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Guantanamo, état des lieux d’un cadeau empoisonné

Cadeau empoisonné pour Barack Obama ? Cadeau empoisonné pour les puissances européennes qui, par ricochet, sont aujourd’hui sollicitées pour devenir terres d’asile pour une soixantaine de détenus considérés « libérables », mais dont le retour au pays d’origine s’avère trop risqué ?

Qui est aujourd’hui le plus embarrassé par ce terrible legs de l’administration Bush ?

Une chose est certaine, le sujet est plus que jamais d’actualité. Suscitant des attentes fébriles de la part d’ONG de défense des droits de l’homme, qui exhortent à juste titre le nouvel homme fort de Washington à tenir ses engagements de campagne, il agite en ce moment l’Union Européenne, qui se scinde en deux camps : les états potentiellement favorables aux transferts, parmi lesquels se trouvent la France, récemment approchée pour accueillir l’Algérien Nabil Hadjarab, prisonnier depuis 2002, l’Italie, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Suisse et le Portugal, et les pays qui ont déjà fermement opposé leur veto, dont le Danemark, la Suède et les Pays-Bas.

Depuis 2002, 779 personnes sont passées par ce goulag d’un nouveau genre, qui a pris ses quartiers sur une base navale américaine de Cuba. 241 ressortissants étrangers y sont à ce jour maintenus en détention, pour la plupart depuis des années et sans inculpation.

C’est près d’une trentaine de nationalités qui ont été ainsi assujetties à une cohabitation forcée sous le joug américain, dont de nombreux Yéménites (pour les deux tiers), Afghans, Saoudiens, Algériens, Tunisiens, Pakistanais et Irakiens. Une fois franchi le seuil de l’enfer carcéral, un processus de dépersonnalisation les a classifiées en trois catégories distinctes :

– les “combattants ennemis” placés en détention préventive pour les empêcher de retourner se battre en Afghanistan,

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– les “combattants ennemis” susceptibles d’être jugés pour activités terroristes,

– les prisonniers “libérables” qui ne sont plus considérés comme des combattants ennemis ou n’apparaissent plus comme une menace pour la sécurité des Etats-Unis.

Sur les soixante autres prisonniers qualifiés de “dangereux” qui pourraient être traduits en justice au motif « d’activités terroristes », quatorze d’entre eux ont déjà fait l’objet d’une procédure judiciaire, dont les cinq hommes menés par Khaled Cheikh Mohammed soupçonnés d’avoir fomenté les attentats du 11 septembre 2001, et deux enfants soldats afghan et canadien.

Depuis que les commissions militaires ont été instituées, seuls deux prisonniers ont été jugés : le chauffeur d’Oussama Ben Laden, Salim Ahmed Hamdan, condamné à cinq ans et demi de prison, et Ali Hamza Ahmad Al-Bahlul, propagandiste d’Al-Qaida, condamné à perpétuité.

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