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Ramadan: pourquoi le jeûne est-il si fascinant ?

Pour découvrir l’univers du ressenti, il faudra chevaucher le Présum-Pensum. Parce qu’il y a perpétuelle offrande de PP, le Ramadhan est une invitation permanente à la célébration des sens. [PP : plus petite entité de temps-conscience]

« Allah a dit : Tout acte du fils d’Adam lui appartient à l’exception du jeûne, car celui-ci est à Moi et c’est Moi qui en paie le Prix »

Que peut bien vouloir dire ce Hadîth aux relents mystérieux ? Pourquoi le jeûne est-il fascinant et vénéré par certains, dérangeant pour d’autres ? À cet effet, il est bien accueilli ou terriblement appréhendé c’est selon ! Quelle expérience peut nous faire découvrir le jeûne ? Est-ce juste une épreuve contraignante pour le corps ? En quoi le mois de Ramadhan est-il sacré ?

En quoi le jeûne peut-il nous aider à nous faire sentir une existence “enchantée” non fragmentaire au sens wébérien du terme ? En quoi le jeûne peut-il contribuer à pallier la perte de sens et à nous rapprocher davantage de la Création ?

Ce sont là quelques interrogations pour lesquelles je vais suggérer des pistes de réflexion qui s’apparentent beaucoup plus à une approche non-duelle de la Réalité qui est un enseignement de plusieurs traditions extrême-orientales. Mais précisons tout de suite que cette approche est fortement présente, quoique d’une manière nuancée, chez les mystiques soufis et surtout chez le Magistère Maximus Ibn ‘Arabi.

La pensée religieuse de l’Islam est riche, profonde et féconde. Il faut s’atteler à sa reconstruction, comme le dit à juste titre Mohammed Iqbal, dans ce qu’elle a de plus universel et de plus pratique.

Tout d’abord, une mise en contexte s’avère utile. Dans cette contribution, je ne me situerai pas sur le plan strictement religieux de la signification du jeûne car je n’ai aucune compétence en la matière. Je ne suis pas aussi un adepte du concordisme, loin s’en faut, qui veut qu’on aille chercher a posteriori dans le Coran la justification des théories scientifiques les plus modernes.

De plus, je n’aborderai pas les bienfaits du jeûne sur la santé ou les méfaits, faut-il le souligner, sur toute personne qui n’est pas médicalement apte à l’observer. Préserver notre état de santé est un acte de responsabilité et un devoir qui nous incombent. Dans le Coran il est dit explicitement que Dieu veut pour vous la facilité, Il ne veut pas pour vous la difficulté.

L’idée centrale de cette digression sur le jeûne est la suivante : le ressenti du jeûne au quotidien ainsi que ses états induits par la privation peuvent-ils être d’une aide quelconque pour nous faire “sentir” l’instant présent ? Selon le Coran, l’univers est un acte. Tout est dans l’instant présent ; il n’y a ni passé, ni futur. Seule compte la sacralité du moment présent. Il est à noter que le ressenti se présente à nous dans toutes les occasions de la vie si on “sait” s’y prendre et pas uniquement pendant le mois de Ramadhan. Mais, attention il n’y a aucun savoir dans le fait de s’abandonner au ressenti.

Le jeûne est, pensons-nous, une occasion privilégiée et une chance supplémentaire pour nous rendre plus conscients de notre corps ainsi que des émotions et des états qui le traversent. Précisons que dans l’optique de la portée du jeûne il n’y rien à atteindre, rien à découvrir et surtout il n’y a rien à réaliser. Juste suspendre son jugement et son bavardage interne incessant pour sentir l’émotion, de quelque nature qu’elle soit, éclore comme une rose !

Si certains pensent à l’éveil ou à la réalisation de soi, notons que l’éveil est un non-événement des plus banals. L’être “réalisé’” est celui qui vit complètement l’instant présent. Point. Tout comme le jeûne, il existe d’autres pratiques aussi diverses les unes que les autres et qui embrassent l’ensemble des activités humaines pouvant conduire à cette écoute profonde du corps : le Dhikr, la Prière, etc…

Encore une fois, le jeûne du mois de Ramadhan est partagé par toute une communauté et c’est en cela que réside son côté bénéfique du fait du rayonnement des personnes le vivant intensément ! Il n’est qu’évidence d’admettre que notre connaissance du réel est incomplète et demeure à jamais voilée ! La science moderne à travers le théorème de Gödel, le principe d’incertitude, la non-séparabilité* pour ne citer que ceux-là, a porté un coup de grâce au paradigme classique triomphant synonyme d’un monde de certitudes.

