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Nous n’avons jamais traduit le Coran !

 

Un tel titre n’a rien d’une provocation ni d’une plaisanterie, mais il s’agit bel et bien d’un sujet sérieux, très sérieux même si on y réfléchit. C’est encore moins une publicité déguisée destinée à survendre ma propre traduction du Coran.[1] Toutefois, le but de cet article étant très précisément d’expliquer la nature réelle de l’ensemble des “traductions” existantes jusqu’à présent, ceci conduira par comparaison nécessairement à mettre en évidence les différences essentielles de la traduction littérale du Coran que nous proposons. En substance, par « Nous n’avons jamais traduit le Coran » nous signifions que ce n’est point réellement le texte coranique qui a jusqu’à présent été traduit, mais en réalité son interprétation. Nous allons donc comprendre le pourquoi et le comment de cette subtile opération de glissement et de sens et de fonction qui se cache derrière l’intitulé général : Traduction du Coran.

– Pour autant, curieux titre me direz-vous alors que l’on répète à l’envi qu’il existe en français plus de 120 traductions du Coran. Aussi, bien que le présent sujet relève du qualificatif, nous aborderons tout de même cette question se rapportant au quantitatif. En effet, il ne manque pas de “traductologues”, professionnels ou amateurs, pour répéter en boucle que le Coran a été traduit plus de 120 fois. L’argument flatte l’ego et, embrayant ainsi sur l’émotif, il devient une sorte d’argument d’autorité : s’il existe plus de 120 traductions du Coran, c’est donc que les textes proposés sont fiables, parfaitement assurés quant au fond. Chaque traduction ne se différencierait alors que par la forme, le style plus ou moins bon ou plus ou moins mauvais. De la sorte, le lecteur du Coran bénéficie inconsciemment d’un certificat de garantie, voire de conformité. De même, paré de cette abondante couronne de laurier, le traductologue peut alors exercer son art, qui de la flatterie, qui du blâme, peu quant au fond ; et il est bien connu que l’art est difficile autant que la critique est facile.

– Néanmoins, et ce contre tout ce qui est dit et redit, il est faux d’affirmer que l’on dénombre plus de 120 traductions du Coran en français. S’il demeure actuellement impossible d’identifier qui est le premier auteur de ce décompte flatteur, il n’en est pas moins certain que cette information est reprise en boucle sur Internet. Telle est la maladie de ce siècle numérique conduisant à copier et recopier des données sans en éprouver l’origine et, plus encore, la crédibilité. L’Ère du réseau n’est pas celle de la raison. Cependant, pour qui se donne la peine de vérifier, en prenant comme point de départ la traduction du Sieur du Ryer publiée en1647 l’on constate sans difficulté que la traduction de J. Berque parue en 1990 est dans l’ordre chronologique seulement la 23e traduction française complète du Coran. Or, il n’y a sûrement pas eu 100 traductions depuis lors, et ce, bien que le marché de la traduction du Coran soit devenu florissant et que la majorité des traductions proposées ne sont à quelques exceptions près que des traductions de traductions. Relooking, marketing, propagande aussi, sont le moteur premier de cette industrie et, comme nous l’avons indiqué, l’apparence de la quantité évite la question de la qualité et de la recherche. Dans un monde matérialiste et consumériste, il ne pouvait être mis en avant que le nombre et non la valeur intrinsèque !

– Ceci étant précisé, lorsque nous disons : « Nous n’avons jamais traduit le Coran », il ne s’agit donc pas de la quantité produite, mais bien d’une question de fond… De ce fait, notre propos n’est pas de critiquer les traductions et encore moins les traducteurs, mais de proposer une réflexion sur le choix méthodologique qui caractérise toutes les traductions du Coran. En effet, et sans que l’on y prête attention, ce qui nous préoccupe ici est systématiquement écrit sur “l’emballage” : « la traduction en langue française du sens de ses versets ». Ce sous-titre promulgué par l’édition de la traduction du Coran dirigée par l’Arabie Saoudite signifie très clairement que ce n’est pas le texte arabe du Coran qui est traduit, mais la signification que l’on donne à ses versets. Ce n’est donc pas le texte coranique qui est traduit, mais une exégèse. Question : qui est « on » ? Réponse : la lecture wahhabo-salafiste saoudienne.[2] Question : quelle exégèse ? En guise de réponse une des dernières traductions parues énonce en toute franchise son programme : « traduction du sens de ses versets d’après les exégèses de référence » ; tout est dit, mais tout est aussi dans le non-dit… nous reviendrons sur ce point.

