Leur histoire d’amitié nouée à bord d’un avion reliant Londres à Madrid partait sur de mauvaises bases, et c’est un doux euphémisme, rares, en effet, sont les passagers qui auraient parié sur l’épilogue heureux de leur relation commencée dans l’affolement à la seule vue du mot « Allah »…
En pianotant sur son smartphone un message adressé à un proche, Jiva Akbor, une jeune femme britannique voilée, résidant à Manchester, était loin d’imaginer la peur panique qui s’était emparée au même moment de la femme assise à ses côtés – une mère de famille accompagnée de son fils de 11 ans – et a fortiori qu’elle était à l’origine de sa ruée vers les hôtesses de l’air, après s’être levée brusquement de son siège.
Quelques instants plus tard, cette passagère, visiblement stressée, revenait vers elle sous bonne escorte, Jiva Akbor, interloquée, lisant alors la terreur dans son regard, tout en sentant le poids de la suspicion peser sur elle, mais sans saisir les raisons de cette soudaine agitation.
Il lui était à ce point inconcevable que le terme « Allah », écrit dans un sms, ait pu provoquer un aussi grand émoi qu’elle pensait même, ingénument, que l’inconnue qui avait pris place à ses côtés était en proie à une crise d’angoisse caractéristique des voyages en avion.
Quelle ne fut pas sa stupeur d’apprendre de sa bouche la vraie cause de son effroi : « Je vous ai vue écrire un texto dans lequel figurait « Allah ». Mon cœur a failli cesser de battre », a expliqué cette dernière, sur un ton accusateur, en présence des deux hôtesses de l’air dont le calme olympien et le professionnalisme seront salués plus tard sur sa page Facebook par Jiva Akbor. L’une d’entre elles finira même par se tourner vers la passagère effrayée plus que de raison pour lui dire : « Vous êtes libre de quitter l’avion, si vous le désirez ».
A ces mots réconfortants pour sa personne, Jiva Akbor a eu une réaction extraordinaire : elle a souhaité établir un dialogue constructif et empreint de pédagogie avec la femme qui la soupçonnait du pire, s’attachant à lui expliquer que « Allah » signifie « Dieu » en arabe.
Enfin calmée, la mère de famille a consenti à se rasseoir et à boucler sa ceinture, alors que s’amorçait une conversation très riche entre les deux femmes qui a duré tout au long du vol, Jiva Akbor apprenant que son accusatrice apeurée était chrétienne, tandis que celle-ci lui a confié regretter son emportement irrationnel.
« Au bout de 15 minutes, j’ai senti qu’elle était pleinement rassurée et prenait plaisir à échanger avec moi », a relaté Jiva Akbor sur les réseaux sociaux, se faisant une joie d’annoncer le « Happy end » qui a conclu en beauté ce voyage soumis à de fortes turbulences : son interlocutrice qui se prénomme Beverly, envahie par les remords, a tenu à lui offrir un flacon de son parfum préféré.
L’histoire ne dit pas si toutes deux ont tissé des liens indéfectibles, mais leur rencontre mouvementée aura eu au moins le mérite d’abolir le mur des préjugés et de laisser une trace impérissable : une belle photo de la réconciliation, sur laquelle leurs deux sourires radieux effacent les incompréhensions et les craintes réciproques.
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