Paupérisation, mépris, humiliations, brimades, les mêmes maux, de la Tunisie à l’Algérie, ont conduit, dimanche dernier, au même acte désespéré qui a érigé Mohammed Bouazizi en symbole posthume d’une génération tunisienne sacrifiée : un jeune vendeur algérien de fruits et légumes s’est immolé par le feu à Béchar, une ville située près de la frontière marocaine.
A 32 ans, Yachir Boumédiene, avait coutume de s’installer à proximité du marché de Bouhlel, en plein centre ville. Dans la matinée, la police, intervenant dans le cadre d’une opération de délocalisation des marchands informels, lui ordonna de déplacer sa marchandise pour ne pas occuper la voie publique. Faisant mine de s’exécuter, le jeune homme abandonna sa table, pour revenir quelques minutes plus tard, muni d’un bidon d’essence. Il s’immola alors devant la foule amassée devant lui.
Brûlé au troisième degré, il décédera lors de son transfert à l’hôpital d’Oran. Ebranlés par ce drame de la désespérance, les habitants de la ville ont organisé un grand rassemblement devant le siège de la wilaya, ainsi que l’a rapporté la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh).
Combien faudra-t-il de Yachir Boumédiene avant que l’oligarchie algérienne, confortablement installée sur son matelas cousu d’or, sorte enfin des ténèbres de l’autocratie pour amorcer une transition démocratique ?
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