Depuis le début de l’été, près de 2 500 Algériens ont rejoint les côtes de la région de Murcie. Cela s’explique par la fermeture des frontières en Algérie du fait de la crise du Covid-19, et par la détérioration de la situation sociopolitique.
Dans le parc qui fait face au siège de la Croix-Rouge de Murcie, dans le sud-est de l’Espagne, Djilali Kabout, jeune Algérien de 25 ans, essaie de revendre une perche surmontée d’un spot lumineux. Ce grand et maigre gaillard au strabisme prononcé a acheté cet équipement avant de quitter Mostaganem, ville située à 80 kilomètres à l’est d’Oran, devenue l’un des principaux points de départ des migrants algériens vers l’Espagne. C’est là que, deux semaines plus tôt, début octobre, Djilali a embarqué avec douze compatriotes à bord d’un canot pneumatique de 4,80 mètres, équipé d’un moteur de 30 chevaux, acheté en commun pour 1 500 euros. Le flash leur a bien servi pour avancer dans la nuit durant les vingt heures d’une traversée de 150 kilomètres jusqu’aux criques de la ville portuaire de Carthagène. Désormais, Djilali n’en a plus besoin. « Je vais à Bordeaux rejoindre mon frère, explique-t-il en souriant. J’aurai un avenir. En Algérie, on ne peut pas sortir de la pauvreté, le système est pourri et moi, au mieux, je gagnais 5 euros par jour pour conduire des camions de poissons. »
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