Les représentants les plus illustres de ce paradigme furent Laplace et Berthelot qui s’est même enivré d’un “Désormais, le monde est sans mystères”. Quelle ignorance ! Bien avant ces personnages notre Prophète (QSSSL), susurrait constamment cette prière :

           « Mon Dieu ! Accordez-moi de connaître la nature ultime des choses ».

Dans le sillage du Prophète (QSSSL), Aïn El-Qudhat El-Hamadani a établi une philosophie basée sur sa propre vision spirituelle. Sa pensée se structure autour de deux niveaux de connaissance à la fois : le monde rationnel (ÃLIM) et le monde transrationnel (ÃRIF). Ce dernier étant situé au-dessus du premier. De sorte que l’accès au monde transrationnel se fait après épuisement de toutes les facultés rationnelles.

Ainsi donc, le niveau le plus haut que puisse atteindre le savant (ÃLIM) correspond en fait au premier niveau chez l’homme de connaissance (ÃRIF). El-Hamadani ajoute pour mieux expliciter sa thèse que la vraie réalité des choses ne se découvre que dans le monde transrationnel, alors que le monde rationnel présente une image déformée de cette même Réalité.

Donc, pour résumer nous disons que la véritable connaissance, qui est une forme de grâce, est directe, intérieure, intuitive et non intellectuelle. Disons tout simplement que la pensée discursive est totalement inopérante lorsqu’il s’agit d’appréhender le réel.

Le réel est voilé, et toute tentative rationnelle pour le dévoiler, le saisir et le comprendre est vouée à l’enlisement et à l’absurde. Il nous apparaît donc, contrairement à l’approche rationnelle, que le mois de Ramadhan semble être un moment propice à établir ce lien d’avec le réel. C’est ce que l’on va essayer de montrer tout au long de cette étude.

En effet, ressentir la soif, le désir, l’envie, bref notre état intérieur avec toutes ses variantes et richesses pendant le jeûne nous laisse présent à nous même et en définitive nous met face à cette Présence qui est inexprimable et ineffable. Vivre ce temps présent intensément, c’est sentir un moment d’éternité. « Le vrai bonheur ne se décrit pas, il se sent », disait Rousseau.

Et c’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison comme le stipulait Pascal. Bien avant lui notre Prophète (QSSSL) mettait l’accent quant à la primauté du cœur sur la raison pour se rapprocher du divin.

N’est-il pas dit : « Quiconque d’entre vous est Présent à ce mois, qu’il le jeûne» – Coran [2, 185].

Le jeûne est un acte de présence, c’est aussi un état intérieur par excellence en ce sens qu’il est voilé aux yeux du commun des mortels. Il appartient de ce fait à Dieu et seul Lui peut décider de sa rétribution et de sa valeur méritoire. Ibn ‘Arabi disait que le jeûneur est proche d’Allah par la qualité “samadienne”, il se rend proche de Celui qui est qualifié par “rien ne Lui est semblable”.

Notons que Ramadhan est un des Noms d’Allah : il s’agit d’As-Samad, et que celui-ci est en relation avec Présence et éternité.

Le jeûne est un vécu qui ne se laisse pas raconter. Il faut le vivre. En le vivant, on ne peut le décrire, parce que ressentir et penser relèvent de deux ordres différents. On ne peut ressentir et penser en même temps. Si on met l’accent sur le ressenti on est complètement ouvert à ce ressenti, par contre si on pense on abandonne le terrain sensoriel, et c’est le psychologique qui prend le dessus. On est complètement pris dans les rets ou dans la nasse du mental. Dans le Tractatus logico-philosophicus Wittgenstein montre que la structure logique du langage ne peut être décrite à l’intérieur du langage lui-même.

Il y a si l’on peut dire de l’inexprimable au-delà du langage. Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence : c’est la seule et unique phrase qui constitue le septième aphorisme de son célèbre livre précédemment cité. Il y a en quelque sorte de l’indicible (La Présence) qui ne se laisse pas décrire par le langage. En évoquant l’aspect indicible du contenu de son livre Wittgenstein a écrit : « Mon livre consiste en deux parties : celle ici présentée, plus ce que je n’ai pas écrit. Et c’est précisément cette seconde partie qui est la partie importante » !

Durant le mois de Ramadhan, les sens sont aiguisés et toute expérience (ou vécu) relevant de l’indicible dans cet univers de sensorialité est non communicable par définition. Le mois de Ramadhan se vit, ou se fait ressentir, j’allais dire, dans l’humilité et l’intimité la plus totale.

Ce qui est visé à travers le jeûne c’est une contemplation unifiant le sujet et l’objet. Aussi longtemps que subsiste une distance entre le connaisseur “le sujet” et le connu “l’objet” on ne peut parler de l’unicité de l’existence. Il s’agit ultimement d’approcher la connaissance du réel de l’intérieur. Le principe d’incertitude d’Heisenberg est là pour nous rappeler que le couple observateur-observé est constitué de deux éléments totalement imbriqués, l’un ne va pas sans l’autre. Sur un autre plan, signalons qu’avant la théorie de la relativité restreinte on parlait d’un temps absolu et d’un espace absolu. On sait depuis que seule la notion espace-temps est valide.

