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Peu d’adhérents mais des relais puissants, que pèse vraiment le Printemps républicain?

Plus de quatre ans après sa création, le mouvement fondé par des proches de Manuel Valls s’est imposé dans le débat public en défendant une conception offensive de la laïcité et bénéficie d’une surface médiatique sans rapport avec son poids politique.

Ils se présentent comme un mouvement citoyen, les gardiens d’une laïcité pure et sans tache. Telles des vigies de la République, ils dénoncent et pointent les dérives réelles ou supposées parmi le personnel politique, les fonctionnaires, les intellectuels et les journalistes. Omniprésents sur les réseaux sociaux, disposant de relais médiatiques bienveillants, ils distribuent bons et mauvais points, n’hésitant pas à appeler à la mise à l’index de leurs contradicteurs, inventeurs d’un nouveau délit de blasphème –le blasphème contre la République– et d’un nouveau délit d’intention –le soupçon de dérive communautaire.

Peu nombreux, s’inspirant des concepts d’hégémonie culturelle de Gramsci et de «métapolitique», les fondateurs du Printemps républicain déploient, utilisant des techniques de spin doctors, un storytelling dans l’objectif de déclencher l’émotion dans l’opinion publique afin d’imposer leur narratif et susciter l’adhésion à leur discours. En quatre ans, ils ont ainsi réussi à devenir des acteurs prépondérants du débat public, bénéficiant d’une surface médiatique sans rapport avec leur poids politique.

Pour cette enquête lancée il y a plus d’un an, une cinquantaine de témoins (anciens adhérents, sympathisants, opposants, chercheurs, acteurs de terrain, politiques, journalistes, activistes sur les réseaux sociaux…) ont accepté de nous parler du Printemps républicain, non sans difficulté –«trop polémique» pour les uns, «trop agressif» pour les autres. Nombre d’entre eux ont eu de fortes réticences à s’exprimer à découvert, réclamant d’être anonymisés par crainte de harcèlement numérique. Sollicités, les leaders du Printemps républicain n’ont pas souhaité répondre à nos questions, à l’exception de Gilles Clavreul et Denis Maillard sur certains points les concernant.

Du Parti socialiste au «ni gauche, ni droite»

C’est dans un appartement cossu du sud de Paris, début février 2016, que se tient officiellement la première réunion du Printemps républicain. À l’époque, l’association revendique son ancrage à gauche. Sous la plume amicale de Marc Cohen, alors rédacteur en chef de Causeur dont le passé politique fait polémique et cofondateur du mouvement, cette soirée est décrite «comme si vous y étiez»«Dans cette joyeuse bande, on retrouve des twittos, des facebookers et des blogueurs de cinquante nuances de gauche, hier souvent fâchés et maintenant réunis parce que lassés de la lassitude et heureux de redécouvrir les joies simples de la colère, de la castagne et de l’union […] Le 13 novembre revient sans cesse dans les motivations des intervenants.»

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Le manifeste du Printemps républicain exaltant la République et la laïcité sera publié un mois plus tard dans les colonnes de l’hebdomadaire Marianne et du mensuel Causeur. Il sera signé par une centaine de personnalités: élus, intellectuels, journalistes, artistes… D’Élisabeth Badinter à l’ancienne ministre socialiste Fleur Pellerin en passant par l’ex-rédacteur en chef de la revue Le Débat Marcel Gauchet, Anne Sinclair, Zineb El Rhazoui ou encore l’acteur et humoriste François Morel. L’objectif, selon les auteurs? Défendre face à «l’extrême droite comme l’islamisme politique», une laïcité «remise en cause de toutes parts, manipulée à des fins politiques par certains, attaquée à des fins religieuses par d’autres, ignorée de beaucoup par indifférence».

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