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La portée des lois Divines

L’étude des circonstances dans lesquelles les lois divines ont été révélées dégage une progression pédagogique qui entraîne l’adhésion définitive de l’individu. Nous citerons deux cas assez significatifs. Il s’agit de la fixation de la kibla et de l’interdiction du vin.
Dans le premier cas, la fixation de l’endroit vers lequel on se tourne dans la prière n’a eu lieu qu’à Medine, plusieurs années après l’instaurations de la prière. Le choix de la Kaâba comporte différentes significations, dont celui de la nécessité de reconquérir ce lieu béni de Dieu.
Les circonstances de ce changement ont beaucoup influé sur l’adhésion des musulmans.
Dans l’interdiction du vin, la progression pédagogique est encore plus éclatante. Après avoir décrit le plaisir que procure le vin dans les versets mekkois, le Coran, dans les versets médinois, interdit de faire la prière en état d’ébriété dans une première étape ; ensuite, il insiste sur les méfaits du vin ; finalement, il l’interdit définitivement ; chaque étape correspond à des circonstances particulières.
Cette pédagogie est soulignée par tous les exégètes du Coran. Elle est comprise et admise par tous les fouqahas. Mais elle n’est saisie pleinement que dans les cas bien définis et qui rentrent généralement dans la théorie de l’abrogeant et de l’abrogé (an-nâsikh wal-mansukh) alors qu’elle est sous-tendue dans plusieurs cas qui ont échappé à la sagacité des fouqahas et qui ont été traités par la suite d’une façon régressive, contrairement à l’esprit du Coran. Nous citerons deux cas : celui de l’esclavage et celui de la femme.
Dans le premier cas plusieurs versets du Coran parlent de l’affranchissement de l’esclave. Naturellement, cet affranchissement est lié à l’absolution de certains péchés, comme la rupture volontaire du jeûne pendant le Ramadhan.
La répétition fréquente de ces versets n’a pas incité les fouqahas à saisir l’analogie entre cette répétition et la progression qui a caractérisé l’instauration de certaines lois. La signification logique de cette répétition est que l’état d’esclavage est une condition inhumaine, puisque l’affranchissement qui est son contraire absout un péché. La portée de cette pédagogie n’a pas été malheureusement comprise par les Musulmans, et la société musulmane a consolidé la pratique de l’esclavage alors que le Coran incitait à son abolition, aujourd’hui chose faite de par le monde.
Quant au deuxième cas, celui de la femme, qui continue à être traitée par certains musulmans comme à l’époque de la djahilia, enterrée notamment entre quatre murs d’une maison .
Pourtant, tout dans le Coran tend à redonner à la femme toute l’humanité dont elle a été dépouillée pendant les siècles précédents y compris ceux des grandes civilisations, hellénique ou romaine.
Toute une Sora dans le Coran porte l’intitulé de An-Nissâ (les femmes). La portée de cette insistance, qui est une autre forme de la pédagogie progressive du Coran, n’a pas été saisie par les fouqahas, et la société musulmane n’a fait que régresser dans son comportement vis-à-vis de la femme, au lieu de la considérer comme un être humain, tout comme l’homme, et tel que le veut le Coran.

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