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Un septuagénaire musulman agressé violemment au lendemain du meurtre du père Jacques Hamel

Parmi les actes anti-musulmans qui ont émaillé le lendemain, passablement assombri, du meurtre du père Jacques Hamel, l’agression, peu médiatisée, d’un septuagénaire musulman d’origine sénégalaise à Barentin, près de Rouen, a ajouté à l’accablement général dans ce département de Seine-Maritime placé tragiquement sous les feux des projecteurs.

Sous le choc de cette attaque viscéralement raciste, lâche et violente perpétrée en représailles à celle, sauvage et sanglante qui, la veille, avait endeuillé la commune voisine de Saint-Etienne-du-Rouvray,  l’une des filles du vieil homme, ancien ouvrier d’une usine textile, qui était revêtu d’une djellaba et coiffé d’une chéchia au moment des faits, a tenu à témoigner sur le site de Paris Normandie.  

« Notre père musulman s’est fait agresser physiquement près de chez lui. Celui qui a fait cela, l’a aussi insulté et a tenu des propos racistes à son encontre », a-t-elle relaté, bouleversée, en rapportant au mot près les injures et la menace de mort proférées par son agresseur au visage défiguré par la haine : « Sale noir, c’est pas parce que t’es en robe et avec un chapeau que tout t’est permis. Si je descends, c’est pas pour te taper, c’est pour t’égorger».

Il était 6 heures du matin, en ce jour d’après la tragédie de Saint-Etienne-du Rouvray, lorsque le drame s’est noué à Barentin, la victime âgée étant brusquement apostrophée par un automobiliste devenu fou de rage en l’apercevant, sous les yeux terrifiés et impuissants de deux de ses filles. Ce père vieillissant de neuf enfants a eu le malheur de croiser la route matinale d’un islamophobe de la pire espèce, tandis qu’il raccompagnait ses deux enfants à leur voiture afin de les aider à charger leurs bagages dans le coffre.

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Après avoir klaxonné frénétiquement pour effrayer sa proie toute désignée, si vulnérable et facilement identifiable, le redoutable énergumène, ivre de vengeance, ne s’est pas contenté d’éructer des insultes ordurières. Le pied au plancher, il a carrément foncé droit sur le pauvre homme à deux reprises, pendant que celui-ci criait à ses filles de partir, avant de le pourchasser jusque dans la cave de son immeuble. La suite, c’est l’une de ses filles âgée de 37 ans, témoin traumatisé de la scène, qui l’a racontée : « Notre père a récupéré dans la cave de l’immeuble, une marmite pour se défendre. Il sentait qu’il allait être agressé. Il n’a pas eu le temps de fermer les portes de l’ascenseur que l’individu s'est jeté sur lui. Mes autres frères et sœurs l’ont retrouvé presque inconscient. Il se plaignait de sa gorge. Il nous a expliqué que le mis en cause lui avait serré le cou.»

Souffrant d’un traumatisme crânien et fortement commotionné, psychologiquement, par la farouche volonté de nuire de son agresseur, au point de devoir être suivi par un spécialiste, le septuagénaire, honorablement connu dans son quartier de Barentin où il réside depuis cinquante ans, a été hospitalisé au CHU de Rouen. Une enquête policière pour « violences volontaires » a été immédiatement diligentée.

Cruelle ironie du sort, ce musulman très pieux connaissait et appréciait le défunt père Jacques Hamel, cet apôtre du dialogue interreligieux, car il lui arrivait de se recueillir dans la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray.  « Il a été ébranlé par ce qui est arrivé au prêtre Jacques Hamel. Mon père dénonce toute cette violence extrémiste, les attentats… Lui et toute la communauté musulmane de Barentin ont été affectés», a souligné l’une de ses filles, laquelle, s'exprimant au nom de sa famille, a précisé :  « Nous témoignons pour que ça ne se reproduise pas, car notre père aurait pu mourir. Et pour qu’il n’y ait pas d’amalgames suite aux événements récents. Car l’idée des terroristes est de tous nous diviser».

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