Devant le mystère du mal, s’avouant vaincue d’avance, notre époque à renoncé à tenté de parfaire l’Etre. Elle se méfie des sirènes du Bien car l’histoire lui a appris que l’enfer terrestre était trop souvent pavé de bonnes intentions. Ce mois de ramadan 2005 arrive dans un contexte international marqué par le chaos Irakien, les atermoiements de l’Europe dans l’ouverture des négociations avec la Turquie musulmane, les crises et catastrophes diverses desquelles la main de l’homme n’est pas toujours innocente. Le contexte national lui est dominé par des inquiétudes de toutes sortes, nourries par une mauvaise conjoncture économique et sociale. La communauté musulmane vit quant à elle toujours aux heures de l’après 11 septembre ; montée de l’islamophobie, bouc émissairisation, suspicion généralisée qu’il ne faut surtout pas souligner au risque de se voir reprocher de jouer la partition de la victimisation.
A l’heure où les repères se troublent, ou l’on ne se retrouve plus dans les multiples déclinaisons en isme de l’islam ; des controverses sur l’origine du mal ; par delà les représentations exotiques d’une convivialité retrouvée autour de repas gargantuesques pris en famille, le mois de Ramadan est l’occasion de renouer avec le but premier et ultime de la spiritualité musulmane : la réforme de l’être et le perfectionnement de soi. L’Ethique est une nécessité impérieuse de l’islam. Celle-ci irrigue les rapports de l’individu et du groupe. Le monde n’étant que le reflet de la qualité des individus qui la compose, réformer l’individu améliore le vivre ensemble, et participe à la construction et au maintien d’un paix hélas toujours fragile. Le jeûne fut prescrit, comme le dit le verset, durant le mois de ramadan afin que l’on tente d’y atteindre la piété. Cette piété bienfaisante, nécessite effort et persévérance. Un effort d’éthique ancré dans le réel et dans l’instant, à l’épreuve de la quotidienneté. Faire le point avec soi. S’interroger sur ses buts et ses finalités. Questionner les motivations profondes de nos actions quotidiennes, démarche dont on ne prend même plus le temps, tellement la frénésie du monde moderne nous happe et nous plonge dans l’oubli de soi.
Ramadan est aussi l’occasion de rompre les rythmes quotidiens et de marquer faire une pause. Corriger ses menus défauts, pratiquer le jeûne de la langue, des yeux, des oreilles, des intentions. Se débarrasser d’une personnalité artificielle engendrée par les structures psychologiques d’une société faite de gain, d’avidité, et de compétition. Retrouver par la pratique d’exercices spirituels, un équilibre intérieur et une plus grande présence à soi. Ce mois, durant lequel fut révélé le Coran, est une invite à œuvrer au progrès spirituel de l’homme. Dimension délaissée par notre post-modernité, qui malgré ses immenses progrès en techniques et en richesses amassés, laisse la majorité des hommes dans la plus grande indigence.
Retrouver une plénitude de l’être par l’éveil de sa plus haute dimension.
Retrouver le sens de l’effort et de l’endurance. Endurer ses inconsistances, les gommer une à une. Endurer l’exigence vis-à-vis de soi à chaque instant. Endurer l’effort. Oser la hauteur. Endurer la hauteur.
Laisser les passions en jachères. Tenir la bride des désirs. Préférer la faim à la satiété. A l’heure ou les chantres désabusés du nihilisme et de la décrépitude prophétisent la fin de notre humanité et la possibilité d’une île, la pratique constante de l’effort sur soi est l’occasion de renouer avec la possibilité du bien. Ramadan nous y invite, par une éthique de la résistance à nos ombres.
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