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Les femmes voilées interdites de plage artificielle à Wissous, dans l’Essonne

On ignore jusqu’où va s’étendre la tyrannie de la neutralité religieuse dans l’espace public français, mais une chose est certaine, à Wissous, dans l’Essonne, elle s’est enlisée dans le sable artificiel de l’absurde après que le maire UMP se soit lui-même discrédité par un excès de zèle islamophobe.

C’est à Richard Trinquier, le premier magistrat de la bourgade de 5 000 âmes, connu pour son irascibilité, sa nostalgie de l’OAS, et sa proximité idéologique avec les thèses racistes du FN, que l’on doit d’avoir sorti du chapeau une nouvelle interdiction frappant les femmes voilées, où l’infâme le dispute à l’ubuesque.

Interdites de plage en raison de leur hijab ! Aussi éphémère soit la plage de Wissous, il y a de quoi rester interdites face à une telle mesure discriminatoire qui, elle, est appelée à durer, refoulant sans ménagement, le week-end dernier, deux femmes dont le seul crime était d’avoir la tête couverte. Monsieur le maire, l’élu de proximité par excellence, était d’ailleurs sur place pour veiller à ce que l’on fasse barrage à un voile qu’il ne saurait voir même sur une plage montée de toutes pièces, comme l’est la peur de l’islam dont il est l’un des artisans funestes.

Exhumant un bien sombre passé européen en atomisant les valeurs républicaines, on est fondé à s’interroger face à ce dévoiement caractérisé de la loi de 1905, pleinement assumé, mais aussi de la loi de mars 2004 contre le port des signes religieux ostentatoires sur laquelle s’appuie l’édile avec la même attitude décomplexée, en la réinterprétant à sa guise. Peu lui importe de transgresser allègrement l’esprit et la lettre de la loi qui, comme chacun sait, ne s’applique qu’en milieu scolaire, même si la circulaire Chatel, qui a franchi un nouveau palier en ostracisant les mères d’élèves voilées, est un encouragement à pousser le bouchon de l’arbitraire toujours plus loin… Et un Richard Trinquier n’avait assurément pas besoin de ce mauvais signal pour frapper un grand coup, l’été venu !

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Scandalisé, le collectif Al Madina, s’est insurgé contre l'iniquité de "ce règlement" qualifié de "discrimination religieuse à l'encontre tous les Wissoussiens", comme l’a clamé Abdelkrim Benkouhi sur les ondes d’Europe 1. "On nous a sorti la loi de 2004, celle de 2010 sur le voile intégral et un peu de laïcité. Mais ces lois n'interdisent pas les signes religieux dans les lieux publics, elles ne concernent que l'école et la burqa". En outre, "ceux qui en pâtissent, ce sont les enfants", a insisté ce dernier.

Du côté de l’opposition municipale, la décision du maire est jugée inacceptable, mais chacun s’accorde à dire qu’elle lui ressemble tellement : "Venant de Monsieur Trinquier, cet acte islamophobe n'est pas étonnant", a affirmé Régis Roy-Chevalier, maire PS sortant et conseiller municipal, dans Le Parisien. "Nous sommes dans la continuité des idées qu'il partage avec le Front national", a-t-il précisé.

Lundi soir, Richard Trinquier et ses adjoints ont rencontré le collectif Al Madina autour d’une table qui n’avait rien d’une table ronde, puisqu’au terme de ce dialogue de sourd, le maire, sans grande surprise, a campé sur sa conception liberticide et répressive de la laïcité, obligeant le collectif Al Madina à envisager une action en justice. "On va essayer de faire tout ce qu'on peut", a indiqué son président, en martelant : "Ce n'est pas un combat de l'islam, c'est un combat de liberté".

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