Quand religion et politique sont liées par des intrications opaques, dans une pseudo entente cordiale exhalant les effluves de lâches compromissions qui polluent le ciel des simples croyants, cela confine inéluctablement au désastre, à l’image de la mosquée de Drancy.
Catalyseur de toutes les dérives qui bafouent allègrement les droits de la République et des citoyens français de confession musulmane, arbre qui cache la forêt d’une réalité hexagonale, où l’Etat s’invite à l’intérieur du culte musulman sans vergogne, lieu de culte transformé en bastion politique, la mosquée de Drancy voit sa sérénité sacrifiée sur l’autel de l’ambition de son imam, Hassan Chalghoumi, et d’une certaine idée de l’islam de France, de préférence mis sous tutelle.
A l’heure où les politiques se font les chantres d’un islam d’une nouvelle génération, inspiré par la méritocratie à la française, dont la bonne parole serait prêchée dans la langue de Molière par des imams du cru, formés sur le territoire national, à quoi assiste-t-on atterrés et perplexes ? A un grandiose paradoxe bien de chez nous, qui prend l’exact contre-pied du refrain psalmodié en choeur, telle une antienne résonnant de belles fausses promesses !
Ainsi, Hassen Chalghoumi, loin d’être le pur produit de la grande école des imams de France louée devant tous, est un tunisien qui a fait escale en France en 1996, fort d’une connaissance de l’islam acquise en Syrie et au Pakistan, avant de prendre ses quartiers à Drancy et de connaître une ascension médiatico-politique ébouriffante, terriblement dans l’air du temps…
Comble de l’ironie, si sa maîtrise du français est loin de rivaliser avec sa faculté d’allégeance, cette icône d’un islam néocolonial suranné, pourtant toujours très tendance dans les hautes sphères du pouvoir, s’avère être l’archétype même de l’imam que la République ne saurait voir, mais que, drapée dans ses contradictions criantes, elle promeut au zénith en récompense d’une soumission facilement monnayée.
Alors que la laïcité est le seul cri de ralliement qui fédère comme un seul homme nos élites bien-pensantes, la gestion Sarkozyste du pays n’est pas à une antinomie près, et encore moins à une ingérence près, dès lors qu’il s’agit de la deuxième religion de France…
Quel est celui de nos concitoyens, dont le culte voué à la séparation de l’Eglise et de l’Etat frise souvent l’anticléricalisme primaire, qui accepterait que le maire d’une ville, d’une banlieue nomme le curé de l’église, voire le rabbin de la synagogue ?
Pourquoi la loi de 1905, appliquée à la lettre aux deux autres religions monothéistes, est foulée aux pieds quand l’islam est en question ? Pourquoi ce qui est légal pour les uns, devient anomalie pour l’éternel outsider musulman ?
Au-delà du cas Chalghoumi, qui a reçu les honneurs du saint des saints Elyséen au prix d’un cuisant désaveu populaire fustigeant son excès de docilité à l’égard du CRIF et sa posture très conciliante à l’égard du jusqu’au-boutisme israélien, l’affaire de la mosquée de Drancy fait éclater au grand jour le deux poids deux mesures prévalant illégalement dans la gestion de l’islam de France.
Les citoyens français de confession musulmane sont majeurs et vaccinés depuis belle lurette, et n’ont plus à être considérés comme des citoyens de seconde zone, aisément manipulables aussi longtemps qu’on leur fait miroiter des promotions mirifiques, pâle reflet d’un vulgaire miroir aux alouettes.
La mosquée de Drancy inaugure un nouveau chapitre dans cette exception française qui, outre le fait qu’elle participe de la marginalisation de l’islam, exacerbe un profond ressentiment parmi l’immense majorité silencieuse des fidèles, dont la seule aspiration, à mille lieues des dorures et des fastes des palais de la République, est de vivre paisiblement leur foi dans le respect et la confiance mutuels, au cœur de la France éclairée des Lumières.
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