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Cinq ans d’ « après-11 septembre »

Il y a cinq ans, aujourd’hui, le mardi 11 septembre 2001, les États-Unis faisaient l’objet d’une attaque menée par un commando du groupe armé transnational Al Qaida. Cette opération, qui fit plus de trois mille morts, représentait l’aboutissement d’un effort de guerre inédit entamé depuis 1996 en représailles à la politique américaine au Moyen Orient — un casus belli s’articulant autour de trois points : la présence de troupes militaires américaines dans la région, l’aide à l’occupation israélienne des territoires palestiniens et le soutien apporté aux régimes arabes autocratiques. Entamée dès le 7 octobre suivant avec la guerre en Afghanistan, la réaction américaine aux attaques de New York et Washington s’est, au cours des cinq dernières années, illustrée par l’invasion de deux pays (l’Afghanistan et l’Irak), une campagne mondiale ouverte dite « guerre contre le terrorisme » qui, à peu de choses près et tout en refusant obstinément de dire son nom, cible presque exclusivement des Arabes et des musulmans, et un soutien de plus en plus direct aux ambitions israéliennes au Moyen-Orient qui culminera avec la sixième guerre arabo-israélienne en juillet-août 2006.

Sous-tendue par une vision politique néo-conservatrice aux relents fondamentalistes souterrains, cette marche a rapidement aboutit à une remilitarisation des termes de l’échange sur la scène internationale (suscitant trois nouveaux conflits armés internationaux majeurs en cinq ans) comme elle est en passe d’intégrer l’histoire comme l’une des incartades stratégiques parmi les plus conséquentes des relations internationales contemporaines. De fait, en lançant, le 20 mars 2003, une guerre illégale contre un pays qui ne l’avait pas attaqué et en plaçant la souveraineté de sa décision au-dessus de celle des organisations internationales et régionales, l’administration Bush a franchi consciemment une ligne qui a essentiellement renvoyé le Moyen-Orient aux dynamiques de force en place il y a un demi-siècle. L’insécabilité de cette aventure a également guidé l’évolution de deux autres politiques qui lui sont associées, à savoir celles de l’Europe et d’Israël dont on peut considérer que les gestions respectives de l’après-11 septembre ont hypothèqué, à maints égards, leurs relations avec le monde musulman.

Aujourd’hui, comme en 1956 lorsque la Grande-Bretagne et la France s’alliaient à Israël afin de forcer militairement une configuration du Moyen-Orient en leur faveur, à peu de choses près, seul compte le rapport de force sur la scène internationale. Traduire en dimensions martiales des ambitions politiques est redevenu, pour trop d’États (et, désormais, de groupes non-étatiques), une considération opérationnelle des plus immédiates — option dont, de plus, la rationalisation s’est avérée plus aisée qu’on ne l’aurait pensé.

Aussi, si le leadership américain n’a pas su ou voulu prendre la mesure de la folie que représentait l’aventure en Irak, si les intellectuels américains et européens ont dans leur grande majorité accompagné le mouvement (souvent avec enthousiasme), si le public américain s’est trop rapidement et trop facilement rallié au cadre interprétatif sémantiquement nonsensique et juridiquement confus d’une « guerre contre le terrorisme » qui rend, paradoxalement, cette population plus vulnérable que jamais, l’action américaine s’est, au terme de ce quinquennat, soldée par un insuccès militaire et politique qui a également été celui de ceux qui, en Europe (à l’image des gouvernements de José María Aznar, Silvio Berlusconi et Tony Blair) et dans le monde arabe (tels les régimes de Hosni Moubarak, Abdallah II et la famille Saoud), leur ont emboîté le pas.

En l’espèce, les États-Unis se seront embourbé en Irak, réussissant à ne pas gagner une guerre qu’ils ne pouvaient pas perdre, font match nul avec une Al Qaida dont ils avaient juré la perte et qui bénéficie passivement d’un tel statu quo tout en se réservant le droit de frapper quand et où elle veut (soixante-quatorze pour cent de la population américaine s’attend désormais à une nouvelle attaque contre les États-Unis), et ont vu leur protégé israélien perdre pour la première fois en soixante ans une guerre contre un ennemi arabe, et des moindres puisque Hezbollah, qui n’est ni l’Iran ni la Syrie, n’est qu’un groupe armé non-étatique de quelques milliers d’hommes.