– Cet étiquetage, bien qu’il soit l’aveu d’une trahison du texte coranique original, a été abondamment repris sous forme de produits dérivés, ex. : « Le Noble Coran et la traduction en langue française de ses sens ». Ceci indique directement que ces éditeurs n’ont pas vraiment compris l’intention de l’énoncé type puisque par « de ses sens » l’on suppose plusieurs significations possibles, ce qui bien évidemment n’est pas le cas de ces traductions ! Ce n’est pas non plus l’objectif voulu et affiché par la formule désormais célèbre et par conséquent incontournable : « la traduction en langue française du sens de ses versets ». L’on peut aussi lire ailleurs : « Traduction rapprochée du sens des versets du Coran », le traducteur reconnaîtrait donc en plus son incompétence ! Pire encore, et jusqu’à l’absurde, on peut lire sur certains sites d’obédience : « traduction approximative du sens approché des versets du Coran ». À moins qu’il ne s’agisse d’une plaisanterie, la signification du Coran est ici tant pulvérisée que ridiculisée. En version plus intellectuelle et faussement modeste, l’on trouve aussi le désormais classique « essai de traduction du Coran ». En réalité, il s’agirait d’un aveu de non-traduction puisqu’avoir essayé c’est tenter de faire quelque chose sans être sûr d’y être parvenu ! Enfin, dans le même style, une traduction connue intitule son travail de la sorte : « essai d’interprétation du Coran inimitable » ! Ici nous touchons le cœur du problème : si le Coran est déclaré « inimitable », c’est au sens d’intraduisible. Le Coran serait donc intraduisible, mais s’il est intraduisible pourquoi le traduire ! Le Coran serait donc intraduisible, mais seul ce qui ne se comprend pas ne peut pas être traduit. Le Coran serait-il donc incompréhensible ! Conséquemment, toute traduction ne pourrait être qu’une « interprétation », voire un « essai d’interprétation ».

Nous l’aurons constaté, le dogme du Coran supposé inimitable engendre le non-sens parfait : je traduis ce que l’on ne peut ni comprendre ni traduire. Autrement dit, les traductions proposées se déclarent elles-mêmes ne pas être de principe des traductions du Coran, d’où, répétons-le et comprenons-le : « Nous n’avons jamais traduit le Coran ». Il devient ainsi trompeusement cohérent de proposer au lecteur, non pas une traduction du texte coranique réel, mais prétendument de son interprétation, de son sens, de sa signification. Or, cela a été précisé plus haut, cette interprétation est à présent monolithique : l’interprétation standardisée de la production salafo-wahhabite.

– La somme des aveux ci-dessus cités est claire : les traductions du Coran ne sont pas des traductions du texte coranique, mais de « la signification que l’on donne à ses versets », c.-à-d. de l’interprétation voulue. Autrement formulé : « Nous n’avons jamais traduit le Coran », car tout ce qui a été réalisé et présenté comme étant une traduction du Coran est de fait et tout d’abord la traduction de son exégèse et non pas de son texte à la lettre. Les traducteurs du Coran nous signifient donc que leurs traductions sont en réalité la traduction d’une interprétation. En ces conditions, le texte d’une traduction du Coran est avant tout une interprétation de l’interprétation exégétique. Voici un exemple d’une traduction connue illustrant la non-traduction du texte coranique au profit de la traduction de l’exégèse/interprétation du verset :

« En effet, deux anges se tiennent l’un à droite et l’autre à gauche de l’homme pour enregistrer tous ses faits et gestes », S50.V17.

Le texte coranique est le suivant : « إِذْ يَتَلَقَّى الْمُتَلَقِّيَانِ عَنْ الْيَمِينِ وَعَنْ الشِّمَالِ قَعِيدٌ ».

