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Philippe Séguin : “J’ai un regard d’affectueuse sympathie pour les musulmans de France”

Philippe Seguin : une haute idée de la République disparaît

Pilier du Gaullisme social, animé tout sa vie durant de profondes convictions mises entièrement au service de la France, Philippe Seguin, premier président de la Cour des Comptes, est brutalement décédé dans la nuit de mercredi 6 janvier, à son domicile parisien, d’une crise cardiaque.

Unanimement saluée par la classe politique, cette figure emblématique qui marqua de sa singularité passionnée et fougueuse l’histoire de la République, dans le gouvernement Chirac entre 1986 et 1988, puis en tant que président de l’Assemblée Nationale de 1993 à 1997, farouchement hostile au traité de Maastricht en 1992, fut l’un des artisans de la victoire présidentielle de Jacques Chirac en 1995.

Sous la stature imposante de l’homme d’Etat brillant et chaleureux, au caractère bien trempé, viscéralement attaché à ses racines tunisiennes, battait le coeur d’un humaniste, demeuré fidèle à ses principes intrinsèques, qui n’aurait jamais cautionné l’instrumentalisation de la haine à des fins politiciennes.

Oumma.com rend aujourd’hui hommage à ce grand serviteur de l’Etat, en rediffusant l’interview qu’il avait accordée à notre site à l’occasion des élections municipales de 2001.

A chaque campagne électorale, rares sont les formations politiques qui incluent dans leurs listes des candidats issus de l’immigration (notamment des pays du Maghreb) en position éligible, qu’en est-il de votre liste exactement ?

Il est effectivement rare que les formations politiques incluent des candidats issus de l’immigration en position éligible.

Vous trouverez pourtant sur la liste que je conduis dans le 18ème arrondissement une représentante des Français issus de l’immigration en position directement éligible au Conseil de Paris. Et c’est le cas aussi dans le 13ème, et dans d’autres arrondissements encore…

Ne constatez-vous pas une plus grande participation des enfants issus de la seconde génération de l’immigration qui aspirent à participer d’une manière active à la vie de leur cité ?

Les jeunes issus de la seconde génération de l’immigration sont effectivement de plus en plus nombreux, et nous les encourageons, au sein de notre formation, à être actifs, à s’exprimer, à prendre leur vraie place dans la vie politique et dans la ville.

La variable religieuse de l’intégration des populations originaires de l’immigration n’a-t-elle pas été sous-estimée ces dernières années ? En respectant le compromis laïque que la loi a instauré entre l’Etat et les religions (neutralité religieuse mais garantie de la liberté et l’exercice du culte) ; quel doit être le rôle des maires pour pouvoir favoriser la construction de mosquées et lieu de culte décent.

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Ces dernières années, la question de la pratique de l’Islam en France a toujours été éludée. Ce que nous souhaitons à Paris, c’est respecter l’expression de la deuxième religion de France, en garantissant l’exercice du culte dans des conditions de confort, de sécurité et de dignité reconnues, mais aussi en favorisant le dialogue entre les différentes composantes religieuses de la capitale. Il est inadmissible aujourd’hui que des musulmans doivent encore pratiquer leur religion dans des garages. Nous ne nous opposerons pas à l’édification de lieux de cultes, dès lors que ceux ci s’inscriront dans le respect de l’urbanisme et de l’environnement.

L’accès au logement Paris via les organismes HLM est rendu particulièrement difficile pour les populations dont le nom est à consonance étrangère. Que pouvez-vous faire pour lutter contre ces discriminations ?

L’attribution des logements HLM ne doit se faire qu’en fonction des critères de revenus, de situation familiale, etc… Nous veillerons à combattre toutes les discriminations, au niveau du logement social comme au niveau administratif dans son ensemble.

Les mairies sont confrontées à la gestion de populations étrangère qui s’installent dans leur commune ? Quelle politique est-elle souhaitable sur ces questions ?

La mairie se doit d’étudier ces situations au cas par cas, afin d’apporter des réponses personnalisées, et pour éviter d’exclure ou de marginaliser ces populations. Il faudra sortir de la situation de non-droit qui prévaut actuellement dans trop de quartiers…

Banlieues et quartiers difficiles : après 20 ans de « politique de la ville », quelles solutions préconisez-vous pour inverser la dégradation et redonner l’espoir ?

Nous souhaitons apporter à la jeunesse une vie associative qui lui permette à la fois de renouer le dialogue, mais aussi d’accéder à la formation (notamment en matière de nouvelles technologies : Internet, etc.). Par ailleurs, nous veillerons à l’amélioration du tissu urbain, des transports, etc. C’est par des actions auxquelles nous associerons les quartiers que nous permettrons à ces habitants de sortir de l’isolement.

Vous êtes proche de la culture musulmane en raison de vos racines tunisiennes, quel regard portez vous sur la communauté musulmane de France ?

Un regard d’affectueuse sympathie. De solidarité. Puis-je dire que je suis extraordinairement sensible au fait que la communauté me les rende bien ?

Propos recueillis par la rédaction

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