in

Mosquée Québec: si on veut que l’attentat soit homologué, crier « Allah Akbar »

Bêtement, c’est-à-dire comme je suis, j’ai d’emblée imaginé que le tueur de la mosquée de Québec était un terroriste. Et j’avais tort. Ça y est, avalisé par le tribunal mondial des médias qui pensent juste, l’assassin n’est pas un « terroriste » mais un « étudiant ». Ouf. Disons que j’étais très étonné qu’un sociologue en devenir, blanc comme une endive et français de souche (avant 1763) ait pu être un terroriste.

Une activité réservée à des jeunes gens tannés par les gènes et les rayons du soleil. Maintenant j’ai bien compris la définition, la règle. Pour obtenir son brevet de terroriste il faut venir de pays où les gens sont méchants, être aussi d’une religion regroupant des fidèles cruels et conquérants, l’islam. Surtout, et là ne pas oublier si on veut que l’attentat soit homologué, crier « Allah Akbar ». Comme ça c’est signé. Ce n’est quand même pas difficile et tout individu, même musulman, devrait pouvoir se mettre cette checklist dans le crâne !

Si j’évoque ce drame un peu tardivement, par rapport un bouillon de l’information, c’est que, comme le dirait Fillon dans le cadre de ses avatars, « j’ai pris un coup dans l’estomac ». Après, les boxeurs le savent, il faut du temps pour retrouver son souffle. Un coup dans le ventre ressenti par la honte. Celle d’appartenir « de naissance », et je n’y peux rien, à ce monde dont la presse nous dit que celui qui tire dans une mosquée est un « étudiant ». Et point barre. Suit, comme le tender la loco, l’excuse psychiatrique : le trop grand amour du massacreur pour sa maman et pour son Lego aussi. Le tireur, Alexandre Bissonnette, est bien un « fou » alors que le dingo qui a attaqué le Louvre à la machette est un « terroriste », un fils caché de Ben Laden. C’est ce que nous disent les journaux.

Médiatiquement l’affaire commençait pourtant bien. Je veux dire par rapport aux critères de Pujadas. A la mosquée de Québec le tireur avait crié « Allah Akbar »… Nous étions donc dans la routine islamiste. Non seulement il avait lancé le cri qui signe, mais il était, dans son massacre, « accompagné d’un marocain ». Tout de suite nous avions le décryptage : un règlement de compte entre lecteurs du Coran, entre Arabes. Comme toujours. Pendant près de 24 heures on nous a vendu ce scénario qui plait à l’Hollywood de notre pensée exacte et généreuse…

Pourtant, à contre cœur la police et la justice du Québec, province où les musulmans sont des malvenus, a fini pour nous livrer l’acte d’un étudiant « fou ». Pas d’un assassin dont l’ordinateur est farci de liens avec l’extrême droite mondialisée (dont ceux vers Marine Le Pen), pas le profil d’un tueur libéré par la croisade de Trump contre les musulmans… Bissonnette n’anticipe-t-il pas d’un poil les rêves de Donald. Non, non, restons bloqués sur l’image de l’étudiant juste un peu énervé. Que l’on peut comprendre. En fait, le marocain complice était un jeune fidèle de la mosquée, et il a tenté de contrecarrer l’action du tueur. Et l’étudiant est bien un terroriste, même si l’on déplore qu’il n’ait pas lancé un « Allah Akbar »…

Publicité
Publicité
Publicité

Voyons maintenant l’effet du crime produit sur la France. Remarquable. Quelle solidarité et quelle indignation : nous étions tous « Québec » !. C’est émouvant mais réconfortant de voir ce noble mouvement. Pas en reste d’une solidarité et ayant encore assez de larmes chaudes pour pleurer, Anne Hidalgo a derechef projeté le drapeau du Québec sur la façade de l’Hôtel de ville et allumé la Tour Eiffel en bleu et blanc couleurs de la bannière de Montréal. Des livres de condoléances, partout, ce sont ouverts comme des cœurs. Et puisqu’un français se trouve parmi les victimes, par un chauvinisme compréhensible on l’a choyé, on lui a souhaité le ciel. La France, Paris, Hidalgo, Pujadas ont fait le maximum. Merci.

Vous croyez avoir manqué cet épisode de deuil ? Vous avez raisons puisque ces requiem n’ont existé que dans mon imagination. En fait la France n’a rien fait, rien dit, rien pleuré. Tout c’est terminé par des chansons. Le drapeau projeté sur la façade de l’Hôtel de ville… Je me suis trompé. En fait c’est l’image du drapeau israélien qui a été projeté sur les vieilles pierres, quand quatre soldats de Netanyahou ont trouvé la mort dans leur bel uniforme d’armée d’occupation.

La Tour Eiffel solidaire ? C’est pour l’attentat de Berlin que les poutres de fer de Gustave ont été illuminées de rouge, de jaune et de noir. Notons que pour les crimes djihadistes commis en Turquie la Tour n’a pas davantage été colorée. Ne dites pas qu’Anne Hidalgo soit indifférente aux musulmans ! Non, bien sûr. C’est le rouge et blanc qui va mal au teint de la haute ferraille.

Le français tué dans la mosquée de Québec ? Rien, que dalle. Ah si, immédiatement le Quai d’Orsay a fait savoir que le cadavre avait dans sa poche deux autres passeports, un canadien et un guinéen… Ce qui, avouez-le, dissout grandement sa qualité de français. Pire, ce mort ne serait-il pas noir ? On a donc raison de ne pas le compter.
 Moralité : Charlie oui. Québec non.

Publicité
Publicité
Publicité

Un commentaire

Laissez un commentaire

Laisser un commentaire

Chargement…

0

Le tweet infâme d’un cadre du FN au sujet de l’effroyable affaire des violences policières d’Aulnay-sous-Bois

En Israël, une vaste campagne de marketing ne parvient pas à enrayer le déclin du tourisme