En Irak, l’argument — fallacieux — d’une guerre « préventive » menée pour empêcher le développement et l’utilisation d’armes chimiques ayant été infirmé, des justifications idéologiques (tout autant illégitimes) ont été substituée ex post facto et la fiction d’un Irak indépendant en route vers le progrès et la démocratie continue inlassablement à être présentée au monde alors même que le chaos, la barbarité et la misère règnent en Mésopotamie. Que, de Mosul à Basra, les nostalgiques de la dictature de Saddam Hussein soient devenus légions en dit long sur l’ampleur de la déconvenue du projet américain. Le verdict est, en effet, sans appel et les faits alarmants pour l’avenir de l’Irak en tant que nation-État autant que pour la position des États-Unis dans la région : de mai 2003 à mai 2006, le nombre quotidien de kidnappings a augmenté de deux à trente-cinq ; l’opposition armée aux américains et autres forces de la coalition est passée de trois mille à vingt mille hommes ; le nombre des attaques quotidiennes contre les unités américaines et ses forces supplétives de cinq à quatre-vingt-dix ; en juillet dernier, le nombre de bombes placées aux bords des routes irakiennes a atteint son chiffre mensuel le plus élevé depuis le début de la guerre ; enfin, plus de dix mille irakiens ont été tués, principalement à Bagdad, au cours des quatre derniers mois (1). On assiste, en d’autres termes, à une constante augmentation et aggravation du désordre et de l’insécurité, en même temps qu’aucun scénario de résolution (retrait ou maintien des troupes) ne semble recéler d’aspects positifs tangibles et immédiats pour la résolution de l’équation irakienne.

En Afghanistan, premier théâtre de la « guerre contre le terrorisme », les fêlures se sont multipliées révélant la falsifiabilité de la campagne de 2002. Les Talibans, donnés pour défaits, se sont réinstallés à travers les cinq provinces du sud du pays et mènent, depuis le début de l’année, des attaques de plus en plus meurtrières contre les troupes de l’OTAN qui se sont récemment substituées aux forces américaines. Le 29 mai dernier de graves émeutes à Kaboul avaient fait près de vingt morts, suivis, début septembre, par de nouveaux accrochages d’ampleur toujours grandissante. Avec une quarantaine d’attentats-suicides depuis 2005, on assiste également à l’importation de tactiques « irakiennes ». Al Qaida aurait ainsi quitté l’Afghanistan pour y revenir plus expérimentée en guerre non-conventionnelle. Dans certaines zones, la situation socioéconomique est si désastreuse, en particulier en ce qui concerne l’étendue de la pauvreté et de la corruption (les trente millions d’Afghans dépendent en grande majorité de l’aide alimentaire), que les populations se tournent à nouveau vers les Talibans pour l’administration de la justice (2).

Un nouveau syndrome du Vietnam

Incapable de consigner le déroulement de ce propos — c’est-à-dire des conséquences d’une politique étrangère fonctionnant désormais formellement sur le mode antithétique — le système politique américain s’est accommodé de ces revers et violences déclinées un peu partout, et qui sont avant tout le contrecoup d’une vision impériale latente depuis une décennie et brusquement accélérée à l’automne 2001. Partant, les deux analogies les plus convoquées sont celles de la guerre du Vietnam, conflit que les États-Unis ont perdu, et de l’empire romain, dont la puissance mondialisée et le lent et vaste déclin donnent la mesure historique de la portée des dysfonctionnements du dessein américain. L’historien américain Morris Berman, qui avait consigné l’étiolement culturel aux États-Unis avant le 11 septembre, attribue les déboires politiques de l’après-11 septembre à une sénescence de fin d’empire telle, précisément, celle de Rome (3).

Or, le « fiasco » (4) américain a d’abord été bel et bien celui du manque de compréhension de la nature des défis auxquels les États-Unis ont eu à faire face suite aux attaques du 11 septembre. L’inopérabilité de la matrice réactive pour laquelle le pays a opté s’est avant tout illustrée par des procédés artificieux (juridiques notamment, mais également idéologiques comme la notion de vouloir refondre une région et ses peuples dan un « Grand Moyen-Orient » petit-fils du « Grand Jeu ») et par une impatiente logique de criminalisation : ceux qui s’opposent — ou de par leur identité ou culte pourraient être amenés à s’opposer — aux États-Unis et leurs alliés sont affublé derechef du statut indélébile de « terroristes ». De fait, l’ethos des sociétés (musulmanes) auxquelles appartiennent ces individus est conçu comme un pathos qu’il faudrait soigner à défaut de le recoloniser. À cet égard, le discours (Croisé) de « religion change » est le pendant politiquement incorrect du plus connu propos de « regime change » articulé dans la production néo-conservatrice.

Comment l’échec américain s’est-t-il manifesté ? Stratégiquement, par le fait qu’Al Qaida demeure, une demi-décennie après son audacieux assaut contre les métropoles américaines, la menace la plus réelle pour la sécurité des États-Unis, étant, entre temps devenue tout autant létale pour les alliés de Washington. Tactiquement, par le fait que, si la guerre en Afghanistan a ôté au groupe la possibilité d’utiliser ce territoire comme sanctuaire, celle en Irak, pour laquelle plus de moyens ont été mobilisés, a offert à la nébuleuse islamiste un nouveau terrain de réimplantation avec de surcroît la possibilité d’en découdre quotidiennement avec la soldatesque américaine.

