Les relations ne sont plus au beau fixe entre le Brésil et Israël, et c'est un euphémisme, preuve en est le rappel de l’ambassadeur brésilien en poste à Tel Aviv qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel israélien où s’amoncellent les nuages rouge sang des crimes de guerre.
Dilma Rousseff, la présidente du géant d’Amérique Latine, n’est pas une adepte de l’aplaventrisme devant l’Etat Hébreu et ne cherche nullement à rivaliser avec la France ou les Etats-Unis qui excellent dans l’art de faire des œillades à Netanyahou, tout en fermant les yeux sur les atrocités commises par son armée. Au contraire, celle-ci a frappé un grand coup en se démarquant de cette complicité indigne, n’écoutant que ce que lui dictait son cœur révulsé par le massacre de civils palestiniens et le décor apocalyptique qu’est devenue Gaza.
"L’ usage disproportionné de la force par Israël dans la bande de Gaza, qui a entraîné la mort d'un grand nombre de victimes civiles, dont des femmes et des enfants", voici ce qui a motivé la décision officielle de faire rentrer au bercail l’ambassadeur brésilien, tandis que le ministère brésilien des affaires étrangères soulignait qu’au regard de "la gravité de la situation, le gouvernement brésilien a voté pour la résolution du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies sur la tenue d’une enquête sur l'offensive israélienne".
Le courroux israélien n’aura pas tardé à tonner avec une rage qui a envoyé valser la traditionnelle langue de bois diplomatique, qui aurait été pourtant de bon aloi en pareilles circonstances, à travers Yigal Palmor, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Ce dernier, furibond, s’est d’abord dit "déçu" de la décision prise par le Brésil, estimant que "Ces mesures ne contribuent pas à promouvoir le calme et la stabilité dans la région. Elles fournissent plutôt un vent favorable au terrorisme, et, naturellement, affectent la capacité du Brésil à exercer une influence".
Mais chassez le naturel, il revient au galop… Ne contenant plus sa fureur, Yigal Palmor a été repris par un bellicisme qui est la seconde nature de son gouvernement ultra-sioniste, dégoupillant des propos mortifiants comme des grenades explosives, et peu importe les conséquences ! Le sentiment d’impunité d’Israël atteint des sommets d’abjection.
Sonnant la charge dans le Jerusalem Post Report et The Jornal Nacional Tv, la voix de son maître israélien a provoqué un tollé dans la presse brésilienne en traitant le Brésil de "nain économique". Non content de son petit effet désastreux, Yigal Palmor en a rajouté une couche en osant établir un parallèle de très mauvais goût, comme seuls l’arrogance et le cynisme israéliens en sont capables, entre la défaite cuisante du Seleçao au Mondial (7 à 1 contre l’Allemagne) et l’indignation de Dilma Rousseff contre l’offensive meurtrière à Gaza : "Quand on perd dans un match de football 7-1, on peut parler de disproportion mais pas dans la vie réelle et sous les lois internationales", a-t-il lancé.
Dans une réponse du berger à la bergère, mais restant dans les usages diplomatiques que la colère israélienne a fait voler en éclats, le ministre des affaires étrangères brésilien, Luiz Alberto Figueiredo, a rétorqué sur CBN Radio :"Nous sommes l’un des seuls 11 pays qui ont des relations diplomatiques avec tous les pays membres des nations unies, et notre militantisme pour la paix et la stabilité dans le monde ne date pas d’aujourd’hui. S’il y a des nains en diplomatie, le Brésil n'en fait sûrement pas partie".
De son côté la presse brésilienne, outrée, n’a pas usé de périphrases pour moucher Israël, à l’instar de Mauro Santayana dont l’éditorial au vitriol « Des aveugles et des nains », riche en métaphores cinglantes, a éreinté un Etat "aveugle", dont "la cécité causera la perte". Le Brésil, écrit-il, n’a pas de "de leçon à recevoir d’un pays comme Israël". Mais, persifle-t-il, "dans notre condition de ‘nains non pertinents’, nous pourrions apprendre du gouvernement israélien, dans le domaine de la diplomatie, comment nous isoler de tous les peuples de notre région. Aveuglé par la colère et les préjugés et la haine viscérale de nos voisins, on devrait apprendre comment détruire ou occuper leurs maisons, comment les bombarder, comment blesser leurs parents et grands-parents, comment tuer et mutiler leurs mères et épouses, et comment exploser les têtes de leurs enfants", a-t-il poursuivi de plus belle, avant d'enfoncer le clou en beauté : c'est là tout le "savoir-faire d'Israël".
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