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Les caricatures anti-islamiques dans les médias : une provocation et un appel à la haine calculés

Les publications décrivant le Prophète Muhammad comme un terroriste et un assassin sont évidement condamnables, sans la moindre équivoque. En réalité, elles n’appellent que le mépris, sans plus. Ce qui s’exprime ici manifeste un niveau de vulgarité injurieuse rarement atteint dans la diffamation, sauf peut-être dans la diabolisation du « juif du ghetto » ou du « financier juif » par cette grande presse européenne qui, à la veille de la seconde guerre mondiale, a préparé la banalisation de l’extermination des juifs. Durant cette période récente de barbarie déchaînée, comme aujourd’hui, des humanistes bien pensants nous auraient sans doute opposé la « liberté d’expression » et « d’ opinion ».

Ces provocations à répétition constituent une très dangereuse escalade dans la volonté d’humiliation des musulmans et d’agression contre leur culture. Elles émanent et se répandent dans les mêmes régions du monde qui, au nom de la supériorité intrinsèque de leur civilisation et de leur monopole sur l’universalisme ont « découvert » l’Amérique, inventé le colonialisme, le fascisme et le nazisme…Le ver est toujours dans le fruit… Il n’y a rien de religieux dans cette offensive, il s’agit comme toujours d’une provocation politique.

Ce qui est visé à cette occasion, c’est le musulman à problèmes : le migrant devenu obsolète, celui qui ose ne pas apprécier l’occupation effective ou programmée de son pays, celui qui proclame sa différence. Ces assauts contre les arabes et les musulmans ont plus sûrement à voir avec la légitimation de la guerre néo-coloniale du nouvel impérialisme mondialisé au Moyen Orient et en Asie de l’est. L’intention est claire : ces caricatures peuvent aussi bien suggérer un irakien, un iranien, un palestinien, une musulmane voilée, en attendant que la liste s’allonge aux jeunes des cités, aux sans-papiers ou aux crucifiés sur les barbelés de Ceuta et Melilla. Elles n’ont rien à voir avec la liberté de la presse et la défense de la sécularité.

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La colère exprimée par les classes populaires dans les villes du monde musulman et en Europe est bien plus la réponse spontanée du faible sans moyens confronté à l’arrogance, à la brutalité et au mépris de cet impérialisme, que l’expression d’un fanatisme religieux outragé. Ce ne sont pas les bigots hypocrites défenseurs autoproclamés de l’Islam et les régimes asservis à Washington qui utilisent l’événement pour se faire valoir, en plaçant le problème sur ce terrain, qui cacheront longtemps la réalité. La réaction de ces milieux, sur le registre de l’esthétique, de la fausse morale, de la théologie de bazar et des valeurs de supermarché est elle non seulement disproportionnée, mais aussi démagogique et déplacée. Il ne faut pas s’y tromper.

Il faut aussi prendre garde que dans la liste des cibles, la prochaine visée ne soit demain celle de l’européen non-musulman victime de l’impasse ultra-libérale et de sa répression de moins en moins déguisée.

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