Au-delà, par la dépréciation des valeurs libérales d’un pays au départ éminemment démocratique, l’apparition et la mise en place quasi-institutionnelle de procédures discriminatoires, la rationalisation de la pratique de la torture (avec parfois la complicité de médecins (5)) , le traitement bureaucratique et la compartementalisation des violations (la plupart des crimes commis par les soldats américains en Afghanistan, en Irak et dans les camps de Guantanamo Bay sont demeurés impunis), la criminalisation passive d’une catégorie de citoyens (en 2005, la liste de surveillance du « Terrorist Screening Center » du FBI contenait près de deux cent quarante mille noms, avec un taux d’erreur d’identification de quarante-deux pour cent…), la multiplication de la criminalité militaire (dans les prisons d’Abou Ghraib, Guantanamo, Bagram) avec au moins deux massacres de civils (Mahmoudia, Haditha), et la baisse des standards de recrutement de l’armée américaine par laquelle, selon une étude du Southern Law Center publiée en juillet 2006, un grand nombre d’extrémistes néo-nazis, antisémites et skinheads sont désormais présents au sein de l’armée américaine (des graffitis de la Nation aryenne ont été vus à Bagdad). Enfin, tout en exprimant un soutien de plus en plus entier à l’occupation israélienne des territoires palestiniens, l’administration Bush a vu le degré d’antipathie mondiale à sa politique étrangère aller crescendo (6).

En d’autres termes, face à l’un des plus grands défi de leur histoire, les États-Unis ont eu a présenter une administration des plus radicales comme ils ont fait des choix qui ont, pour beaucoup, confirmé les vieux soupçons de « deux poids, deux mesures » tout en semant les graines de nouveaux désirs de vengeance parmi les nombreux ennemis et victimes de l’Amérique. À l’aune de ces critères de démarcation et leurs prédicats concassés, on peut, dès lors, comme le fait le diplomate américain Peter Galbraith, considérer que « la guerre en Irak n’a avancé aucun des intérêts américains  » (7).

Si ceci était évitable, cela était également prévisible au vu de la lisibilité d’un propos républicain soigneusement arpenté et quasi-théorisé au lendemain de l’arrivée de l’administration Bush. En 2002, l’écrivain américain Gore Vidal, qui a côtoyé John F. Kennedy, prédisait que le président George W. Bush serait « l’un des pires présidents des États-Unis ». En 2006, le journaliste Carl Bernstein, qui, avec Bob Woodward, avait contribué à la démission de Richard Nixon en révélant les méfaits du scandale du Watergate, concluait que cela a été « les cinq années les plus désastreuses de toutes les présidences américaines contemporaines » (8).

Pour autant, nombreux sont ceux qui, en Occident et en Orient, ont accepté ou toléré une apocryphe notion de guerre pour démocratiser, et l’illégitimité d’une telle idée fut trop rapidement survolée comme l’a été la nature extralégale d’un grand nombre de mesures anti-terroristes en tant que « moindre mal » (9). À titre d’exemple, lorsque, sous une forte pression internationale et à la demande des Nations Unies, l’administration Bush se mit à considérer la possibilité de fermeture du camp carcéral de Guantanamo, de nombreuses voix — tel ce professeur de droit de l’université de Chicago qui défendit la validité des principes juridiques des incarcérations (10) — s’élevèrent pour s’opposer à une telle décision.

À terme, l’on a pu assister à l’éclosion d’une industrie de rationalisation journalistique, intellectuelle et politique, installée dans une mythologie défensive, de ce qui, en réalité, ne sont que des crimes d’État. Malgré la descente dans la barbarité dans ce pays, le 16 juin 2006, le Congrès américain vote une résolution déclarant que l’action américaine en Irak est centrale à la « guerre contre le terrorisme ». Deux mois plus tard, selon un sondage du New York Times et de CBS News, cinquante et un pour cent des Américains estiment que tel n’est pas le cas (11). Une telle évolution, de la part d’une population traditionnellement peu au fait des questions de politique étrangère, constitue en soi un important désaveu du narratif avancé par l’équipe Bush depuis l’automne 2001.

Fluxion et muance politique aidants, l’Amérique se retrouve donc à vivre un échec patent sans pouvoir réellement l’admettre. La rétractation leur étant contre nature et les États-Unis étant la société de spectacle par excellence, c’est tout naturellement à travers la culture populaire que les nécessaires palliatifs seront trouvés. Signe des temps, c’est Hollywood qui ainsi trahira la réalité du parallèle (longtemps rejeté) avec une autre décennie et un autre conflit perdu, à savoir les années 1970 et le Vietnam. Aussi, depuis 2002, l’on assiste, précisément comme cela avait été le cas trente ans plus tôt, à la dominante prolifération de trois types de films axés sur la peur, les catastrophes naturelles et le militarisme, le tout sous-tendu par une crainte diffuse du transport aérien (nouveauté due à la nature du raid de septembre 2001).

