Surnommée affectueusement « tante Wahida » par une communauté musulmane canadienne qui l’aimait autant qu’elle l’admirait, et se sent d’autant plus orpheline aujourd’hui, Wahida Chishti Valiante, cette grande dame de l’islam au pays de l’érable, s’en est allée.
Pionnière et visionnaire à la fois, c’est une femme remarquable, ardente défenseuse des droits humains et de ses coreligionnaires jusqu’à son dernier souffle, qui est décédée, le 26 octobre, à Toronto. C’est une voix musulmane engagée, puissante et vibrante, qui s’est tue à jamais, vendredi dernier, jour de grande prière collective, empreint de recueillement et de tristesse.
Née à Mirpur, dans la région du Azad Cachemire, Wahida Chischti Valiante a parcouru un long chemin sur la route sinueuse de l’existence, avant de creuser son sillon au Canada. Un chemin jalonné très tôt de souffrances, celles de la perte cruelle de ses deux parents et de l’éloignement de son Pakistan natal.
Celle qui allait s’imposer, avec intelligence, persévérance et abnégation, comme la plus inspirante des leaders communautaires canadiens, dut d’abord, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, se frayer une voie en territoire inconnu, dans une Angleterre où elle débarqua avec ses deux soeurs aînées et son frère. Après y avoir passé onze ans, elle épousa, à l’âge adulte, un Canadien musulman. Elle traversa alors l’océan pour s’installer sur sa nouvelle terre d’accueil hospitalière, et s’y forger un fabuleux destin.
Orpheline de père et de mère – son père était procureur au Jammu-et-Cachemire et sa mère professeure, spécialiste de l’islam – Wahida Chischti Valiante surmonta difficilement l’immense vide affectif causé par ce double deuil douloureux. Telles des petites graines que l’on sème, l’influence salutaire qu’exerça sur elle sa maman, en éveillant sa conscience, encore engourdie par l’enfance, sur l’antiracisme, les droits de l’homme et l’activisme social, fit germer en elle une passion pour l’engagement qui ne s’éteindra qu’à sa mort.
Source d’inspiration intarissable, la précurseuse Wahida Chischti Valiante n’est plus, mais elle laisse derrière elle de prodigieuses réalisations qui portent son empreinte indélébile. Son souvenir impérissable a marqué et marquera longtemps la communauté musulmane canadienne, qui la pleure aujourd’hui, toutes générations confondues.
« C’est si triste d’annoncer que la pionnière et visionnaire communautaire, Wahida Valiante, est revenue à notre Seigneur », a écrit sur Facebook Faisal Kutty, un avocat, écrivain et conférencier, soulignant avec émotion : « C’était à la fois une amie, une enseignante et un mentor pour beaucoup d’entre nous. J’ai eu de nombreuses occasions de travailler avec elle. Elle a toujours placé l’intérêt de la communauté en premier. Elle a toujours soutenu et encouragé toute initiative qui améliorait la société. »
Ses nombreuses réalisations :
- Membre fondatrice du Congrès islamique canadien (CIC), dont elle a été présidente et vice-présidente pendant 13 ans.
- Présidente nationale fondatrice du Mois de l’histoire islamique du Canada en 2007-2011.
- Reconnaissance à quatre reprises parmi les « 500 musulmans les plus influents du monde » par des universitaires en études islamiques de l’Université de Georgetown à Washington, DC.
- Reconnaissance parmi « 100 femmes musulmanes extraordinaires passées et présentes » par l’Initiative islamique des femmes pour la spiritualité et l’égalité (Femmes musulmanes WISE).
- L’une des premières dirigeantes d’une organisation musulmane nationale au Canada.
- L’une des seules voix féminines musulmanes visibles sur les questions musulmanes canadiennes après le 11 septembre.
- Contributions pionnières aux aspects académiques et appliqués du travail social dans la communauté musulmane canadienne.
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