Nous avons souligné les termes de cette traduction qui appartiennent au texte arabe : cela donnerait :  deux se tiennent à droite et à gauche. L’on constate donc que sur les 15 mots qui composent ladite traduction de ce verset, seulement 4 termes appartiennent au verset en arabe. De fait, la signification : « en effet deux anges enregistrent tous les faits et gestes de l’homme » est entièrement constituée de termes n’appartenant pas au texte coranique, mais ces termes représentent l’interprétation classique, laquelle a donc été intégrée à la traduction. En réalité, le texte arabe de ce verset n’est pas traduit, ses termes ne sont pas analysés et ne sont pas même reproduits en leur intégralité. Nous aurons donc vérifié par cet exemple parmi une multitude d’autres ce que nous entendons par : « nous n’avons jamais traduit le Coran », mais c’est une interprétation qui a été traduite.

Voici à titre de comparaison notre traduction littérale mot à mot : « quand se trouvent face à face les deux entités se rencontrant, une à droite et une à gauche, au plus près ».[3]

– Par conséquent, il est parfaitement erroné de parler de traductions littérales puisque ce n’est pas la lettre qui est traduite, mais une interprétation exégétique du texte coranique. Là se situe le vrai problème : en ces conditions, quel sens du Coran est retenu par les traducteurs parmi les multiples interprétations du patrimoine exégétique classique ? La réponse proposée et imposée est sans ambiguïté contenue dans l’objectif est défini tel quel : « traduction du sens des versets qu’il faudrait leur donner ». Ce propos qui ne cache rien des intentions qui y président est inscrit en ces termes dans l’introduction de la traduction wahhabite placée sous l’égide de feu le roi Fadh d’Arabie dont l’édition française est parue en 1989.[4] Selon les promoteurs de cette traduction, il y a donc un sens, une interprétation du Coran qui doit être traduite et pas une autre. Or, cette claire intention est due à ceux-là mêmes qui ont inventé la formule magique : « la traduction en langue française du sens de ses versets ». Ce qui en réalité signifie donc : « la traduction de notre interprétation qui doit être admise par tous ». Cette double caractéristique, l’imposition d’une unique interprétation des versets du Coran au détriment de toute autre et sa très large diffusion justifie que nous la qualifions de traduction standard.[5] Celle que tout le monde connaît et cite de bonne foi en pensant qu’elle est fidèle à la lettre coranique. Celle qui a été distribuée massivement plus ou moins gratuitement. Celle à laquelle l’on a accès majoritairement sur le Web, le Shaykh américain Google étant pour l’occasion wahhabisé à son insu, un algorithme ne connaît que le quantitatif, pas le qualitatif. Celle, enfin, à l’aune de laquelle est pesée toute nouvelle traduction ! Là réside la problématique, sous le poids de cette autorité impérialiste importée nul n’ose ni ne peut se démarquer en proposant une traduction du Coran qui serait basée sur autre compréhension.

 

– Par traduction standard il faut aussi entendre que par la force de persuasion du pétro-islam ces traductions se conforment à une exégèse standardisée : l’interprétation wahhabo-salafiste du Coran. Cette dernière est constituée d’un mélange d’avis extraits principalement du tafsîr de Ibn Kathîr,[6] mâtinée de quelques références à Tabari, construite essentiellement sur des avis d’autorités de la mouvance hanbalo-wahhabo-salafiste et saupoudrée de hadîths sélectionnés en ce sens. Nous pouvons donc comprendre qu’à l’heure actuelle ce n’est pas le Coran qui est traduit, mais une et une seule exégèse interprétative que l’on peut qualifier à raison d’exégèse standard ou interprétation standardisée. Concrètement, quelle que soit la nouvelle traduction du Coran publiée, son auteur ne peut plus s’écarter de cette voie interprétative tant elle est devenue la référence consciente ou inconsciente des musulmans. Ceci résulte d’une standardisation des esprits qui pris au piège de la représentativité quantitative ne peuvent alors plus concevoir qu’une autre compréhension et donc d’autres traductions du Coran soient possibles…