Les remakes se sont multipliés et le genre horrifique a été particulièrement prolifique avec une déclinaison entière des frayeurs enfantines et la peur primaire de l’inconnu à des productions plus simplement sadiques (telles « Saw » et « Hostel » et leurs incarcérations post-Abou Ghraib). De même, le narratif du monde nouveau du 11 septembre est donné tout naturellement aux adolescents : dans leurs nouvelles aventures respectives, Batman combat un réseau d’Al Qaida et Spiderman révèle volontairement son identité afin de prêter main à un « Superhuman Registration Act » qui fait penser au Patriot Act… La relève semble déjà assurée pour cette « longue guerre » annoncée en janvier dernier par le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld. Une différence de taille, néanmoins, entre le Vietnam et l’Irak : l’absence de mouvement anti-guerre, une situation due pour beaucoup à l’absence de conscription militaire aux États-Unis depuis 1973 mais que l’éditorialiste du New York Times Andrew Rosenthal attribue tout autant à la pression, dans la nouvelle Amérique, de demeurer silencieux ainsi qu’au fait que la guerre est en grande partie occultée par les médias, notant qu’il est « difficile d’échapper à la conclusion que les Américains trouvent bien plus facile de rester muets lorsqu’il n’y a pas de sacrifice partagé » (12).

Au final, la militarisation soft d’une société américaine de plus en plus apeurée, paranoïaque et étrangement insensible à la violence que ses actions suscitent peut être considérée comme l’expression du traumatisme du 11 septembre et d’un sentiment rancuneux et peccant. Aujourd’hui comme hier, l’empressement à accepter des images médiatiques cauchemardesques suggère l’existence de peurs et d’angoisses susceptibles d’être aisément mobilisées (13). Illustré de telle sorte par la culture populaire, la seule qui a une emprise réelle aux États-Unis, cet affaissement éthico-politique s’est, dans le même temps, doublée d’une dissolution du tissu social qui a pris la forme d’une formulation synthétique de toutes les questions nationales.

Aussi, la traditionnelle ignorance américaine populaire des sujets politiques a été transcendée par un individualisme continuellement élargi qui, en l’espèce, prive tout véritable débat d’une arène nationale tout en multipliant à l’infini les espaces d’expression atomisés (tels les blogs où toute opinion peut s’exprimer sans autre forme de conséquences). Selon un rapport publié en juin 2006 par le Pew Research Center, vingt-cinq pour cent de la population américaine n’est pas au courant des abus qui ont été commis dans la prison d’Abou Ghraib en Irak et dans les camps d’internement de la base navale sur l’île de Guantanamo Bay. Apathie ou anomie, cela n’a, en réalité, que peu de conséquences sur le fil des événements ; le projet néo-conservateur est mû par une logique autonome où, une fois acquis à travers l’artifice de l’instrumentalisation de la peur, le rôle du public devient presque accessoire dans le cadre d’un deuxième mandat.

« Vieille » mais pas encore assagie

Alors que la défaite américaine s’est essentiellement exprimée par une série d’actions radicales qui, d’une part, dénotent une vision politique assez élémentaire — le pays arabe le plus exaspérant depuis dix ans se devait de payer pour une action menée par d’autres Arabes ; qu’importe si l’Irak baasiste et Al Qaida islamiste avaient toujours été à couteaux tirés —, et, d’autre part, trahissent un besoin émotionnel de revanche naguère inconséquent en realpolitik, l’Europe aura, pour sa part, tout autant manqué le coche. Ici, l’adoption d’une logique de mimétisme, et parfois de soumission, se fera surtout à travers l’expression de peurs longtemps enfouies concernant la difficulté de trouver réponse aux questions soulevées par la présence croissante, en son sein, de minorités au lignage arabe ou musulman.

Une fois libéré par le prétexte externe d’une « lutte mondiale contre le terrorisme », qui n’inquiétera pas outre mesure l’ETA espagnole ou les FARC colombiennes, le mélange tour à tour opéré inconsciemment ou à dessein entre des questions socioculturelles nationales circonscrites et un vaste conflit politique international permettra une forme de dérobade face aux ambitions impériales américaines — velléités qu’une Europe récemment coloniale ne sait pourtant que trop bien qu’elles ne peuvent aboutir. Les coups de filets opérés régulièrement dans les milieux islamistes du « Londonistan » ou ceux des banlieux françaises ou belges participent-ils uniquement d’une logique policière dénuée de soubassements culturels ? On le croirait volontiers si le jeune Égyptien en Allemagne, Algérien en France, Marocain en Espagne ou Hollande, Pakistanais en Grande-Bretagne ou Tunisien en Italie n’était pas continûment confronté à une atmosphère publique palpable où il est tenu pour quasi-suspect.

De fait, la perte européenne sera double puisque sans réellement opposer une vision alternative (moins culturaliste, plus légale) au projet américain, et tout en acceptant d’abord de cautionner passivement une campagne globale indéfinie à l’arrimage juridique fragile puis en tolérant une guerre d’occupation illégale en Irak, la « vieille Europe », comme l’appellera Donald Rumsfeld, verra son inaction vertement critiqué par une Amérique belliqueuse, et, à terme, s’attirera les foudres d’Al Qaida de Madrid à Londres.

