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Quand l’extrême droite alsacienne lance un appel à la prière musulmane

Escalade. Vendredi, à l’aube, des membres du parti régionaliste Alsace d’abord ont sillonné les rues de Strasbourg pour y faire résonner un appel enregistré du muezzin. L’action s’est déroulée dans le quartier populaire de Cronenbourg-Hautepierre. Selon Jacques Cordonnier, président de ce mouvement identitaire, l’opération, menée conjointement avec le groupuscule radical Jeune Alsace, avait pour but de « donner aux Strasbourgeois une idée de ce que pourrait être leur avenir quotidien ».

Au cœur de ce canton convoité par leur parti aux élections des 20 et 27 mars, ces militants entendaient ainsi dénoncer le projet de construction d’une mosquée dotée d’un minaret. Une distribution de tracts dans les boîtes aux lettres a complété par la suite cette action-coup de poing.

Inspirés par leurs homologues suisses, les partisans alsaciens de l’extrême droite réclament un référendum d’initiative populaire pour soumettre aux électeurs la question de l’édification des minarets. Le mouvement  Alsace d’abord s’était déjà fait remarquer en déposant, l’automne dernier, une plainte à l’encontre du groupe de restauration Quick pour « discrimination » à propos de l’alimentation halal. Quant à Jacques Cordonnier, il ne se contente pas d’affirmer son combat politique en terrain cloisonné : en décembre, le candidat aux prochaines cantonales avait discrètement participé aux « Assises internationales sur l’islamisation » qui s’étaient tenues à Paris. Cet évènement aux allures de grand barnum anti-musulman avait permis la mise en relation de nombreuses figures, chevronnées ou prometteuses, de l’extrême droite européenne.

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L’Élysée, chaudron de l’islamophobie

Présent parmi les mouvements qui avaient soutenu l’organisation de cette rencontre, un groupe interne à l’UMP, dénommé La Droite Libre, fait office de passerelle entre les deux courants, libéral et néo-conservateur, de la majorité parlementaire. Le débat lancé par Nicolas Sarkozy sur l’islam est précisément ce qu’attendaient depuis des années les idéologues de cette mouvance méconnue au sein de la droite hexagonale. Mené par Rachid Kaci, un ancien conseiller à l’Élysée, et l’essayiste Alexandre Del Valle, ce think-tank à la française de l’islamophobie décomplexée connait aujourd’hui son heure de gloire. Si Marine Le Pen est devenue la porte-parole emblématique de cette crispation identitaire, ces idéologues proches de Nicolas  Sarkozy en sont les architectes précurseurs. De part et d’autre, ils ont contribué, par l’activisme politico-médiatique de leurs réseaux respectifs, à libérer la parole et le geste au sujet de l’islam. Comme conséquence radicale de ce discours ambiant, l’action menée par Alsace d’abord pose inévitablement la question de sa banalisation dans l’espace public. Un acte destiné à rester isolé ou l’amorce d’une stigmatisation croissante ? En termes de provocation, une hypothèse élémentaire s’impose d’elle-même : le pire est probablement à venir. Ce qui s’est passé vendredi à l’aube n’est rien sinon un prélude.

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