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Il est vrai que le monde phénoménal avec une multitude d’êtres parsemés se prête mal à une quelconque expérience d’unification, mais encore cela dépend de notre façon de “voir”. Si on potentialise les objets, alors on actualise la Conscience. Par contre en actualisant les objets, on potentialise la Conscience. C’est le couple onde-particule qui donne une belle métaphore de ce phénomène. Si l’onde s’actualise alors la particule se potentialise et vice versa.

Dit autrement : lorsque l’ego de l’homme est fortement présent, le divin s’efface. Quand le divin fait irruption, l’ego est complètement absent. Dans notre absence, on réalise la Présence ! Le jeûne est le miroir dans lequel se manifestent les peurs, les angoisses et les espoirs de l’ego. Il s’agit de contempler ce miroir comme un spectateur qui regarde un film. On n’intervient pas pour changer quoi que ce soit, pas plus qu’un spectateur n’intervient pour changer le contenu du film !

Toshihiko Isutzu rapporte ceci : Haydar Amuli, un des premiers métaphysiciens iraniens du XIV siècle, dit que, quand l’homme essaie d’approcher l’existence avec son intellect débile (‘aql Da’îf) et ses pensées étriquées (afkâr rakikah), sa perplexité et son aveuglement naturels ne font que croître.

Le commun des mortels, qui n’a pas accès à l’expérience transcendantale de la Réalité, est comparable à un aveugle qui ne peut marcher en sécurité sans sa canne. La canne qui sert de guide à l’aveugle symbolise ici la faculté rationnelle de l’esprit. Chose curieuse, la canne à laquelle l’aveugle fait confiance en arrive à être la cause même de son aveuglement. Ce n’est que lorsque Moïse jeta son bâton que les voiles du monde phénoménal se retirèrent de sa vue. Ce n’est qu’alors, au-delà des voiles, au-delà du monde phénoménal, qu’il contempla la magnificence de la Réalité absolue.

N’est-il pas tentant, à ce niveau, d’avancer l’hypothèse suivante : La nuit du destin (Laylat Al-Kadr) ne serait-elle pas le résultat d’un dévoilement instantané, lui-même perçu comme un ‘Présent éternel’, somme des lieux de convergence des dépassements successifs du monde phénoménal et d’expériences partielles et imparfaites de transcendances avortées tout au long du jeûne du mois de Ramadhan ?

C’est l’apogée ! Le Magistère Maximus dit : On dit du jour qu’il “jeûne” (sâma) lorsqu’il culmine. Imru-l-Qays a dit : lorsque le jour s’éloigne et “jeûne”, c’est-à-dire lorsqu’il atteint son sommet. Le jeûne a été appelé ainsi parce qu’il s’élève en degré au-dessus de toutes les autres œuvres d’adoration. Pourrait-on dire dans cette même veine à la suite du Magistère Maximus que le point culminant du jeûne ne serait-il pas donc Laylat Al-Kadr ?

Curieusement, le mois de Ramadhan ne porte-t-il pas en lui-même sa propre récompense ! Quand le corps, le véhicule de l’esprit, est amoindri, affaibli et martyrisé par des privations de nourriture terrestre et autres, une lumière céleste fulgurante surgit soudainement de ses entrailles pour éclairer l’existence. La Rencontre avec le réel serait-elle à ce prix ? Parce que la joie et la lumière sont en dedans de nous-mêmes et non en dehors. Il faut partir en “voyage” et être prêt à les accueillir en abandonnant la “raison”, les fausses préoccupations matérielles et surtout la prétention d’être quelqu’un !

En fait, le monde phénoménal ne commence à poser problème que lorsqu’il est pris pour ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire la Réalité ultime. Le jeûne ne serait-il pas l’outil qui nous permet de découvrir l’unité sous jacente cachée derrière la multiplication des objets du monde phénoménal ? L’existence est une trame indifférenciée de sujets et d’objets. Le but ultime de l’homme est de ‘se sentir’ partie prenante de cette trame.

Les philosophes musulmans proposent une autre métaphore intéressante, celle de l’encre et des lettres écrites avec cette encre. Les lettres écrites avec l’encre n’existent pas réellement en tant que lettres, car les lettres ne sont que des formes variées qui n’ont un sens que par convention. Seule l’encre existe réellement et concrètement. L’existence des lettres n’est en vérité que celle de l’encre, seule et unique réalité qui se déploie en se différenciant elle-même. On doit d’abord s’appliquer à voir la réalité de l’encre dans toutes les lettres et ensuite à voir les lettres comme autant de modifications intrinsèques de l’encre.