L’un des aspects les plus négatifs de ce bilan sera surtout celui de la complicité dans le traitement extrajudiciaire de la menace terroriste. En contravention de leurs propres textes constitutionnels et des chartes internationales en vigueur, un grand nombre de pays européens ont, au cours des trois dernières années, hébergé sur des sites tenus secrets des individus que les autorités américaines (la CIA principalement) avaient détenus sans jugement — ce que le président Bush admettra le 6 septembre dernier — et sur lesquels la torture a souvent été pratiquée (14). Par ailleurs, en juin dernier, un rapport du parlementaire suisse Dick Marty, mandaté en novembre 2005 par le Conseil de l’Europe, avait conclu à l’existence d’une multitude de vols secrets ayant transporté de tels prisonniers à travers toute l’Europe.

Ces détentions secrètes comme les transferts interétatiques illégaux de prisonniers contreviennent aux droits de l’homme et aux politiques européennes en la matière, et leur caractère non-accidentel révèle une opération de vaste ampleur. Après sept mois d’enquête, le rapport Marty évoque ainsi une « toile d’araignée » de disparitions, de détentions secrètes et de mouvements transnationaux illégaux dont les autorités américaines sont tenues pour responsables avec la collaboration de quatorze États membres du Conseil de l’Europe.

Sans pouvoir si aisément mettre tout les pays européens dans le même panier — en dépit de quelques concessions importantes à Washington, la France, par exemple, s’est, en 2003, opposée au projet américain en Irak et, en 2006, dissociée des desseins israélo-américains au Liban — il est néanmoins possible de parler d’échec Européen collectif puisque l’Union n’a pu arrêter une politique commune en réaction à une série d’événements historiques. D’autre part, il y a eu une assistance avérée au projet américain, soit activement avec la participation de la Grande-Bretagne et, un temps, l’Espagne et l’Italie dans la guerre en Irak (mais également l’Allemagne qui aurait fourni aux Américains des renseignements militaires (15)), et dans les violations de droits de l’homme (à travers donc, au moins, le cas des vols clandestins et les prisons secrètes).

Au lendemain du 11 septembre 2001, il était possible de croire qu’Israël risquait de tirer les dividendes de la campagne que l’Amérique s’apprêtait à lancer contre ses ennemis dans le monde arabe et musulman. Cela d’autant plus, qu’à l’instar d’un certain nombre de régimes arabes autoritaires avec leurs opposants islamistes ou de Moscou à l’égard de sa guerre en Tchétchénie, le gouvernement israélien avait rapidement compris l’intérêt de présenter sa répression des Palestiniens résistants l’occupation de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie comme partie intégrante de la « lutte contre le terrorisme ». « Israël fait le sale boulot du monde » sera une ligne maintenue dur et ferme, et ce jusqu’à la guerre contre le Liban cet été. Or, une telle esbroufe occulte l’illégalité originelle des actions israéliennes d’occupation comme elle présente le bien-fondé de l’ambiguë « guerre contre le terrorisme » comme un fait accompli.

Un pays musulman mis sous tutelle, un nouveau pays arabe colonisé, une campagne mondiale militaro-policière contre les groupes islamistes de tous bords, le processus de paix mis en veille (il sera déclaré officiellement « mort » par le secrétaire général de la ligue arabe le 15 juillet dernier), l’autorité palestinienne mené au bord de la faillite puis boycottée suite à sa prise de contrôle (démocratique) par les élus du Hamas, une guerre civile particulièrement meurtrière dans le pays de la région qui avait au cours des dernières années constitué la menace la plus sérieuse pour Israël, un regain de violences sectaires chez son voisin du nord, et un sentiment anti-musulmans mondialement diffus doublé de relents de racisme contre les Arabes, tout cela aurait dû en principe faire le jeu d’Israël, sans même que cette dernière eut à s’activer substantiellement dans ce sens.

Néanmoins — et le paradoxe n’est pas des moindres —, au cours de cette même période, Israël aura vu son pouvoir politique diminuer, la sympathie (réflexive) dont elle fait l’objet à travers de nombreux secteurs de par le monde céder le pas à un regain d’antisémitisme et d’animosité grandissante à l’égard de son traitement des Palestiniens, et, fait inédit et inattendu, son pouvoir militaire ébranlé suite à ce que Haaretz qualifiera d’« humiliante défaite » (16) face aux hommes du Hezbollah.

