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Le sommeil durant le Ramadan

Nous passons le tiers de notre vie à dormir, c’est bien connu. Priver un être du sommeil provoque des dérèglements physiologiques pouvant aller à l’extrême. Dormir, est donc aussi important que se nourrir ou respirer.Le sommeil est un processus complexe et très dépendant de la bonne synchronisation de « l’horloge interne ».Que se passe-t-il donc durant le Ramadan au niveau du sommeil ?

Voyons d’abord quel est le rôle du sommeil ?

Le sommeil a un rôle qui n’est pas encore parfaitement connu, cependant, on sait qu’il participe à des fonctions de « maintenance » et de « réparation » des organes :
Fonction de création d’énergie nécessaire à notre fonctionnement pendant la journée c’est le rôle du sommeil lent profond. Il a été démontré sur des animaux, que malgré une augmentation de la prise alimentaire, un rat privé chroniquement de sommeil finit par montrer des symptômes de dénutrition, jusqu’à en mourir.

Il semble jouer un rôle capital dans la régulation de la température.
Le sommeil participe, vraisemblablement au renforcement des défenses immunitaires de l’organisme.

Un bon sommeil signifie donc une meilleure protection contre les infections.
Le sommeil paradoxal est indispensable à l’apprentissage, la mémorisation, l’équilibre psychologique. Un individu privé de sommeil paradoxal risque par ailleurs de souffrir de troubles de l’humeur de type dépressif. Par ailleurs, le sommeil a bien sûr un rôle dans le maintien de la vigilance pendant la journée. Plus on avance dans la journée, plus il est difficile de maintenir sa vigilance et son attention.

Qu’est ce que « l’horloge interne » et quelles sont les phases du sommeil ?

L’horloge interne a été individualisée dans une zone de l’hypothalamus (dans le cerveau). Elle « dirige » l’organisation du rythme jour/nuit (appelé rythme circadien), autrement dit : du sommeil et de l’état d’éveil.

Cette horloge biologique interne, commande également de nombreux rythmes physiologiques, dont celui de la température interne et biologiques tel que l’hormone de croissance, le cortisol, etc…. Autant de fonctions indispensables et nécessaires à la vie.
Il semble que 2 types de facteurs interviennent pour la synchroniser sur 24 heures : les facteurs sociaux et la lumière.

Exemple :
La lumière : Ouvrir les volets lors du réveil va participer à l’accélération de l’état d’éveil afin « d’émerger » du sommeil.
Les facteurs sociaux : Un enfant qui pleure à la même heure, un train à prendre, le réveil pour le sohour (ou repas l’aube).

En effet, le levé pour le sohour va rythmer notre réveil durant 30 jours. Au début du mois de Ramadan il sera difficile de se réveiller, car l’horloge interne était « réglée » sur un autre rythme. Les jours de jeûne passant, notre volonté et notre motivation de ne pas rater le repas de l’aube s’affirme, (certains diront et la salâte aussi, bien évidemment, sauf que l’heure de la salâte est plus tardive que le réveil pour le repas). L’horloge interne se plie à notre volonté et se dérègle, elle va se « caler » au nouveau rythme que nous lui imposons.

Allons plus loin et voyons quelles sont les composants du sommeil ?

Une nuit de sommeil s’organise en quatre à cinq cycles de sommeil. Ces cycles débutent par du sommeil lent avec plusieurs stades (4 stades : du stade léger au stade profond) et se terminant par du sommeil paradoxal. Chaque cycle dure à peu près 90 minutes, pour faire une bonne nuit de sommeil réparateur il nous faudrait à peu près 7h30 (plus ou moins selon l’horloge de chacun).

1- Le sommeil lent est le plus réparateur, surtout les phases 3 et 4, c’est-à-dire le sommeil lent moyennement profond et profond, c’est le moment où il est le plus difficile de réveiller le dormeur, c’est aussi le moment de somnambulisme et de cauchemar nocturne chez les enfants. Il constitue 50% du sommeil chez l’adulte. Le sommeil lent profond est plus prononcé au début de la nuit ce qui explique que dormir tôt soit plus réparateur que le sommeil de milieu de nuit.

