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Noël Mamère : “Trappes, les musulmans et le racisme d’Etat”

Dans le nouveau tintamarre populiste qui s’est engouffré dans la brèche de Trappes pour chauffer les esprits à blanc, l’analyse dissonante de Noël Mamère sur les raisons profondes d’une nuit de violence fait entendre un autre son de cloches que la musique grinçante et lancinante de la stigmatisation de l’islam et des musulmans.

Sur son blog, le député-maire de Gironde s’interroge à juste titre sur l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, mais en faisant preuve d’une objectivité qui élève le niveau du débat public, au-dessus des cris d’orfraie d’un nationalisme revanchard et d’une démagogie irresponsable qui retentissent désormais dans l'Hexagone à l’approche de chaque échéance électorale.

Rappelant qu’il a "fait partie des rares députés qui ont toujours considéré les différentes lois sur le voile comme productrices de discriminations et de violences potentielles", Noël Mamère estime qu’il y a trois questions cruciales à poser au préalable, trois questions que les Le Pen, Philippot, Copé, Estrosi, Hortefeux, Pécresse, Morano, Valls et consorts, pourtant peu avares de déclarations fracassantes, se sont bien gardés de mettre en exergue.

"Où est passée la police de proximité promise par la gauche qui devait remplacer les BAC et autres compagnies de CRS dans les quartiers dits sensibles ? Pourquoi interpeller en plein ramadan une jeune femme voilée, sachant que durant cette période, un tel geste peut être interprété comme une provocation à l’égard des populations musulmanes ? Enfin, la loi sur le voile intégral est-elle pertinente ?", questionne-t-il, avant d’ajouter : "Si l’on ajoute à cela le refus de Manuel Valls d’appliquer la promesse de François Hollande d’en finir avec le contrôle au faciès, une telle conjonction ne pouvait que produire le type d’émeute à laquelle nous venons d’assister".

Evoquant sans ambages un "racisme d’Etat" qui frappe la deuxième religion de France en alimentant des amalgames dévastateurs entre "musulmans, islamistes, terroristes et immigrés" qui se sont tragiquement banalisés en moins de dix ans, l’ère Sarkozy ayant largement contribué à leur enracinement dans l’inconscient collectif, Noël Mamère poursuit sa réflexion en dénonçant la recrudescence de l’islamophobie, ce racisme anti-musulmans sciemment minimisé, voire carrément nié, quand son néologisme n'est pas fustigé par une certaine intelligentsia afin de le disqualifier, au profit d'autres formes de racisme plus politiquement correctes…

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"La révolte de Trappes nous oblige aussi à réfléchir sur la vague d’islamophobie qui s’est emparée de notre pays. Le ministre de l’Intérieur, cette dernière semaine, dénonçait la multiplication des faits anti-musulmans dans plusieurs villes de la périphérie parisienne, à Chanteloup-les-Vignes et à Argenteuil", écrit-il, renchérissant : "Sous prétexte de combattre les signes religieux ostentatoires, on a privilégié la seule lutte contre le voile et inventé de nouvelles discriminations pour des femmes qui se voient doublement mises à l’index : en tant qu’arabe et musulmane, ne pouvant plus travailler dans certains établissements, et stigmatisées dans tous leurs actes quotidiens".

Et de poursuivre : "Malheureusement, en temps de crise morale, économique et sociale, il est tellement plus facile pour de nombreux responsables politiques d’utiliser les musulmans comme des boucs émissaires, que de trouver les mots d’apaisement et de prendre le temps de comprendre pourquoi on en est arrivés là".

Noël Mamère conclut son propos en étant force de proposition, et ce de manière constructive en privilégiant le vivre-ensemble et non en l’atomisant : "ou accepter une certaine logique communautaire, en s’appuyant sur les forces vives de « l’empowerment », c’est à dire la capacité des populations à faire surgir en leur sein de nouvelles élites urbaines, comme aux Etats-Unis ou en Afrique du Sud ; ou appliquer l’égalité réelle des droits, ce qui suppose un investissement sans commune mesure avec nos capacités actuelles. Mener les deux de front, c’est possible et cela porte un nom : la société du bien vivre ensemble".

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