Si une telle évolution contre intuitive a pu avoir lieu, c’est essentiellement pour deux raisons. D’une part, accélérant un cheminement entamé sous l’administration Clinton — qui, de Camp David à Wye River, avait petit à petit abandonné un rôle d’arbitre du conflit au Moyen-Orient pour celui de tuteur des positions israéliennes —, l’administration Bush a rapidement et simplement pris fait et cause pour Israël et s’est essentiellement attelé à créer les conditions diplomatiques, financières et politiques d’une assise militaire israélienne durable à l’égard de la Palestine, du Liban et de l’ensemble de la région Moyen-Orientale. Avec l’élection d’Ariel Sharon en mars 2001, que George W. Bush qualifie d’« homme de paix » (qu’importe si une plainte pour crimes de guerre avait été introduite contre l’intéressé à Bruxelles), l’alignement est de plus en plus complet. Selon un ancien officiel du Département d’État sous l’administration Bush, « le président [Bush] ne voit aucune différence entre les intérêts américains et les intérêts israéliens en ce qui concerne le Moyen-Orient » (17). Ce qui n’est pas sans susciter une réaction, certes timide, au sein de cercles politiques influents aux États-Unis.

Illustrant une telle évolution et cassant un tabou de près de soixante ans, deux professeurs américains des universités de Chicago et de Harvard publient, en mars dernier, un rapport d’étude sur les aspects négatifs du pouvoir du lobby pro-israélien aux États-Unis et l’impact négatif qu’il suscite pour la politique étrangère américaine (18). Petit à petit l’idée fait son chemin, et, pour la première fois, la notion de séparation politique gagne en acceptabilité. Un autre professeur, de l’université de Boston, résume le sentiment nouveau : « Ce qui est désirable pour les États-Unis ne l’est pas forcément pour Israël. Israël se doit de faire tout ce qui sert ses intérêts. Cela vaut également pour les États-Unis. Nous sommes deux nations distinctes dont les circonstances diffèrent. À un moment donné, les options israéliennes et américaines pour faire face à la menace islamiste peuvent être différente. Cette phase pivotale dans l’histoire moderne militaire peut peut-être nous amener à ce moment » (19).

Plus que jamais alliée avec Washington après le 11 septembre, Israël ne pouvait que partager le sort des États-Unis au Moyen-Orient. Le gouvernement américain cantonné à une position externe déclamatoire, Tel Aviv pouvait continuer à tirer les dividendes de sa protection comme elle l’a toujours fait. L’aura du protecteur écornée au sein même du voisinage suite à la débâcle en Irak, Israël était condamnée à en souffrir les retombées. Au-delà de l’incompétence de la direction militaire et politique israélienne durant le récent conflit et de la témérité du Hezbollah, c’est cette nouvelle équation qui explique, avant tout, la déroute israélienne.

La deuxième raison de l’affaiblissement stratégique israélien est d’ordre interne et tient de l’évolution de la société israélienne elle-même. Si les cinq premières guerres avec les Arabes avaient été menées par une génération d’hommes qui étaient motivés par un désir urgent d’asseoir leur idée d’une nation israélienne et qui, pour certains, avaient connu l’Holocauste, les soldats qui ont tenté en vain de prendre le sud du Liban à l’été 2006 étaient d’un tout autre calibre ; de très jeunes recrues, peu motivées, avec en leur sein un nombre important d’objecteurs, et qui ont, pour beaucoup, trop longtemps vécu cette « sale guerre » d’occupation des territoires palestiniens. Faisant brusquement face à un farouche adversaire, qui a mené avec doigté un combat asymétrique insupportable pour toute armée conventionnelle, ces hommes pouvaient difficilement remporter un tel conflit.

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Ce qui ne les tue pas les rend plus forts. L’histoire contemporaine des Arabes serait-elle une surprenante illustration de l’aphorisme nietzschéen ? L’insupportable paralysie du monde musulman et l’extraordinaire regain d’animosité dont il a fait l’objet de la part de l’Occident au cours des dernières années auraient-ils combiné pour créer les conditions, certes lentes, mais potentiellement réelles d’une renaissance dans l’adversité ?

Artisan de son propre malheur, le monde arabe ne l’a, en réalité, que trop longtemps été. On peut, à cet égard, considérer que le mal que les régimes arabes postcoloniaux ont fait à leurs sociétés respectives et au progrès potentiel du monde arabe et musulman est incalculable. De crimes politiques en ratées économiques, voilà un théâtre socioculturel où les frustrations ont été croissantes depuis soixante ans. Or, dans l’après-11 septembre et avec le regain d’autoritarisme résultante opportuniste de la « guerre contre le terrorisme », le processus de divorce entre les populations arabes et leurs gouvernements s’accélère. Plus ces peuples assistent à la stigmatisation de leur religion et culture, plus ils constatent la couardise illimitée de leurs gouvernements. Plus ils voient Israël aggraver ses crimes d’occupation en Palestine, plus ils entendent leurs représentants palabrer sans fin pour offrir plus de concessions à Tel Aviv. Au bout du compte, l’acuité aiguë de ces frustrations fera le lit d’une unité dans le désespoir et d’une cassure en forme de libération dont la sixième guerre arabo-israélienne — menée, du côté arabe, par un groupe non-étatique — constituera le point d’orgue.