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– Par ailleurs, il ne faudrait pas penser que ce phénomène de non-traduction ne serait le fait que de la traduction standard ou de ses actuelles copies et retraductions. Autrement dit que cette situation serait aussi récente que la suprématie wahhabo-salafiste. En réalité, en « Nous n’avons jamais traduit le Coran » l’adverbe « jamais » signifie que ce phénomène de traduction de l’interprétation du Coran plutôt que de son texte, sa lettre, est ancien. En effet, il en fut ainsi dès les premières traductions du Coran que l’on peut qualifier de moderne. Par moderne nous entendons les traductions qui ont cessé d’être des pamphlets contre le Prophète et l’Islam comme cela était de mise depuis le Moyen âge. La traduction en latin commandée par Pierre dit le Vénérable, Abbé de l’Abbaye de Cluny au 12e siècle est l’exemple le plus patent de ces pamphlets anti-mahométans. Concernant les traductions du Coran en français qui se dégagèrent progressivement de ce présupposé, la plus ancienne est celle du Sieur André Du Ryer en 1647. Puis, plus d’un siècle plus tard, elle fut suivie par celle de Claude-Étienne Savary en 1783. Ensuite vint la traduction de Albert de Kasimirski plusieurs fois éditée à partir de 1840. Cette traduction demeure la plus connue de ces époques puisque malgré ses carences et ses préjugés elle est encore éditée de nos jours. Or, point commun de ces traductions : elles entendent traduire le texte arabe du Coran en s’appuyant sur les exégèses musulmanes. Lesquelles ?  Principalement deux : le tafsîr de al–Bayḍāwī ; le tafsîr dit al–Jalālayn d’al–Maḥallī et d’al–Suyūṭī ; deux exégèses concises et faciles à consulter faisant la synthèse d’ouvrages plus volumineux comme le tafsîr de Tabari ou celui de ar–Razî.

Le ton était donc donné d’emblée : les traducteurs du Coran ne sont pas des exégètes et pour toutes les traductions du Coran qui vont suivre du 20e siècle jusqu’à nos jours il a été fait de même, choix revendiqué sans ambages dans leurs introductions, si l’on prend la peine de les lire. Les traductions produites ne diffèrent alors entre elles que par leur style, la forme, mais sur le fond, la question du sens, toutes donnent la priorité à l’exégèse plutôt qu’au texte du Coran lui-même. Le Coran, c.-à-d. sa lettre, n’a donc jamais été traduit, mais les traducteurs du Coran ont utilisé son texte comme support d’une exégèse interprétative préétablie et à présent canonisée. Dans les traductions du Coran actuelles, l’exégèse classique en sa version standardisée d’origine wahhabite a donc la priorité sur le texte coranique. Nous n’avons donc jamais traduit le Coran, mais une interprétation du Coran. Si ce constat est gênant, il dévoile un fait plus grave encore puisque depuis un demi-siècle une conception sectaire théologique, dogmatique et juridique à l’origine minoritaire et hétérodoxe a réussi l’exploit de s’imposer comme l’Islam de référence. Concernant notre sujet, cette mouvance a imprimé au Coran la signification conforme à ses opinions : la traduction standard selon l’exégèse standardisée par leurs soins. Pour qui douterait encore des objectifs et des intentions de cette “traduction” il suffit de lire la conclusion de son introduction : « purifier les notes explicatives de toutes les erreurs des questions ayant trait au dogme et aux opinions juridico-philosophiques. »

  • Conclusion

Par « Nous n’avons jamais traduit le Coran » nous retiendrons que dès l’origine les traducteurs en langue française du Coran n’ont pas essayé de traduire le texte coranique sans passer par le corpus exégétique orthodoxe. Au demeurant, cela vaut aussi pour les traductions en d’autres langues et pour les mêmes raisons que celles qui ont été évoquées ici. Les traducteurs n’ont pas traduit et ne traduisent toujours pas réellement le texte coranique, mais plus encore à présent s’appuient avant toute chose sur l’exégèse standardisée : la « traduction du sens des versets qu’il faut leur donner » ou autrement formulé : « la traduction en langue française du sens de ses versets ».