Se rendre compte et prendre conscience que nous sommes constamment agités. Nous vivons continuellement des conflits et nous passons nos journées à choisir ou à refuser. Constater cela intellectuellement ne suffit pas. On doit le vivre, le ressentir. Selon nous, le jeûne est d’un apport utile pour créer un espace de tranquillité, un havre de paix, à l’intérieur de nous-mêmes. Parce que notre chaos nous le projetons à l’extérieur. Comme nous rayonnons notre tranquillité autour de nous.

Quand l’émotion est abordée sensoriellement, elle vibre dans son espace propre qui est pour ainsi dire illimité contrairement à l’ego qui lui se meut dans un espace restreint et fermé. L’ego s’appuie sur l’expérience, le savoir et la mémoire. L’émotion n’a quant à elle aucun référentiel, en la laissant s’étaler, se vider dans le cœur on va retrouver cette vibration de l’essentiel. Si, par contre, l’ego prend le contrôle l’émotion sera niée, justifiée ou calmée. Pour résumer laissons la parole à Éric Baret : “L’émotion est libre de pensées, de savoirs, elle vacille sur elle-même sans certitude. Dans l’émotion, l’ego perd tout contrôle. Il a besoin de maîtriser, d’être en charge, de savoir”.

Si je vis sans prétention aucune en ne choisissant ni ceci, ni cela, si je vois le monde autour de moi tel qu’il est, alors la paix gagnera le cœur. En ce sens que la personne est ‘orientée’ et ‘accordée’ à l’essentiel qui est de ressentir l’unité de cet univers à travers la multiplicité des êtres le constituant. Être un instant sans demande, sans attente, sans espoir est l’état le plus simple qui soit. Être totalement en accord avec l’émotion qui surgit en moi.

Éric Baret l’exprime avec plus de beauté, écoutons-le : “Vous sentez que l’essentiel dans la vie, n’est pas ce que vous devenez, ni ce que vous pouvez changer, ni quoi que ce soit. Vient alors un pressentiment de la tranquillité ; vous devenez alerte ; toutes les énergies constamment utilisées pour acquérir ou éliminer qualités et situations ne sont plus activées. Quand vous cessez de vouloir ceci, de refuser cela, vous sentez la tranquillité. Ce mouvement du désir et de son contraire est considérablement réduit car vous réalisez que rien n’est mauvais pour vous et que rien n’est mieux.”

Tout cela est un appel et un rappel à notre profonde nature (fitra) qui est égarée et enfermée dans sa propre souffrance alors qu’en réalité elle est immergée dans la danse perpétuelle de l’univers. Puisse le jeûne nous rendre disponibles à cette Présence Immuable qui n’est pas un concept, mais un ressenti.

Le Coran [81, 27-29] nous y invite : « Puisque ceci n’est autre qu’un Rappel lancé aux univers. Pour qui d’entre vous veut la rectitude ? Mais vous ne la voulez qu’autant que le veuille le Seigneur des univers.»

Dr Saâd Hamidi

Centre hospitalier de l’Université de Montréal

* Notes  :

Le théorème de Gödel qui est une réfutation d’un modèle mécanique de la science, de la pensée et du monde, affirme en substance qu’un système arithmétique cohérent et non contradictoire contient inévitablement des propositions indécidables. Plus loin encore, il démontre qu’un ensemble d’axiomes contient une proposition que nous savons être vraie et qui est pourtant indémontrable à partir des axiomes en question (incomplétude).

La non-séparabilité quantique montre, en effet, que deux particules corrélées (ou intriquées) forment un ‘Tout’ et ce, quelque soit la distance qui les sépare. Autrement dit, la connaissance d’une mesure sur l’une influe instantanément sur l’autre et ce, sans transmission d’information qui soit le résultat directe d’une action physique mesurable.

Le principe d’incertitude (ou d’indétermination) énonce que l’on ne peut connaître avec précision, et en même temps, la position et la vitesse d’une particule. Toute mesure précise sur une variable entraîne systématiquement une indétermination sur l’autre variable. Ce principe s’applique également au couple (temps, énergie).

Élément de Bibliographie

[1] Toshihiko Izutsu. Unicité de l’Existence et Création Perpétuelle en Mystique Islamique. Les Deux Océans 1980. Paris-France.

[2] Éric Baret. Le seul désir, Dans la nudité des Tantra. Éditions Trait d’Union, Montréal 2002.

[3] Mohamed Iqbal : Reconstruire la pensée religieuse de l’Islam. Éditions du Rocher. Mai 1996 ISBN UNESCO : 92 3 203291 0

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