Il a beau avoir été l’un des adeptes de la première heure du slogan « Je suis Charlie », et aussi puissant soit-il à la tête du réseau social le plus tentaculaire au monde, Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a appris à ses dépens qu’être « Charlie » en Turquie n’est pas vraiment en odeur de sainteté…
Contrairement à la France, prétendument voltairienne, où la liberté sacralisée de rire de tout fait sauter toutes les digues, dont celle du respect à l’égard du sacré et en particulier du Prophète Muhammad (saws), de l’autre côté du Bosphore, son cynisme insondable s’est heurté en beauté aux limites fixées par la justice.
En effet, les dessins éminemment outrageants de Charlie Hebdo, qui ne déclenchent l’hilarité générale que dans nos contrées, là où le laïcisme est devenu religion d’Etat, ont contraint Mark Zuckerberg à ravaler ses certitudes et sa prétention à ne jamais céder devant aucune censure, d’où qu’elle vienne, en l’occurrence d’un tribunal d’Ankara.
Ainsi, celui-ci, redoutant de voir sa vaste agora virtuelle sombrer dans l’écran noir et ses quelque 40 millions de followers turcs, soit une énorme audience, lui échapper à tout jamais, s’est plié lundi à l’injonction de la justice de supprimer les pages jugées « offensantes » envers le grand homme de l’islam, au nom d’un pragmatisme très anglo-saxon qui l’a emporté sur la liberté de se gausser de tout à la française, surtout au détriment de l'islam et des musulmans…
En ces temps troublés, où l’on tente à nouveau de nous faire prendre des vessies islamophobes pour des lanternes satiriques, une petite piqûre de rappel s’impose : en 2009, le Conseil des Nations Unies a adopté une résolution, non contraignante, proposée par le Pakistan au nom de l'Organisation de la Coopération Islamique, condamnant la diffamation des religions et appelant au respect de toutes les croyances. Les esprits chagrins et « Charlie » auront certes beau jeu d’objecter la nature peu coercitive de cette résolution, elle aura eu, en tout cas, le mérite d’appeler à encadrer une liberté d’expression pernicieuse, qui impose au monde une pensée unique sous couvert de perpétuer la grande tradition satirique des Lumières.
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