Les principaux vainqueurs de ces cinq dernières années sont, dès lors, paradoxalement ceux là même que l’on a trop rapidement donné comme battant retraite. Il s’agit, premièrement, de ces mouvements islamistes qui ont réussi à s’organiser et qui ont consciemment fait le choix de rompre avec les politiques de concessions qu’ils estiment suicidaires. Hezbollah, Hamas et Al Qaida ont, à leurs façons respectives qu’il importe de ne pas confondre sous prétexte qu’ils partagent des identités religieuses et politico-militaires voisines mais loin d’être synonymes, sont tous les trois sortis vainqueurs d’importantes épreuves dans leurs différents parcours. Le succès, s’il est souvent mitigé et pas toujours visible à priori — Hamas n’est-il pas paralysé ? Al Qaida n’a-t-elle pas été affaiblie ? Le Hezbollah n’aurait-il pas aliéné un pan de la société libanaise ? — est d’abord celui de la survie face à des ennemis puissants et déterminés. Il est ensuite pour Hezbollah et Hamas celui de l’expansion de leur assise populaire et, partant, de leur légitimité se doublant d’une dimension électorale.

De manière générale, on semble ainsi s’acheminer vers une évolution suivant laquelle un islam politique de rébellion qui aurait pu s’avérer être simplement une vague de mécontentement dans les années 1980 et moment d’inflexion durant les années 1990 (par lequel l’échec d’un grand nombre d’États arabes était sanctionné afin de forcer assainissement et développement) devient, au cours des années 2000, une formule de gouvernance démocratique des affaires internes et externes s’inscrivant sur le long terme. Pour sa part, et si son modus operandi d’attaques contre les civils pose un problème central, la campagne d’Al Qaida contre les États-Unis et leurs alliés n’en rencontre pas moins de la sympathie tacite auprès de nombreux musulmans à travers le monde et Oussama Ben Laden demeure une icône pour des millions.

Que peut-on, aujourd’hui, attendre de la prochaine phase de cette période que les historiens du futur appelleront certainement l’ « après 11 septembre » et qui dépassera bientôt la durée de la deuxième guerre mondiale ? Une aggravation de ces dystrophies qui se dessine sur trois fronts avec, premièrement, de probables nouveaux engagements entre les États-Unis et Al Qaida. Cette dernière a confirmé cette année, dans les récents messages d’Oussama Ben Laden et d’Ayman el Dhawahiri, qu’elle comptait frapper à nouveau, ce qui ne restera pas sans réaction des États-Unis — même s’il n’est pas évident où et comment ces derniers réagiront. Autre signe de la paralysie tactique des États-Unis dans ce conflit, en effet, la dissemblance des diagnostics domine. Alors que l’organisation poursuit son expansion, à tout le moins perceptuelle, avec l’annonce cet été de deux nouvelles cellules officielles dirigées par un Égyptien et par un Américain, une confusion analytique règne quant à l’évaluation de la situation ; là où un commentateur propose que les États-Unis déclarent victoire et que l’on en finisse (20), un autre considère que ces germes ne sont que prélude à une prochaine guerre mondiale débutant au Moyen-Orient (21).

En Irak, deuxièmement, on l’a vu, rarement une proposition stratégique aura été aussi funeste. Un départ américain ferait sombrer le pays encore plus dans le chaos et permettrait aux insurgés de déclarer victoire, le maintien des troupes ne fait qu’aggraver la situation tout en augmentant les pertes américaines. Ici, on peut considérer que la situation se maintiendra ainsi, « mauvais an, mauvais an » jusqu’à ce que la prochaine administration américaine hérite de ce fardeau et décide de s’en extirper peut-être comme l’avait fait le gouvernement de Gerald Ford en 1975 dans le cas du Vietnam.

Enfin, la défaite d’Israël — au terme de trente-trois jours de guerre, près de deux cent morts israéliens dont quatre vingt pour cent de soldats, pas de libération des otages objet officiel du litige, ni de désarmement du Hezbollah (22) — appellera une revanche qui est sûrement déjà en préparation. Or, l’arsenal de Tel Aviv ne changera rien au fait que, depuis deux cent ans, les guerres asymétriques ont été systématiquement perdues par la partie la plus puissante. En appliquant plus de force, Israël suscitera une résistance plus accrue des combattants du Hezbollah désormais deux fois aguerris comme elle accroîtra les chances de l’entrée en scène de la Syrie et l’Iran.

Ce qui à son tour permettra aux États-Unis d’en découdre avec Damas et Téhéran. Ce dernier conflit, auquel l’administration Bush semble particulièrement tenir peut-il, en effet, rester notionnel et indirect indéfiniment ? Par la même équation de relation entre protecteur et protégé qui a desservie Israël durant la guerre de juillet-août 2006, Téhéran sort, pour sa part, renforcée par la performance de son poulain libanais, ce qui peut également l’amener à prendre des risques tactiques en voulant asseoir davantage cette position temporaire.

