Parmi les nombreuses contrevérités déclamées avec l’aplomb qu’on lui connaît par Nicolas Sarkozy, le renforcement des mesures de protection des sources journalistiques est à inscrire au registre des promesses qui n’engagent que ceux qui les ont reçues…
Amer désenchantement de la profession journalistique qui, après avoir peut-être cru aux accents de sincérité de notre président, réalise aujourd’hui que ce dernier avait juste omis de mentionner une clause non négociable : oui pour le respect de la confidentialité des sources, aussi longtemps que cela n’affecte pas sa personne et ses proches.
Quatre journalistes font actuellement les frais de cette interprétation très sélective de la liberté de la presse, en étant convoqués par la police suite à la diffusion sur Internet d’une vidéo du Chef de l’Etat hors antenne, le 30 juin 2008.
Concernés au premier chef, le directeur du site Rue89, Pierre Haski, et le journaliste Augustin Scalbert doivent être entendus par la police après qu’une plainte ait été déposée par France 3 pour “vol, recel et contrefaçon” , à la demande de l’Elysée, le parquet de Paris ayant ouvert conjointement une enquête préliminaire, confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), visant au moins deux journalistes de France 3.
Cette convocation, fixée au 1er avril, cible particulièrement le site Rue89, qui a commis un crime de lèse-majesté : la diffusion d’images prises sur le vif du Chef de l’Etat manifestant son irritation parce qu’un technicien de France 3 ne lui avait pas rendu son salut avant l’interview, et interpellant sans ambages le journaliste de France 3 Gérard Leclerc pour savoir combien de temps il était resté “au placard”.
” Il y a des informations dans cette séquence qui sont intéressantes sur le personnage qu’il est et cela fait partie du droit à l’information”, se défend Pierre Haski.
Face à la multiplication des procédures à l’encontre des journalistes, Reporters sans frontières (RSF) émet les plus vives inquiétudes quant aux dérives de l’Elysée, qui constituent une transgression de la plus élémentaire des règles d’or du journalisme : la protection des sources.
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