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Des détenus musulmans de Bombay privés de Ramadan pour la première fois

Derrière des barreaux insalubres à l’ombre desquels ils croupissent, suspectés d’actes terroristes sur lesquels plane l’ombre du doute, 19 prisonniers indiens de confession musulmane se sont vu refuser pour la première fois le droit d’accomplir le rituel du Ramadan, et de prendre les repas de Suhoor et de l’Iftar à partir de petits plats maison concoctés par leurs proches.

Cette décision punitive, tombée comme un couperet, est l’œuvre d’un juge intransigeant qui a subitement décidé de rompre avec la relative mansuétude qui était jusqu’ici d’usage dans l’enfer carcéral de Bombay, lors de la célébration du mois sacré, en privant les détenus de leur devoir religieux fondamental, tout en interdisant à leur famille de leur acheminer des aliments mitonnés avec soin.

Ni cuisine traditionnelle, ni dattes, et encore moins de fruits, les 19 prisonniers musulmans qui attendent, angoissés, de comparaître devant le tribunal de la capitale du Masharashtra pour savoir à quelle sauce ils seront mangés, ont été anéantis par l’annonce de cette sanction. Un sentiment d’abattement, largement partagé par leurs proches qui, après avoir subi de plein fouet les nouvelles directives, ont relevé la tête pour protester contre l’iniquité de ce veto judiciaire auprès de la Haute Cour de Bombay.

"Chaque année, sans que cela n'ait jamais posé de problème, les autorités permettent aux familles d’apporter de la nourriture faite maison à l’un des leurs qui est emprisonné, ainsi que des dattes et autres fruits", a déclaré Gulzar Azmi, secrétaire général de Jamiat-e-Umena Hind, la plus influente organisation islamique de l'Inde, avant d'ajouter : "Nous nous attendions à la même chose cette année, aussi cette soudaine interdiction a-t-elle suscité stupeur et consternation".

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Recours du désespoir, l’appel à la tolérance et à la miséricorde lancé devant la plus haute juridiction de Bombay par des familles musulmanes, dont la plupart sont déjà accablées par l’injustice de la détention d’un mari ou d’un fils, a laissé de marbre les juges. "Nous nous sommes également tournés vers la Commission des minorités qui est habilitée à traiter des questions touchant les minorités religieuses non-hindous, y compris les musulmans, pour approcher le gouvernement afin qu'il fasse invalider cette décision", a précisé Gulzar Azmi, déterminé à ne pas baisser les bras.

Disant tout haut ce que nombre de parents murmurent par crainte de représailles à l’encontre de leur fils privé de liberté, un père s’est indigné, la voix étranglée par l'émotion, devant la presse locale : "Nous savons qu'ils ont été faussement accusés et qu’ils ont été jetés en prison pour un crime qu'ils n'ont pas commis. Ils auraient dû être autorisés à s'acquitter de leur obligation religieuse."

Submergés par l’anxiété à l’approche d’un procès dont chacun redoute qu’il ne soit joué d’avance, les proches parents des 19 détenus musulmans prient Allah afin que ce Ramadan soit le dernier qu’ils passeront dans des geôles sordides de l’arbitraire.

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