Une conférence organisée par Présence musulmane Est, sur le thème de la « solidarité », avec pour orateur Tariq Ramadan, a été annulée la semaine dernière à Strasbourg. Le responsable de la salle, où devait se tenir la conférence, accuse les organisateurs de ne pas avoir respecté les clauses du contrat. Les militants de Présence musulmane évoquent des pressions des Renseignements généraux. C’est la quatorzième fois en dix-huit mois que Tariq Ramadan se retrouve interdit de parole.
Le 13 janvier dernier, le Centre international de rencontre (CIARUS) et Présence musulmane Est signent un contrat portant sur la réservation d’une salle de 200 place pour une soirée privée. En clair, les organisateurs de la Conférence ne doivent pas annoncer cette manifestation sur la voie publique, par affichage ou voie de presse. « Faire venir 200 personnes pour Tariq Ramadan à Strasbourg, cela ne pose aucun problème. Toutes les places ont été réservées par le bouche-à-oreille », explique Mohammed Akbar, de Présence musulmane. Seulement voilà, cette conférence a effectivement été annoncée sur Internet, mais principalement par un site proche de l’extrême droite, très hostile à Tariq Ramadan…
« Ces annonces parues ne sont pas de notre fait », assure Présence musulmane. Philippe Wolf, le directeur du CIARUS, qui, selon le quotidien « Les Dernières Nouvelles d’Alsace », aurait « découvert fortuitement il y a quelques jours que cette rencontre serait l’occasion d’une conférence de Tariq Ramadan », ce qui peut paraître curieux, décide d’annuler la location de la salle. Il informe Présence musulmane le mardi 24 janvier, invoquant un non-respect des clauses du contrat. Les organisateurs de la conférence ont aussitôt contesté la décision du CIARUS en justice. Mais vendredi matin 27 janvier, jour de la conférence, le tribunal d’instance s’est déclaré incompétent. « Les documents en ma possession montre qu’il s’agissait d’une réunion totalement privée. C’est bien la personnalité de l’un des invités, Tariq Ramadan, qui a provoqué une levée de boucliers de la part de certains », souligne Jean-Marie Haller, l’avocat du collectif musulman.
En clair, y a t il eu des pressions et de qui ? « J’ai reçu pas moins de trois appels téléphoniques d’un fonctionnaire des Renseignements généraux. Il m’a même appelé pendant son jour de congé ! Il a essayé de m’intimider en me considérant comme responsable si des personnes se rendaient devant le centre de rencontre strasbourgeois malgré l’annulation de la salle », souligne Ghislaine Compagnon, de Présence musulmane.
Vendredi soir, une petite centaine de personnes se sont effectivement rassemblées devant le CIARUS, en présence de Tariq Ramadan, pour dénoncer la « censure » et la « discrimination » dont ils sont victimes. « Une fois encore les Renseignements généraux sont intervenus. Malheureusement, cela devient une habitude. En décembre à Clermont-Ferrand, la location de la salle où devait se tenir un colloque sur le thème “La raison dans l’islam“ a été purement annulée en raison même de ma présence ! », dénonce le professeur invité à l’université d’Oxford.
Vendredi soir, après avoir quitté les abords du CIARUS, Tariq Ramadan s’est exprimé devant quelques dizaines de personnes dans une mosquée du quartier de la gare de Strasbourg.
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