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Australie : un collège catholique congédie deux enseignantes stagiaires en raison de leur voile

Petit coin de paradis des surfeurs, la vaste étendue bleue azur du Queensland serait-elle plus aride, voire inhospitalière envers une certaine frange de la population australienne ?

A l’autre bout du monde, l’Australie, ce nouvel eldorado multiculturel et ensoleillé des jeunes européens qui ont soif d’évasion, touristique ou entrepreneuriale, n’est pas épargnée par la montée du nationalisme et l’exacerbation de l’islamophobie. Deux fléaux contagieux qui traversent les océans avec d’autant plus de facilité qu’un seul clic permet de franchir les frontières virtuelles du Net pour contaminer les esprits en temps réel et à large échelle.

Pamela Geller, la pasionaria tapageuse de la lutte contre l’islamisation de l’Amérique, et Geert Wilders, le redoutable activiste de l’extrême droite néerlandaise, tous deux inconditionnellement pro-sionistes et furieusement islamophobes, l’ont bien compris et ne se privent pas d’inoculer électroniquement le virus de la haine de l’altérité, entre deux escales sur place pour galvaniser le nouveau parti « anti-islam » et le parti « Rise up Australia », ainsi que leurs hordes de militants néo-fascistes.

Resplendissante et multicolore, la mosaïque de paysages, d’ethnies et de cultures, qui fait la richesse de cet ilôt lointain du vivre-ensemble, se fissure parfois même quand rien ne le laissait présager, révélant une face sombre et insoupçonnable qui creuse un gouffre d’incompréhension et de défiance, comme c’est le cas du collège catholique de Redlands.

Transférées illico presto et sans qu’elles aient leur mot à dire dans un autre établissement scolaire de la région du Queensland, deux enseignantes stagiaires de confession musulmane manquent aujourd’hui à l’appel du collège de Redlands, à la consternation des familles dont les enfants suivaient leurs cours avec assiduité, mais aussi de responsables éducatifs musulmans abasourdis par leur renvoi soudain et en catimini.

Recrutées voilées au sein de ce collège privée catholique, les deux professeures en devenir, qui étaient loin d’imaginer l’ostracisme qui allait les frapper, ont tout naturellement fait cours revêtues de leur hijab sans que personne ne s’en émeuve. Aussi, quand la décision de les congédier en raison de leur voile est tombée comme un couperet, les deux jeunes femmes ont-elles été foudroyées sur place, sidérées par la discrimination flagrante dont elles étaient victimes. Restées sans voix à l’annonce de leur sanction disciplinaire, elles n’auront guère eu le temps de plaider leur cause pour s’élever contre un limogeage abusif, tant il fut rondement mené.

Du jour au lendemain, leurs silhouettes familières se sont volatilisées dans la nature, leurs noms ont disparu de l’organigramme, c’est comme si les deux enseignantes n’avaient jamais exercé au sein de l’établissement Redlands, au grand dam de la communauté musulmane locale, et notamment des parents d’élèves, mis devant le fait accompli. Tous font bloc derrière ces deux coreligionnaires soudainement mises à l’index après avoir passé avec succès le cap de l’entretien d’embauche, déplorant vivement la méthode pas très catholique employée par le responsable, Mark Bensley, pour se débarrasser de deux musulmanes devenues des parias.

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Interloqués, dépités, ou encore très inquiets par la tournure des événements, les administrés musulmans de Brisbane sont en proie aux questions qui ne laissent aucun répit, à l’instar du directeur du lycée islamique de Brisbane, Moubarak Noor, qui s’est dit particulièrement tourmenté par l’affaire. "Cette manière expéditive de congédier deux enseignantes-stagiaires musulmanes et la raison invoquée sont une source de préoccupation pour moi", a-t-il déclaré à la presse nationale, n’éprouvant aucun soulagement à la lecture du communiqué peu charitable signé de Mark Bensley, son homologue catholique de Redlands.

"J'ai le devoir de veiller à ce que ceux qui enseignent à l'université soutiennent activement les principes chrétiens, les pratiques et les croyances de l'Ordre", a écrit en préambule le directeur sur la sellette, avant d’enfoncer le clou : "A mes yeux, le hijab est contradictoire ou incompatible avec ces principes, les pratiques et les croyances. Bien que je respecte leur désir de porter le hijab, je pense qu'il est inapproprié de le faire à Redlands College", a-t-il conclu, sans dissiper le mystère qui entoure les raisons qui l’ont conduit à donner leur chance à deux enseignantes aujourd’hui discriminées et renvoyées comme des malpropres.

Les justifications données par Mark Bensley, qui se défend de toute intolérance religieuse, n’auront convaincu ni la communauté musulmane, ni le Révérend Anneli Sinnko, ministre de l’Eglise unifiée d’Australie, qui n’a pas mâché ses mots pour le désavouer : "Les propos et les actes de Mark Bensley sont, eux, en profonde contradiction avec les fondements chrétiens", s’est-il indigné publiquement.

Alors que la controverse enfle, l’humiliation subie par deux jeunes enseignantes voilées, gommées du paysage éducatif de Redlands en un éclair, rejaillit par ricochet sur l’ensemble des musulmans de Queensland et laissera à n’en pas douter des séquelles indélébiles.

Par la rédaction d'Oumma.com.

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