Sans se donner la peine d’expliquer pourquoi les Arabes étaient encore plus systématiquement visés par la police –car cela va de soi, au pays de l’apartheid-, Alsheikh a publiquement défendu, lors d’une conférence, le ciblage des Ethiopiens, des Israéliens recensés comme juifs, mais ayant le malheur d’avoir la peau foncée et d’être situés tout en bas de l’échelle sociale pour la plupart.
« La recherche scientifique montre, partout dans le monde sans la moindre exception, que les immigrés et les jeunes ont des taux de crimes et délits nettement plus élevés que ceux de la population générale », a-t-il allégué, devant les avocats israéliens réunis en congrès.
« Et quand ces deux facteurs se conjuguent, on s’aperçoit qu’une communauté particulière est statistiquement plus encline à commettre des délits que d’autres. Il est donc naturel qu’un policier soupçonne plus facilement ces gens-là », a-t-il poursuivi, tout en reconnaissant à demi-mot que c’était un peu regrettable quand même. Alsheikh n’a pas expliqué non plus pourquoi il parlait des Ethiopiens en tant « qu’immigrés », alors qu’une proportion notable de ces derniers sont en fait nés en Israël.
Les pratiques racistes de la police israélienne vis-à-vis de la jeunesse d’origine éthiopienne ne devraient pas surprendre. D’abord parce qu’elles sont déjà généralisées, en pire, concernant la population palestinienne.
Ensuite, parce qu’elles ne concernent pas qu’Israël. On les retrouve aux Etats-Unis contre les Noirs, ainsi qu’en France où le gouvernement continue d’encourager les contrôles au faciès, malgré la condamnation de cette pratique par la justice.
Dans son excellent ouvrage « L’ombre du monde », consacré au système pénitentiaire français, le sociologue Didier Fassin décrit très bien le phénomène, fondé sur une approche policière raciste de la délinquance : surcontrôlés, les gens de couleur sont les premiers à être traduits devant les tribunaux, et à ensuite peupler les prisons.
Représentant moins de 2% de la population israélienne juive, les Ethiopiens ont ainsi un risque multiplié par 4 d’être condamnés à de la prison ferme, dont ils représentent 8% des effectifs.
Plusieurs cas de violences policières contre des Ethiopiens ont défrayé la chronique récemment en Israël, notamment une vidéo montrant un jeune militaire à la peau noire passé à tabac sans le moindre prétexte.
« Avec sa déclaration, le chef de la police a tout simplement résumé une réalité : nous sommes noirs, donc délinquants », a commenté de son côté Inbar Bugala, une militante d’origine éthiopienne qui avait animé l’an dernier les manifestations contre le racisme policier.
CAPJPO-EuroPalestine
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