2- Le sommeil paradoxal est un sommeil qui au niveau électro-physiologique se distingue totalement du sommeil lent, c’est pendant ce sommeil que nous faisons certaines associations surprenantes. Ce sommeil est plus important en fin de nuit.
La notion de cycles de sommeil est capitale, c’est la succession du sommeil lent et paradoxal qui apportera le repos et la « recharge de batterie » dont nous avons besoin tous les jours.
Et c’est bien cette interruption des cycles qui nous épuise en un mois de Ramadan européen et estival.

Il faut savoir également qu’il y a un deuxième pic de somnolence naturelle, qui survient vers 14h et 16 h.

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Il n’est pas du à la digestion ou à la chaleur puisqu’on le retrouve chez les personnes habitant dans les contrée froide voire gelées. C’est le fameux « coup de barre » du début voir du milieu de l’après-midi, c’est l’autre pic de sommeil qui est beaucoup moins fort que celui du soir.
Dans un monde meilleur, nous devrions tous faire une sieste de 15 à 20 min au moment où cette « fatigue » physiologique et naturelle se ressent. Plusieurs récits montrent que notre bien-aimé prophète muhammad (PBsL) faisait des siestes (Qailoulah), c’était une pratique courante à cette époque.

On gagnerait en productivité et notre santé s’en trouverait mieux même en dehors de Ramadan.Des entreprises intelligentes l’ont déjà compris et ont mis en place des salles de repos où le salarié peut prendre quelques minutes de vraie pause. Cette sieste est fondamentale pour une meilleure productivité lors de l’après-midi. Un salarié qui s’est isolé et reposé, est forcément plus productif qu’un salarié qui fait semblant de travailler les yeux ouvert sur son ordinateur alors que son esprit est en léthargie totale.

Lorsque notre vie est régulière, tous les rythmes sont harmonieusement synchronisés : on dit qu’il y a synchronisation des rythmes biologiques.
Lorsque les horaires sont décalés, (comme lors du passage à l’horaire d’hiver ou d’été, ou pendant le mois de Ramadan), tous les rythmes circadiens ne vont pas s’adapter à la même vitesse au nouvel horaire, ils sont alors désynchronisés les uns par rapport aux autres : il y a désynchronisation.

Cette désynchronisation se traduit par un état de malaise qui perturbe la qualité de la vigilance , du sommeil et la qualité de vie.

Durant le Ramadan, les personnes exerçant des métiers en hauteur (risque de chute), des métiers où on manipule des outils et des engins à haute précision, doivent être particulièrement vigilants aux problèmes liés à l’altération du rythme veille/sommeil.
L’influence des activités sociales, le fait d’avoir une montre interne réglée sur 24 heures, les habitudes et rythmes alimentaires ainsi que le travail jouent leur rôle respectif dans l’harmonie du rythme veille/sommeil.

C’est exactement ça qui va nous éprouver pendant le mois de Ramadan, le changement du rythme alimentaire et la désynchronisation du rythme veille/sommeil.
De plus, nos horloges ne sont pas identiques entre elles. Il y a des variations individuelles qui sont probablement d’origine génétique.

En conclusion :

Plusieurs questions se posent et se poseront pendant les Ramadan des 10 prochaines années Inchallah. Les Taraouih (prière non rituelle instaurée par le 2ème Khalif, Omar Ibn Alkhtab lors de son Khalifa), que j’aime faire à la mosquée avec famille et amis me sont chers ; comment puis-je ne pas les rater tout en gardant la même productivité au travail, est-ce possible ?

Qu’en est –il des heures de sommeils perdus ?

Notre corps va nous les réclamer, le coup de barre sera plus marqué et le sommeil plus lourd au moment de la sieste. Mais alors, le travail n’attend pas, mon patron n’est pas musulman, il n’aménage pas les heures de travail en fonction du mois de Ramadan et ne m’engage pas pour dormir l’après-midi. Le raccourcissement des nuits nous imposera-t-il une autre façon de prendre nos vacances et mieux profiter de la particularité de ce mois ? Devrons-nous choisir entre les Taraouihs et le Qiyam laïl où quelques Rakâates avant l’aube valent beaucoup de hassanates ? . Autant de questions qui restent ouvertes aux réponses des savants musulmans, des scientifiques et surtout des usagers du mois de Ramadan.

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