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Allemagne : l’ex-leader du mouvement islamophobe Pegida présente ses excuses aux musulmans

Tournant radical ou volte-face à 180 degrés ? La nuance sémantique est fine, mais elle est à l’aune d’un changement de rhétorique qui tranche nettement avec les slogans haineux d’un passé très récent, le Pegida, le groupuscule néo-fasciste allemand, viscéralement islamophobe et xénophobe, a battu sa coulpe publiquement pour avoir semé le vent mauvais du racisme anti-musulmans en Allemagne, lors de manifestations fracassantes.

C’est peu dire que les plates excuses présentées par Kathrin Oertel, cette mère de famille de 37 ans devenue la figure de proue du mouvement après la démission retentissante de Lutz Bachmann, son fondateur qui s’est senti l’âme d’un «führer » au point de se grimer en Hitler, ont produit leur petit effet devant une presse interloquée et des partisans déconfits, voire dégonflés à bloc…

Bien qu’encore très présent dans les esprits, le temps de scander des cris de ralliement orduriers, attisant les peurs et la détestation de l’altérité, semble révolu, si l’on en croit la nouvelle tonalité de l’ex-chef de file repentie du Pegida, dont l’examen de conscience et l’appel au dialogue étaient inconcevables il y a quelques semaines de cela, quand ses nervis en blousons noirs et rangers n’avaient cure des avertissements d’Angela Merkel et bravaient crânement l’indignation de Berlin.

"Je tiens à présenter mes excuses à tous les migrants et à tous les musulmans qui vivent pacifiquement et sont intégrés à la société allemande, qui respectent notre culture et les lois", a déclaré en préambule Kathrin Oertel, en pleine séance d’auto-flagellation devant des médias qui n’en croyaient pas leurs oreilles, d’autant plus qu’ils n’ont pas été exemptés de toute faute par cette dernière.

En effet, après avoir poursuivi sur le même ton contrit : "Je me sens en partie responsable d'une campagne de haine que nous avons causée. Je tiens à présenter des excuses et la seule chose que je peux faire est de vous aider à résoudre ces tensions. Ceux qui appartiennent encore au mouvement Pegida doivent comprendre qu'ils se battent pour la mauvaise cause", Kathrin Oertel les a sévèrement blâmés pour leur rôle néfaste joué dans la propagation de l’islamophobie, leur reprochant de "critiquer sévèrement les musulmans et leur religion" et d’en faire leurs boucs émissaires tout désignés.

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Accusée, il y a peu encore, de souiller les valeurs du poids lourd européen, de saper les intérêts nationaux et de faire planer le spectre du nazisme sur le territoire national avec une hargne décuplée, Kathrin Oertel se serait-elle soudainement métamorphosée en blanche colombe, chantre de la « paix » pour mieux « se débarrasser des préjugés », selon ses dires, après avoir été longtemps dans la peau du méchant loup, nostalgique des chemises brunes, ayant pénétré de force dans la bergerie ?

"Avant de critiquer les autres, il faut toujours prendre du recul et réfléchir à ses propres actions. Il faut permettre à un individu d'évoluer. Beaucoup d'autres personnes devront passer par cela. La création de l'ennemi intérieur doit cesser", a-t-elle exhorté dans un message vidéo.

"Pour parvenir à la paix, il faut être prêt au dialogue. Voilà la seule façon de se débarrasser des préjugés. Quelqu'un doit aider à  favoriser les connexions entre les gens", a-t-elle insisté, en laissant clairement entendre qu’elle pourrait fort bien être ce médiateur providentiel. Une sacrée reconversion pour celle qui s’était jusqu’ici illustrée dans le registre du chaos social de l’autre côté du Rhin, à la tête de hordes galvanisées et assoiffées de vengeance !

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