Avec Mon chemin de foi, Soundous Moustarhim, 34 ans, signe un livre rare : à la fois récit intime, méditation spirituelle et manifeste pour une spiritualité ancrée dans le quotidien. Publié chez J’ai Lu, dans la collection Phaos, l’ouvrage raconte l’itinéraire de cette autrice belge d’origine marocaine, connue sur les réseaux sous le nom @SounFit. De son enfance dans une famille musulmane bienveillante, où ses parents ont transmis la foi sans jamais l’imposer, à son expérience bouleversante de l’Omra à La Mecque, de sa maternité à ses épreuves personnelles, elle livre une parole à la fois pudique et profondément incarnée.
Une spiritualité libre et apaisée
Ce qui frappe d’abord, c’est la tonalité. Nulle trace de prêche ou de discours défensif : Soundous Moustarhim ne cherche pas à convaincre, elle raconte. Son islam n’est ni contraignant ni austère ; il est vécu comme une respiration qui relie à Dieu et au monde. La prière, « mon refuge », devient un moment de recentrage vital, une force qui accompagne joies et douleurs. Elle décrit des instants de grâce où la présence divine se fait presque palpable, mais aussi des passages de doute : la foi « respire, évolue, clignote ».
Elle revient longuement sur la tendresse éducative de ses parents, deux instituteurs qui ont fait de leur foyer un lieu d’équité, de respect et de sérénité. Chez eux, la religion n’était pas contrainte mais exemple : un cadre apaisé où l’amour et la justice donnaient naturellement sens aux pratiques spirituelles. Cette atmosphère familiale a enraciné une certitude essentielle : la foi se reçoit comme une lumière intérieure, jamais comme une règle imposée.
Une foi vécue au-delà du dogme
Soundous Moustarhim ne réduit jamais la foi à une simple somme de rites. Elle le répète : les piliers de l’islam – prière, jeûne, partage, pèlerinage – « ne sont pas une fin en soi », mais des soutiens au chemin intérieur. Pour elle, la foi est un pèlerinage intime, un mouvement du cœur qui dépasse les obligations formelles. Elle parle d’« amour total », d’« intelligence du cœur », de cette force qui « transforme la douleur en puissance ».
Ce regard spirituel, nourri de soufisme, ouvre un espace de liberté. On peut être proche de Dieu « sans forcément se réclamer d’une religion », écrit-elle. Son islam n’est ni un système clos ni un marqueur identitaire : c’est une quête vivante, où chaque émotion, chaque épreuve devient un signe du divin.
Déconstruire les clichés
Soundous Moustarhim répond aussi, en creux, à l’image réductrice de l’islam souvent véhiculée en Europe. Le hijab, dit-elle, peut être un « choix spirituel et personnel » ; la femme musulmane n’est pas condamnée à la soumission mais, dès les origines, honorée et active. En racontant la simplicité de sa famille – des parents instituteurs, une enfance équilibrée à Bruxelles –, elle montre un islam vécu au quotidien, loin des caricatures.
Cette volonté de réconciliation est au cœur du livre. Elle s’adresse aux musulmans en quête de sens comme à ceux qui se sentent éloignés d’une religion parfois présentée de façon rigide. Mais aussi aux non-musulmans curieux de comprendre un rapport à Dieu qui ne soit ni repli ni revendication identitaire.
Une écriture simple, une profondeur universelle
La force de Mon chemin de foi tient à la clarté de sa langue. Écrit dans un français limpide, le livre se lit comme on écoute une voix proche. Soundous Moustarhim parle de la maternité, de la douleur, du lâcher-prise, sans jargon théologique. Elle inscrit l’islam dans la texture des vies ordinaires : un tapis de prière qui garde la poussière du désert, une larme qui devient prière, un merci murmuré dans la nuit.
Son propos rejoint une quête universelle : comment habiter le monde sans le posséder ? Comment transformer la souffrance en force ? Comment aimer sans condition ? En ce sens, sa démarche rappelle les grands témoins de la spiritualité – de Rûmî à Etty Hillesum – pour qui la foi n’est pas un refuge étroit mais une ouverture.
Une voix qui compte
En mêlant récit personnel, profondeur mystique et réflexion sur la société, Soundous Moustarhim offre plus qu’un simple témoignage : un geste littéraire et spirituel. Mon chemin de foi est une invitation à réenchanter notre rapport au divin, qu’on soit croyant, en recherche ou simplement attentif à la dimension spirituelle de l’existence.
Dans un paysage où l’islam est trop souvent caricaturé, ce livre fait entendre une voix féminine, libre et apaisée. Un livre à lire, absolument, pour quiconque veut comprendre la vitalité d’une spiritualité qui conjugue fidélité et liberté. C’est une lecture qui apaise, qui élève, qui donne envie de ralentir et de regarder la vie autrement.
Soundous Moustarhim, Mon chemin de foi, Éditions J’ai Lu – Collection Phaos



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