Par « Nous n’avons jamais traduit le Coran » nous aurons compris que la lettre du Coran n’est pas la priorité des traductions existantes. Par conséquent, contrairement à ce qui se dit et se fait, aucune des traductions proposées ne peut être qualifiée de traduction littérale.

Ceci nous conduit logiquement au prochain article à paraître prochainement consacré au traitement éditorial catastrophique subi par ce que l’on nomme traduction du Coran : La Traduction du Coran n’a jamais été un livre.

Viendra ensuite la présentation de notre Traduction Littérale du Coran, dite littérale parce qu’elle ne s’écarte pas en sa forme du texte coranique pris à la lettre. Littérale parce ce qu’elle se fonde sur notre Exégèse Littérale du Coran fidèle à la signification première du texte coranique. Littérale, puisqu’à la différence de toutes les exégèses classiques le sens littéral déterminé par la méthodologie d’Analyse Littérale n’est en aucun cas une interprétation, mais le sens premier du Coran : le Message à l’origine.

Dr al Ajamî

[1] Voir : https://www.alajami.fr/produit/le-coran-le-message-a-lorigine/

[2] Cette traduction est mensongèrement dite être la révision de celle du Professeur Hamidullah, voir note 4.

[3] En ce verset, il n’est textuellement pas fait mention d’Anges, lesquels alors recueilleraient les paroles et les actes des Hommes. Notre traduction est pleinement littérale : « quand se trouvent face à face/talaqqā les deux entités se rencontrant/al–mutalaqqiyān », contextuellement elle met en évidence la notion de tendance duelle propre à l’âme/conscience humaine. Celle-ci est donnée comme possiblement bipolaire : un aspect positif dit « à droite » et un aspect négatif dit « à gauche » et cette ambivalence est soulignée comme réalisant l’intime de l’être : « au plus près/qa‘īd ».

[4] Reproduite en près de 40 langues, cette traduction désormais dominante se présente trompeusement comme la révision de la traduction du Coran du Professeur Muhammad Hamidullah, laquelle malgré son peu de lisibilité avait gagné la confiance des lecteurs francophones depuis de nombreuses décennies. Or, il s’agit d’un mensonge soigneusement entretenu. En effet, il ne s’agit pas de la traduction de Hamidullah plus ou moins revisitée, ce n’est là qu’une légitimité illégitime, car cette traduction est l’œuvre d’un comité de traducteurs et de censeurs commandité par la Ligue Islamique Mondiale, organe dirigé par l’Arabie saoudite. Lorsque le Professeur Hamidullah s’est aperçu des corrections et déformations orientées commises par ce comité d’obédience salafo-wahhabite, il a alors retiré son autorisation d’utilisation. Du reste, pour éviter d’être poursuivi pour atteinte à la propriété intellectuelle, ce comité a nommé ladite traduction « version revue et corrigée par le complexe du roi Fahd » sans donc préciser son origine. Elle est aussi dite Traduction de Médine et, comme nous le justifions en cet article, nous la qualifions de facto de traduction standard. Quoi qu’il en soit, à partir de la fin des années 80 cette « traduction en langue française du sens de ses versets » selon « le sens des versets qu’il faut leur donner » a été distribuée à des dizaines et dizaines de millions d’exemplaires. La distribution fut à l’origine gratuite et cette “traduction” s’est ainsi largement imposée. Ce n’est donc pas sa qualité supposée, du point de vue traductionnel c’est à vrai dire une catastrophe, qui explique cette domination, mais bien la force de frappe de l’industrie d’édition-diffusion qui est derrière.

[5] Sur ce point, voir aussi notre article : La traduction standard du Coran :

[6] Ceci explique que ledit tafsîr de Ibn Kathîr soit le seul qui soit traduit en de très nombreuses langues et mis à disposition tant en librairie qu’en ligne. La manœuvre est englobante, un encerclement de la raison conduisant à l’impossibilité d’accéder au sens du Coran pour qui chercherait encore à comprendre au-delà de ce mur herméneutique promu et promulgué par mouvance hanbalo-wahhabo-salafiste.

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