On le voit, le système est condamné au renouvellement des cycles de violences et cela, semble-t-il jusqu’à ce que la question de fond qui conditionne la situation au Moyen-Orient, à savoir l’occupation de la Palestine, soit traitée et résolue. En dernière analyse, les attaques du 11 septembre, et les réactions et contre-réactions qu’elles ont suscité, auront avant tout constitué un mouvement de bascule historique. Cinq ans après, nous ne sommes qu’à la clôture d’un premier acte, certes riche en rebondissements, d’une tragédie politique qui se joue encore.

NOTES

(1) Voir Nina Kamp et Michael O’Hanlon, « The State of Iraq : An Update », The New York Times, 16 juin 2006, p. A27 ; Michael R. Gordon, Mark Mazzetti et Thom Shanker, « Insurgent Bombs Directed at GIs Increase in Iraq », The New York Times, 17 août 2006, p. A1 ; Bryan Bender, « Pentagon Studying its War Errors », The Boston Globe, 16 août 2006, pp. A1 et A5 ; et Jerome Taylor, « At Least 100 Die as Militia Force Drive Iraqi Troops Out of Town », The Independent, 29 août 2006.

(2) Carlotta Gall, « Nation Faltering, Afghans’ Leader Draws Criticism », The New York Times, 23 août 2006, p. A1.

(3) Voir Morris Berman, The Twilight of American Culture New York, Norton and Company, 2001 ; et Dark Ages America — The Final Phase of Empire, New York, Norton and Company, 2006.

(4) Lire Thomas E. Ricks, Fiasco — The American Military Adventure in Iraq, New York, Penguin Press, 2006 ; et Ron Suskind, The One Percent Doctrine — Deep Inside America’s Pursuit of Its Enemies Since 9/11, New York, Simon and Schuster, 2006.

(5) Voir Steven H. Miles, Oath Betrayed — Torture, Medical Complicity, and the War on Terror, New York, Random House, 2006.

(6) Brian Knowlton, « Global Image of the U.S. is Worsening, Survey Finds », The New York Times, 14 juin 2006, p. A9.

(7) Peter W. Galbraith, The End of Iraq — How American Incompetence Created a War Without End, New York, Simon and Schuster, 2006. Sur l’anatomie de ce fiasco, lire également la chronique, par le correspondant du Washington Post, du quotidien dans la zone verte à l’époque du régime de Paul Bremmer : Rajiv Chandrasekaran, Imperial Life in the Emerald City — Inside Iraq’s Green Zone, New York, Knoft, à paraître fin septembre 2006.

(8) Voir son réquisitoire « Senate Hearings on Bush Now », Vanity Fair, avril 2005, et celui de Lewis H. Lapham, « The Case for Impeachment – Why We Can No Longer Afford George Bush », Harper’s, mars 2006, pp. 27-35.

(9) C’est le titre de l’ouvrage d’un chantre des droits de l’homme, Michael Ignatieff : The Lesser Evil – Political Ethics in an Age of Terror, Princeton University Press, 2004.

(10) Eric Posner, « A Threat that Belongs Behind Bars », The New York Times, 25 juin 2006.

(11) Carl Hulse et Marjorie Connelly, « Poll Shows a Shift in Opinion on Iraq War – More People Say Fight Has No Link to Larger Antiterror Effort », The New York Times, 23 août 2006, p. A16.

(12) Andrew Rosenthal, « There is Silence in the Streets ; Where Have all the Protesters Gone ? », The New York Times, 31 août 2006, p. A26.

(13) Voir Philip Jenkins, Decade of Nightmares — The End of the Sixties and the Making of Eighties America, New York, Oxford University Press, 2006.

(14) Voir Giulietto Chiesa, « Au Mépris de l’Europe et du Droit : L’Archipel des Prisons Secrètes de la CIA », Le Monde Diplomatique, août 2006.

(15) Michael R. Gordon, « German Intelligence Gave U.S. Iraqi Defense Plan, Report Says », The New York Times, 27 février 2006, p. A1.

(16) Ari Shavit, « Olmert Cannot Remain in the Prime Minister’s Office », Haaretz, 11 août 2006.

(17) Farah Stockman, « View of Common Fears Drives US-Israel Policy », The Boston Globe, 18 août 2006.

(18) John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, « The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy » Working Paper RWP06-011, John F. Kennedy School of Government, Harvard University, mars 2006. Voir également le débat entre les auteurs (rejoints par l’ancien conseiller national à la défense américain, Zbigniew Brezinski) et leurs détracteurs dans le numéro d’août 2006 de la revue Foreign Policy.

(19) Andrew J. Bacevich, « No Win », The Boston Globe, 27 août 2006.

(20) James Fallows, « Endgaming the Terror War », The Atlantic Monthly, 298, 2, août 2006, pp. 60-75.

(21) Niall Fergusson, « The Next War of the World », Foreign Affairs, 85, 5, septembre-Octobre 2006.

(22) Herb Keinon, « Israel Gives Up on Disarming Hizbullah », The Jerusalem Post, 24 août 2006.

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