrés.
[vi] Voir l’article sur « La participation active des femmes à la prophétie muhammadienne à travers le Coran ».
[vii] La traduction de l’emploi de « qawwamuna » par le mot « supériorité » dans le verset 34 de la
sourate IV, intitulée « Les femmes », et qui a fait et continue de faire tant de polémique, n’est pas correcte. Voir l’article sur « L’égalité des hommes et des femmes dans le Coran et la Sunna ».
[viii] « nafs wahida », sourate IV, verset 1.
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