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Les mères musulmanes au Canada : bien plus que des femmes au foyer à plein temps

Au début du mois de juillet, les Canadiens ont engagé une discussion en ligne afin de mieux comprendre les musulmans, la plus grande communauté religieuse non chrétienne estimée, par les démographes du gouvernement, à 1,1 million en 2011, soit 3,2% de la population totale. L’initiative a été lancée par le quotidien national The Globe and Mail, qui a publié une série d’articles sur les musulmans et a invité les lecteurs à formuler commentaires et questions.

Les lecteurs étaient notamment curieux de savoir comment les musulmans conciliaient leur mode de vie (inspiré par et fondé sur une religion du VIIe siècle) avec les valeurs égalitaires d’une société moderne et laïque. Un des principaux thèmes sous-jacents était les relations entre les hommes et les femmes et l’idée reçue selon laquelle les musulmanes se bornent à se marier, avoir des enfants et rester à la maison pour servir leur mari.

Les lectrices musulmanes ont mis l’accent sur l’égalité des sexes dans l’islam et ont invité les participants à ne pas s’arrêter au voile et à considérer les différents modes de vie et de pensée des musulmans canadiens et les différents choix qui s’offrent à eux. Elles ont reconnu que beaucoup d’institutions et d’organisations musulmanes traditionnelles au Canada leur avaient bloqué l’accès à des rôles importants mais elles ont rejeté l’idée selon laquelle elles étaient opprimées chez elles.

L’idée selon laquelle les musulmanes sont des femmes au foyer à plein temps les exclut de la société canadienne traditionnelle qui considère l’arrivée des femmes sur le marché du travail comme une étape importante dans le mouvement des droits de la femme.

Pourtant, les mères musulmanes avec enfants non scolarisés défient les traditions qui les cantonnent chez elles et, non décontenancées par les employeurs canadiens qui sous-estiment ou négligent leurs qualifications, elles font leur entrée, dans des proportions sans précédent, sur le marché de l’emploi, dans des domaines tels que la santé, l’enseignement et le management. Elles libèrent ainsi une puissance économique nationale dormante et transforment le rôle économique joué par le mari et la femme. Certaines de ces femmes jouent même le rôle de principal soutien de famille.

Malgré la charge de travail supplémentaire, beaucoup assument en effet le double rôle de femme au foyer et de soutien de famille par choix, pour développer toutes leurs capacités. Elles sont motivées par le désir d’utiliser le savoir qu’elles ont reçu pour servir leur développement personnel et améliorer la communauté au sein de laquelle elles vivent et travaillent. Un grand nombre de musulmanes sont arrivées au Canada dans les années 60 et 70 comme étudiantes ou stagiaires. Aujourd’hui, la main-d’oeuvre féminine d’origine musulmane fait partie des groupes les plus instruits et bilingues (anglais et français) du pays.

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Selon un recensement effectué en 2001, le dernier recensement ayant pris en compte les communautés religieuses, 50% des musulmanes avec des enfants d’âge préscolaire et scolaire avaient ou étaient à la recherche d’un emploi ; un taux égal ou supérieur au taux de participation des Européennes dans des pays tels que l’Italie ou l’Espagne. Ces chiffres ne tiennent pas compte de ces mères ambitieuses qui ont laissé leur emploi pour retourner à l’université afin d’améliorer leurs compétences et de décrocher, par la suite, un meilleur travail.

Le recensement a également montré que financièrement, beaucoup s’en tiraient mieux que les hommes musulmans. Certaines d’entre elles ont des cabinets conseil prospères, d’autres ont des postes à responsabilité. Si les femmes ne représentent qu’un tiers de l’ensemble de la main-d’oeuvre musulmane, elles dépassent en nombre les hommes musulmans dans les métiers de la santé. Selon le recensement, elles sont également plus nombreuses dans des domaines bien rémunérés comme le droit où leur présence a probablement augmenté au cours de ces dernières années.

Tandis que certaines musulmanes canadiennes sont motivées pour mettre en pratique leurs diplômes et leur formation, d’autres sont forcées de subvenir aux besoins de leur famille. Font partie de ce groupe, les femmes divorcées ou séparées. Celles-ci doivent travailler pour nourrir leurs enfants et leur donner un toit mais elles doivent aussi être disponibles pour le bien des leurs. Leur nombre n’est pas négligeable : au Canada, 10% des enfants musulmans vivent dans des familles monoparentales et, dans quatre familles sur cinq, le parent est la mère.

Tout comme les mères canadiennes, la plupart des mères musulmanes essayent d’établir un juste équilibre entre famille et travail et de renégocier la répartition des tâches au sein du foyer. Elles ne considèrent pas que porter la double casquette de femme au foyer et de soutien de famille s’oppose à leur religion et elles soutiennent que certaines des coutumes qui passent pour être des contraintes religieuses – comme les femmes cantonnées à leur rôle au sein du foyer – sont en fait le produit de conditions sociales réunies dans le passé et donc modulables selon les époques et les situations.

En partenariat avec le CGNews

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