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L’Arabie Saoudite ne veut plus être la vache à lait de l’Égypte

Les dirigeants saoudiens sont mécontents et l’ont fait savoir au président égyptien Sissi. Les Saoudiens accusent les militaires égyptiens de gaspiller les subventions qu’ils leur ont accordées. Ces dernières années, le régime séoudien avait montré la même irritation à l’égard des sunnites libanais qu’il subventionnait alors largement, mais souvent à perte. Ryad en voulait notamment à Saad Hariri, longtemps le chef de cette communauté, d’avoir dilapidé les fonds mis à sa disposition pour gérer ses entreprises. Un véritable bras de fer avait eu lieu entre MBS, le prince héritier séoudien, et le leader sunnite. 

Il semble que Le Caire ait été surpris par la demande de Riyad de payer d’anciennes dettes dues par l’Égypte à la compagnie pétrolière Saudi Aramco. C’est que les dons de pétrole effectués il y a cinq ans n’étaient pas des dons comme les Egyptiens l’avaient cru. L’universitaire et écrivain saoudien Khaled Al-Dakhil a également critiqué la domination de l’armée égyptienne sur l’économie « depuis 1952 ».

Autant de signaux qui montrent qu’une forte tension politique existe entre les deux pays. Le malaise est apparu peu après que l’invasion de l’Ukraine par la Russie ait eu des conséquences économiques catastrophiques pour le budget égyptien. La montée des prix des produits de base (pain, essence…) a obligé le gouvernement égyptien a subventionner plus encore la consommation et donc à recourir à l’aide internationale, notamment celle des pays du Golfe.

90 milliards de dollars d’aides

Selon la Banque centrale d’Égypte en 2019, l’Arabie saoudite et les États du Golfe ont fourni au régime égyptien plus de 90 milliards de dollars depuis que l’armée a pris le pouvoir à l’été 2013. Le président égyptien Abdel-Fattah Al-Sisi s’est vanté à plusieurs reprises de « l’aide généreuse » du Golfe à son régime et de l’impact de l’aide sur l’Égypte, « qui se serait effondrée sans elle ».

Début janvier 2023, quand le Fonds monétaire international (FMI) a appelé les pays du Golfe à tenir leurs « promesses d’investissement » envers l’Égypte – ce qui signifiait qu’il fallait aider l’Egypte à payer ses dettes – les Saoudiens et les Koweïtis sont restés silencieux.

L’Arabie saoudite et le Koweït étaient absents du sommet organisé par les Émirats arabes unis le 19 janvier, au cours duquel le président Sissi a rencontré l’émir du Qatar, le roi de Bahreïn, le sultan d’Oman et le roi de Jordanie pour discuter d’une éventuelle aide économique à son pays. Quelques heures plus tôt, le ministre saoudien des Finances, Mohammed Al-Jadaan, a déclaré au forum économique de Davos que son pays refusait de verser plus d’aide ou de subventions financières à ses « alliés » sans que ces pays ne procèdent à des réformes économiques.

La dureté des tensions entre l’Arabie Saoudite et le Koweit d’un côté et l’Egypte de l’autre est apparue quand les seconds couteaux ont pris la parole.

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Ainsi, le secrétaire de l’Assemblée nationale koweïtienne, Osama Al-Shaheen, a affirmé que « le Koweït méritait une meilleure utilisation de son argent ».

En Arabie saoudite, deux écrivains et universitaires connus pour leurs liens étroits avec la famille royale, Turki Al-Hamad et Khaled Al-Dakhil, se sont également exprimé sur l’aide financière à l’Egypte.  Al-Hamad a regretté la mainmise de l’armée sur l’économie égyptienne.

Dans une série de tweets, l’universitaire saoudien a souligné qu’en Égypte, « tous les projets passent désormais par des institutions contrôlées par les forces armées et profitent à des personnes influentes en leur sein, au détriment du secteur privé et des institutions de la société civile ». Il a ajouté que la bureaucratie égyptienne est une gérontocratie qui résiste au changement et constitue une pierre d’achoppement pour des investissements économiques réussis, qu’ils soient internes ou externes.

Al-Hamad a été plus loin encore : il a affirmé qu’existait en Egypte une culture de soumission où tout le monde attend que tout vienne d’en haut avec une absence presque totale d’initiative individuelle ou communautaire.

Mondafrique 

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2 commentaires

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  1. Avant de demander des idés par ci par là, l’Egypte devrait se rendre compte de l’évolution délirante de sa démographie.
    Avec un augmentation de sa population de 1600.000 personnes par an, au milieu d’un désert, car la vallée du Nil n’est qu’un étroit corridor qui nourrissait jadis une population “raisonnable”, l’Egypte achète du blé où elle le peut, faute de plus en produire suffisamment.
    Il n’y a que très peu d’industrie, de moyens de s’en sortir.

    Et trop d’enfants. Les enfants, il faut savoir les élever. Pas les montrer avec fierté…

  2. Oui enfin, l’Arabie et ses voisins ont approuvé, aplaudi le coup d’état en 2013. Ce coup d’état devait forcément plonger l’égypte ou dans le cahos ou dans le défaitisme ou les deux. Défaitisme signifie soumission, attendre que tout vienne d’en haut, drôle de leçons, comme si un coup d’état militaire allait libérer les initiatives. Le hizb Ennour, parti politique de référence salafi, soutenu en ce temps-là par l’
    Arabie a eu une conduite sournoise et ondoyante, mais finalement il s’est démasqué en aplaudissant le coup d’état. J’ignore si ce parti existe encore ou si perdant en intérêt, il fut dissout, en tout cas, l’un de ces référents, le cheikh Mohammed Raslan, très anti-démocratique a dû quitter l’égypte, sa docilité elle-même gênait le nouveau gouvernement. Il s’en est allé se réfugier, en Turquie, pays qu’il honnissait, qui l’eut cru?

    J’ai du mal à plaindre le peuple d’égypte, il a fait peu de choses pour défendre sa liberté, son raïs élu, au contraire, il a beaucoup manifesté dans ces marches dites anti-Morsi, et maintenant, il ne manifeste plus du tout, du tout. Son suivisme et conformisme, sa peur de la nouveauté l’a condamné à la tyrannie sanglante.

    Croissant de lune.

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